Le petit poisson ne leur fut d’une aide que minime, il râla. Il aurait aimé qu’il puisse répondre à plus de leurs questions, qu’il connaisse carrément le bonhomme qu’ils recherchaient ! Mais il semblait presque tout aussi perdu qu’eux, et sa seule solution pour les guider fut de leur indiquer le chemin d’une taverne. Et ils y allèrent. Se Yun en fut un peu réticent, il ne savait pas ce qui les attendait à l’intérieur, et peut être était-ce encore un piège. Il avait déjà perdu la pointe de ses belles moustaches, il n’avait déjà pas de queue ni d’oreille, il se demandait si, à la fin de leur aventure, il aurait encore ses deux yeux et ses quatre pattes. Il passa d’abord sa petite tête par la porte, mais finit par suivre Hera qui s’y était lancé sans même vérifier qu’ils ne courraient aucun danger. C’était calme, et cela n’en fut, pour le jeune homme, que plus inquiétant encore. Un crabe se mit à leur parler, et il eut la furieuse envie de le manger. Il n’aimait pas sa tête, ça c’était sûr, et ses babines se retroussèrent d’elles-mêmes quelques secondes. Hera lui expliqua leur problème, et à côté, il se contenta d’acquiescer à chacune de ses paroles pour montrer qu’il était d’accord. Mais l’odieux malotru l’interrompit, et se mit à leur expliquer les règles d’un jeu qui lui sembla stupide. Mais ils furent obligés de l’accepter. Il vit la roue tourner, et pria pour tomber sur la bonne couleur. Il pria très fort, et très fort, et… ils tombèrent sur le bleu ! Un petit jappement de joie s’échappa de sa gueule, alors qu’il se mit à sautiller gaiment sur ses pattes. Ils avaient droit à leur question mais… il fallait poser la bonne. S’ils se trompaient, ils allaient se retrouver à nouveau coincés. Il se mit à réfléchir, il fallait trouver les bons mots. Il était persuadé que ce crabe était une sorte de vicieux qui jouait sur les mots, et qu’une simple nuance de sens allait les faire se perdre dans le ventre de l’immense créature qui semblait avaler le monde entier.
« est-ce que vous savez où se trouve l’ami que le requin dans lequel on se trouve à avaler ? » il demanda, parlant lentement pour être sûr d’avoir bien prononcé tous ses mots, et de ne pas s’être trompé dans le sens de sa phrase. Oh, il n’avait jamais autant prié de sa vie, c’était sûr. Il serrait les dents, anxieux, et le crabe semblait prendre tout son temps pour leur répondre.
« bien sûr que je le sais ! » répondit-il, sans rien ajouté… Oh.. Non… Il avait oublié de préciser qu’il devait le leur indiquer. Oh… Merde… Comment allaient-ils faire. Il blanchit rapidement, et commença à suer à cause de l’angoisse qui régna dans son corps. Il avait merdé, ils allaient se retrouver pour l’éternité à chercher dans ce mini-univers. Mais, à sa grande surprise, le crabe continua « il est ici-même, vous ne le voyez pas ? » Et puis le crabe se rendit compte de son erreur, du fait qu’il avait répondu à une question qui n’avait même pas été posée. Mais Se Yun avait déjà arrêté de se préoccuper de lui, plus concerné à trouver où était ce fichu ami que l’énorme requin avait englouti.
« et c’est lequel ? » il demanda, peut-être qu’il allait continuer de répondre. Mais le crabe fit un signe de la pince pour montrer qu’il avait la bouche cousue, et le renard souffla. Il se tourna vers Hera, et la regarda. « il faut trouver lequel c’est maintenant. Il est ici, on peut pas le louper... faudrait peut-être barricader la porte pour que personne ne sorte ? »

Pour une fois, ils avaient une de la chance. Quoique dans leur malencontreuse aventures, malgré quelques déboires, les deux renards avaient échappé au pire plus d’une fois. La roue s’arrêta sur la couleur bleue mais ils ne détenaient pas encore la réponse pour autant. Assurément, face à une telle situation, le piège consisterait à la jouer subtil dans la formulation de la question. Sauf que… Pourquoi était-ce Seyun qui avait pris la parole quand il fallait la jouer fine ? Hera se facepalma de la patte, se mettant un coussinet dans l’oeil par la même occasion, lorsqu’elle entendit et la question, et la réponse. Et voilà ! Ils étaient pinés ! Lueur d’espoir ou nouvelle étincelle de chance, le crabe ne semblait guère plus futé que son interlocuteur car, trop fier de se rire d’eux, il se rependit un peu trop en paroles.
« Merci pour l’info, » railla-t-elle, esquissant un sourire carnassier au crabe.
Et s’ils se faisaient un petit plateau de fruit de mer pour la pause déjeuner ? Mais Seyun cherchait déjà le fameux ami dans la salle. Les babines de la renarde s’étirèrent légèrement encore un peu plus avant de se détourner du crabe, ce n’était que partie remise. Ses iris balayèrent la salle à leur tour. Difficile de deviner qui pouvait être l’ami recherché. Et pourquoi ne se manifestait-il pas ce c*n ? Ils étaient là pour l’aider après tout !

Hera hocha de la tête lorsque Seyun proposa de barricader la porte.
« Vas t’y poster ! »
Puis, elle ajouta se doutant pertinemment qu’il refuserait d’obtempérer à l’un de ses ordres :
« Tu es le plus fort de nous deux pour réussir à faire barrage si certains tentaient de forcer le passage. »
Tandis que son acolyte partit à son poste, la renarde commença à rôder, attentive à travers la salle. Quand soudainement, elle chopa un poisson au hasard qu’elle prit en otage, le menaçant de lui trancher la gorge de sa griffe aiguisée.
« Eh ! L’ami ! Y a ton copain la grosse bouffe qui t’a avalé tout cru – du moins, je l’espère pour toi –, qui nous a envoyé te chercher, alors montre-toi sinon on se fait une brochette de poissons pour le goûter ! »
Le silence dans la salle, puis un bruit de chasse d’eau se fit entendre dans le fond. Le claquement des portes battantes digne d’un saloon dans un bon vieux western, et une requinette mal fagotée, la peau du vide bien tendue qui revint en fredonnant et se stoppa en voyant la scène figée dans le bar.
« J’ai rien fait ! C’est pas moi ! J’ai un alibi, j’faisais caca ! »
Instinctivement, elle leva les mains en l’air. Puis, soudainement fit une roulade avant, la joua en mode spy girl, attrapa un poisson scie qu’elle brandit tantôt en direction de l’un des renards, tantôt en direction de l’autre :
« Libérez les poissons ! Ou sinon… Ou sinon… Libérez les poissons, c’est la collection de mon copain Jungshwark ! »
Il semblerait qu’ils aient trouvé la fameuse amie…

Il n’avait pas trop envie d’exécuter l’ordre qu’elle venait de lui donner, mais son argumentaire semblait raisonnable. Ce fut alors à contrecœur qu’il alla se poster près de la porte, faisant le grand vigil, gonflant la poitrine pour se donner plus d’importance. Il regardait toutes les personnes autour de lui avec un regard menaçant qui signifiait qu’il allait leur casser les jambes s’ils osaient approcher, alors qu’il était simplement en train de chocotter, ne sachant pas s’il saurait les retenir s’ils venaient tous en masse vers lui. Il restait aux aguets, observant tout de même du coin de l’œil la scène que Hera avait créé. Elle avait entre ses pattes un petit poisson, et menaça les clients qui semblaient ne pas avoir bien peu de la petite renarde. Se Yun retroussa les babines, mécontent que personne ne parle. Il en avait assez de ces missions qui duraient il lui semblait des journées entières, il fallait que quelqu’un parle, et tout de suite.
Il ne comprit pas trop ce qu’il se passa ensuite, les événements s’enchaînèrent bien trop rapidement sous ses yeux alors que quelques personnes effrayées avaient tenté de se frayer un chemin vers la porte qu’il occupait. Il les avait retenus, et n’avait perçu que Hera en train d’attaquer ce qu’il semblait être un requin au féminin. Elle voulait qu’il libère les poissons qu’ils avaient pris en otage mais… « et pourquoi on ferait ça, d’abord ? » demanda-t-il, une moue perplexe sur son visage animal. Les poissons étaient un bon moyen de pression sur elle. « on fait un marché » commença-t-il, ne s’éloignant pas de la porte, mais arborant un air de plus en plus menaçant dans l’espoir de l’impressionner et de causer chez elle une peur qui ferait qu’elle ne saurait refuser son offre. « si tu acceptes de nous suivre jusqu’à la sortie de ton ami, on laisse tous les autres tranquilles. il te cherche le coco. » dit-il avec conviction. Il attendait sa réponse, anxieux. Qu’allait-t-elle décider, allait-elle les suivre tranquillement, ou faudrait-il l’assommer ?

Ils venaient la sauver et la requinette brandissait son poisson-scie comme une épée contre eux. N’était-ce vraiment pas le monde à l’envers ? Ah non… C’était bien pire que ça. Hera leva les yeux au plafond, lâcha son otage pour attraper le comparse poisson-scie du premier qu’elle dégaina en réponse à la provocation en duel. Après tout Jungshwark avait demandé de sortir son amie de là, il n’avait pas précisé dans quel état ! Et puisque tout le monde semblait aimer jouer sur les mots ici, ils n’allaient pas s’en priver non plus ! Marre que des règles aussi floues qu’instables régissent cette aventure abracadabrante ! Pour le coup, eux aussi, ils allaient dicter leurs propres règles ! Renarde et requine s’affrontait alors dans un combat acharné au poisson épée. Puis, avant d’être submergé par la poussée des poissons apeurés, Se Yun proposa un deal. La requin se stoppa nette.
« Vous êtes venus me chercher à la demande de Shwarkie ? »
Azy ! Mais elle avait donc rien écouté depuis le début ? Profitant de cet instant d’inattention, Hera pointa sa « lame » sous sa gorge afin qu’elle ne tente plus de leur échapper. Cependant la requin lui assura aussitôt que c’était inutile, qu’évidemment elle allait les suivre pour mettre un coup de nageoire au derrière de son pataud d’ami qui l’avait avalé par inadvertance.

Tous trois purent donc quitter l’étrange établissement et se diriger enfin vers la sortie. Sauf que :
« C’est par où la sortie ? » leur demanda la requin, toute excitée.
Bonne question… Et dans cet univers insensé, les renards semblaient ne pouvoir compter que sur les flairs. Mais dans quelle direction chercher ? Vers l’avant ou vers… l’arrière ? Hera déglutit. Le problème était, s’il essayait de sortir par la bouche, comment pourraient-ils remontés l’infâme toboggan visqueux et collant qu’ils avaient dévalés ? Ne sachant guère à l’avance où leur sens de l’orientation les mènerait, les renards suivirent donc leurs instincts qui pour une fois – encore ? – semblaient à peu près d’accord. Ils finirent par s’engager tous trois dans une sorte de sombre tunnel au bout duquel, ils se retrouvèrent à devoir choisir entre deux voies. L’une leur permettrait de sortir grâce à l’un des portails magiques, l’autre… par la voie naturelle. Tandis que Hera ne voulait surtout pas se tromper et tentait de capter dans l’air les éléments de réponses qui pourraient parvenir à ses neurone, impatiente et irréfléchie, la petite requin elle s’enfonça soudainement dans l’une des voies, obligeant les renards à la suivre pour la rattraper.

Soulagé, ça, il le fut, oui, extrêmement soulagé. Ils n’auraient pas à se battre contre elle (il ne savait même pas s’il pouvait réellement rivaliser avec un requin, bien qu’elle soit une femme et bien qu’ils soient deux), et ils n’auraient pas à la trainer derrière eux. Elle était prête à les suivre, et automatiquement, il se détendit. Il quitta son poste près de la porte pour aller rejoindre les deux êtres féminins, et ensemble ils purent sortir de la sorte de taverne pour quitter… l’énorme requin. Sauf qu’ils ne connaissaient pas le chemin. La question de la requine ne fit qu’accentuer cette ignorance, et il fut aussi déçu de réaliser qu’elle-même, alors qu’elle était l’amie du jungswhark, ne connaissait pas le chemin. Ils passèrent par un premier chemin, pour se retrouver à nouveau coincé dans une intersection. Ils s’arrêtèrent. Il voyait bien les méninges de Hera tourner dans sa tête, et il en faisait de même. L’un les mènerait à la sortie, il en était certain, mais l’autre… rien n’était moins sûr. Et puis, sans qu’ils n’aient de décision à prendre, l’amie du requin géant choisit pour eux, et ils se firent entraîner à sa suite pour ne pas, encore une fois, la perdre. Il priait, oh, oui, il priait pour sortir en un seul morceau de cette aventure un peu incongrue (qui aurait cru que cela aurait pu être si grand ?). Puis, comme par magie, ils passèrent un portail. Il se sentait pousser une nouvelle queue, et il grimaça en réalisant qu’il n’avait plus tant de place que ça pour marcher. Chacun de ses pas faisaient frotter ses parties intimes dans un mouvement qui n’avait rien d’agréable. Enfin. Cela voulait bien dire qui ne leur restait plus tant de mission.

L’air frais de l’océan les soulagea, il fut heureux de retrouver un peu de lumière « naturelle ». Ils étaient tout juste à côté du requin, et il s’avança avec ses deux comparses pour gagner la tête du grand animal marin. « Jungshwark ! » s’exclama-t-il avec joie, et hâte, et soulagement, et colère aussi, parce qu’il aurait pu faire attention à ne pas avaler quelqu’un qui lui était précieux. « nous avons ramené ton amie ! » continua-t-il lorsqu’il arriva au niveau des yeux de la créature, lui présentant alors la petite requine comme s’il s’agissait d’un trophée. « maintenant, il va falloir que tu fasses attention à ne plus l’avaler ! » ajouta-t-il encore, alors que l’expression de l’animal s’était fait plus gaie. Il était tout heureux, faisait des tours sur lui-même comme un chien qui ne savait pas gérer la joie. Il ouvrit grand la bouche, prit une grande inspiration pour pouvoir parler ensuite, et, tant il était grand, tant il avait de force, aspira à nouveau la requin qui partit avec un cri amusé, comme une personne dans des montagnes russes. Se Yun se tourna vers Hera, désabusé, complètement agacé. « non, non c’est non, non et encore non, j’y retourne pas. » puis, il cria « vite ! casse-toi avant qu’il nous demande de recommencer ! » hurla-t-il tout en s’élançant dans l’eau à toute vitesse, l’attrapant au passage pour fuir loin de lui, alors que l’expression du requin se faisait à nouveau de plus en plus triste. Il n’avait même pas pu profiter de son amie correctement… Quelle maladresse !

A mesure qu’ils s’éloignaient de l’animal, il se sentait plus rassuré. « y’a vraiment des gens bizarres ici… » murmura-t-il, plus à lui-même que pour communiquer. C’était fou, tout ce qu’ils étaient en train de vivre, mais ils n’étaient pas au bout de leur peine, il le savait. Il leur manquait encore quelques missions, et il se demandait ce qu’il pouvait y avoir de pire. En s’avançant, leur monde se fit plus coloré, plus animé, il y avait des coraux, des plantes de toutes les couleurs, des pierres et des petites grottes un peu partout, et puis, une grotte un peu plus grande où des tentacules en sortaient. Puis une tête apparut du même endroit, une tête laide dont il eut automatiquement peur. « bonjour les petits » dit-elle avec une voix mielleuse, un peu trop mielleuse à son goût. « oh ! je vois… vous avez été victime d’un sort… voulez-vous que je vous rende votre apparence originelle ? » demanda-t-elle, et Se Yun, idiot comme il était, tomba dans le piège à une vitesse folle. « OH OUI, S’IL VOUS PLAIT ! » il s’exclama, courant, enfin nageant, vers l’étrange et nouvelle créature sombre pour qu’elle fasse travailler un peu sa magie. Et puis le visage changea, se déforma, ou peut-être était-ce lui qui changeait. « non, non » rigola alors la créature. « il ne faut pas souhaiter des choses qui ne vous seront pas accordées ». Et ils se retrouvèrent alors, loin de la mer, loin d’elle, loin de tout, dans un désert sans vie.

Béni soit le portail qui apparut sous leurs yeux tandis qu’ils s’enfonçaient dans le douteux tunnel – on va appeler ça comme ça parce qu’on a pas envie d’en savoir plus !  Au passage, les deux renards récupérèrent leur quatrième queue. Une fois de nouveau à l’air « libre » de l’océan, Hera commença également à se sentir enfin de plus en plus à la hauteur de son apanage naturel. Comme elles étaient belles ses queues magiques à la splendide fourrure foisonnante. Fière d’être renard ! Voilà ce qu’elle éprouvait ! Quelque peu éblouie par sa propre personne, Hera ne prêta aucune attention aux retrouvailles des deux requins. Lorsqu’elle décrocha un peu de son narcissisme ce fut pour constater, les yeux écarquillés que le gros requin était encore en train d’avaler son amie qui avait l’air d’en rire ! Cependant, le plus fâcheux ne fut-il pas de constater qu’ENCORE UNE FOIS, elle partageait l’avis de Seyun ? Hors de question de réitérer la mésaventure à l’intérieur du squale. Et si son partenaire s’empressa de se tirer pour ne pas être tenter de céder aux yeux de cocker du roi des mers, la renarde elle n’avait d’inquiétude quant à sa certitude de rester insensible. Déjà, elle mettait la patte à la pâte pour sauver les siens, fallait pas non plus lui demander de faire du bénévolat !

Alors, ils s’en repartirent vers une prochaine mission. Combien de temps allaient-ils encore errer dans cet océan interminable ? Un récif de coraux leur apparut. Peut-être serait-ce là leur prochaine quête à accomplir ? Une voix mystérieuse d’un monstre marin tout aussi mystérieux les attira à lui. Si la renarde resta méfiante et en retrait, son partenaire fonça la truffe devant. Hera pressentait le coup fourré, néanmoins, elle ne se fatigua même pas à essayer de le retenir. Pas d’effort vain. Résignée, elle attendit qu’une nouvelle catastrophe leur tombe sur le coin du museau et… En un claquement de tentacules, ils se retrouvèrent brusquement dans le désert. Le soleil tapait si fort, elle remercia ses poils d’avoir garder un peu de la fraîcheur de l’eau dans laquelle ils baignaient encore un instant auparavant. Mais l’eau ne tarderait certainement pas à s’évaporer…
« J’imagine que nous allons devoir nous avancer dans ce désert sans savoir, jusqu’à qu’une nouvelle connerie s’abatte sur nous ? »
Elle soupira puis réfléchit et fit signe à Seyun de se rapprocher tandis qu’elle dressa ses 4 belles queues à l’épaisse fourrure au-dessus de sa tête, se faisant ainsi de l’ombre telle une ombrelle qu’elle l’invitait à partager :
« Je préfère m’éviter d’avoir à te porter si tu venais à faire une insolation. »
Peut-être trouverait-il un peu d’ombre, une fameuse oasis miraculeuse. Mais attention aux mirages…
« Tu as vu ?! » s’exclama-t-elle soudainement.

Il lui semblait avoir aperçu du mouvement au loin dans les dunes de sables. Une silhouette sombre, comme… un scorpion ?

Un désert ? Franchement, il y avait de l’abus. Ils sortaient de l’eau bien fraiche, avec un monde riche de vie et de couleurs, pour se retrouver dans un endroit sec et monotone, empli de sable d’un jaune clair qui réfléchissait trop le soleil et bien trop chaud pour ses coussinets. Il soupira, secoua un peu sa fourrure avant de se rappeler que c’était peut-être une meilleure idée de conserver cette humidité, mais il était déjà trop tard. Il se rapprocha en rechignant de l’autre animal, râleur, mais aussi reconnaissant de ne plus avoir le soleil qui tapait sur sa tête. Il sursauta en entendant son exclamation, ne s’attendant pas vraiment à l’entendre parler aussi fort, et surtout alors qu’il se trouvait aussi près d’elle. Il leva la truffe pour observer ce qu’elle semblait avoir aperçu au loin, mais… il ne voyait rien.
« qu’est ce qu’il y avait ? » demanda-t-il, se dressant sur ses pattes arrières pour essayer de voir plus loin à l’horizon. Un peu de sable volait dans les airs, mais c’était peut-être seulement une action du vent. Il hésita un instant, devaient-ils vraiment aller voir ce qu’il y avait ? S’ils abandonnaient maintenant, certes les gumihos seraient condamnés, mais eux, ils seraient tranquilles, et ils pourraient mener leur vie l’un sans l’autre, bien loin, et au calme. Il pencha sa tête à gauche, puis à droite, puis encore une fois à gauche tandis que les idées fusaient dans son esprit, avant qu’il ne reprenne la parole.
« tu veux qu’on aille voir ce qu’il se trame ? » Il posait la question, mais savait bien que la réponse serait positive. Il commença alors à marcher en la supposée direction du mouvement. Le vent commençait à se lever, et les grains dorés s’infiltraient dans son pelage qui avait malheureusement déjà séché. Il s’avança, et, avant d’arriver tout en haut d’une dune, il se ratatina contre le sol pour observer discrètement par-dessus sans être vu. « j’ai… j’ai l’impression qu’il y a quelque chose ! » chuchota-t-il, à la fois nerveux et extatique. Il ne savait pas quel énergumène se présentait à eux, mais ce qu’il savait, c’était que plus vite ils iraient, plus vite leur mission sera terminée. Il s’élança alors tête baissée, descendant la dune comme on descendrait un toboggan, pour se retrouver à quelques mètres à peine d’un… scorpion noir, vêtu d’une cape et d’un chapeau ridicule rouge sang.
« t’es qui toi ? » Se Yun demanda, sans grand tact. Et l’étrange créature se retourna vers eux avec un sourire malin. Et, sans même prendre le temps de se présenter (le malotru !) il se lança tout de suite dans sa requête. « j’ai une mission pour vu… il faudrait que vous entriez dans la grotte… mais seul un cœur pur peut l’ouvrir ! » Le renard regarda tout autour de lui, à la recherche de cette fameuse grotte, mais ne la vit nulle part. Il regarda le scorpion en haussant un sourcil sceptique. Il en connaissait un qui avait bien trop fumé, et il ne chercha pas à savoir quoi.