Tandis que la vie de certains semble perturbée par des rêves prophétiques aux présages peu jouasses – à moins que ceci ne soit que fiction et déjà là, une première trace d’influence externe connue sous le nom de drama –, la plus plupart des individus, qu’ils soient lambdas ou fabuleux se contente de songes sans lendemain. De songes oubliés au lendemain en général. Seuls quelques tenaces parviennent à briser la frontière du sommeil pour s’ancrer dans l’esprit même une fois celui-ci éveillé. Il est des rêves au réalisme troublant et d’autres à la folie déconcertante. Il est des rêves comme celui-ci où depuis son lit, on se retrouve propulsé sur une île tropicale. Expression manifeste dans mal du pays ? Où les serpents jonchent le sol et quand un python démesuré se meut sur le dossier du trône royal où l’on siège, le regard droit, sereine et sans crainte. Là encore, on peut déceler un parallèle avec ce précieux prince d’Albâtre de plusieurs mètres de long, seigneur en sa maison de la Cité du Lion. En revanche, il est des rêves toujours comme celui-ci où on se retrouve dans la peau de Boa Hancock – enfin, en gardant sa propre tête et son propre corps – sans jamais avoir ouvert un tome de One Piece de sa vie ! Serions-nous dans le rêve de quelqu’un d’autre ? Un rêve partagé ? Est-ce seulement possible ? Sans doute pas, néanmoins… n’oubliez jamais qu’impossible n’est pas Gumi !

Au loin, un cri s’élevait. Une voix qui ne devait t’être inconnue sans pour autant être familière pour le peu que tu avais pu côtoyer son propriétaire. Courant sur le sable chaud, vêtu d’un short, d’une veste ouverte et d’un chapeau de paille, le propriétaire de cette voix n’était nulle autre que ma personne. Passant dans un premier temps devant toi sans faire attention, ce n’est que quelques mètres plus tard, que je me retournais en me stoppant. Que faisais-tu là ? Je penchais la tête sur le côté, les bras chargés par ce que je tentais désespérément de garder. Mon poursuivant te fixait également de ses grands yeux, comme s’il pouvait être fasciné par ta présence… Mais il n’était rien. Ses pinces menaçantes se levaient, claquant dans l’air, le coupant, dans une menace furieuse. « Hera ! Grouille, viens ! » Criais-je en te faisant signe de venir. J’osais m’approcher légèrement, la main tendue vers toi pour fuir le plus rapidement possible. Ton petit corps face à ce monstre… Je savais déjà qui des deux gagnerait ! Le crabe, dont la taille devait atteindre celle de Jethro une fois debout, faisait quelques pas vers toi avant de voir l’objet de ses désirs et de se tourner vers moi une nouvelle fois, ses claquements de pinces se faisaient plus forts. « Jamais ! » hurlais-je en cachant la perle que je tenais entre mes bras derrière mon dos. « Tu la récupéras pas ! »

Tout semblait bien calme. Depuis mon trône impérial, je toisais le monde. Je toisais l’océan car j’étais ultime souveraine de toute chose en ce monde, que dis-je cet univers. Mais, il fallut qu’un trouble-fête vienne perturber ma quiétude. C’était toi, encore toi ! Mais… où t’avais-je déjà vu en fait ? Je ne savais et refusais surtout de me laisser turlupiner par ta personne ! Ça en tout cas, j’en étais sûre. Et puis, comme les ennuis ne viennent jamais seuls, à croire que tu t’es imaginé invité à une soirée, il a fallut que tu te ramènes accompagné. Pas l’air commode ton compagnon, qu’avais-tu bien pu faire pour qu’il soit contrarié de la sorte ? Je soupirais. Au milieu de toute cette agitation, je ne mouftais pas. Devrais-je me sentir menacer ? Oubliais-tu mon ami python ? Sur cette île de ma démesure où seuls ma beauté, ma poitrine et mon égo ne semblaient sur-développés plus qu’au naturel, d’un claquement de doigts, d’un mouvement de queue – du serpent bien évidemment – et ton crabe géant fit un remake de la Team Rocket s'envolant vers d’autres cieux jusqu’à un plouf au loin dans l’océan. Je tendis la main vers toi pour que tu me dévoiles l’objet de ton larcin. « Pourquoi as-tu volé ça ? » De toutes les perles, sur cette île et sur la Terre entière, j’étais de loin la plus précieuse.

Tu ne semblais pas le moins du monde effrayée, peut-être parce que dans ma précipitation, je n’avais remarqué ton camarade. Fièrement dressé à tes côtés, un python qui me donnerait presque des sueurs froides. Mais il semblait plutôt sympathique… D’ailleurs je fus presque jaloux du saut que tu avais offert au crabe, mon instinct me dictant que cela devait être plutôt amusant de voler dans les airs pour tomber dans l’eau de cette façon. Je m’approchais une fois l’animal hors de portée, les sourcils froncés face à ton accusation bien trop rapide à mon goût. « Je l’ai pas volé, je l’ai trouvé… » Annonçais-je avec une évidence visible qui montrait que ta remarque m’avait quelque peu piqué. Mes yeux s’attardaient sur ta peau découverte avant de remonter vers ton visage, un sourcil arqué. « Tu fais quoi ici en fait ? » Demandais-je avant de lever ma main libre vers ton ami le python, comme si j’avais voulu le caresser. Mais une autre idée me venait à l’esprit. Un sourire aux lèvres, je tournais les yeux vers toi en me plaçant devant l’animal. « Fais-moi voler aussi ! Dans l’eau ! Comme le crabe. » Ma main libre pointait une zone dans l’eau où je souhaitais atterrir grâce à ton python, inconscient du danger que cela pouvait représenter. Bah quoi ? Il y avait bien un crabe géant qui avait voulu ma mort pour une perle juste avant, je pouvais bien apprendre à voler maintenant non ?

Bien que tu t’en défendes, trouver quelque chose qui appartient à quelqu’un d’autre et s’en emparer pouvait néanmoins ressembler à s’y méprendre à du vol. Cependant, je ne connaissais pas le code pénal par coeur pour en déceler toutes les subtilités, et il y avait beau en avoir un exemplaire, là, là-bas, regarde donc au coeur du grand coquillage ouvert, ce petit pavé d’ennui immergé dans son halo de lumière, j’avais une flemme phénoménale de m’y plonger. Fallait pas abusé non plus, moi j’étais là pour me décontracter. Alors comme ça, tu voulais jouer avec le serpent. Inconscient ! Je m’infligeais une gifle sur le front, alors que tu aurais bien mérité de la recevoir pour avoir énoncé une ineptie pareille attisant ma propre envie d’essayer ! Mais quitte à grimper aux cieux, j’avais mieux à te propose.  « Viens donc plutôt tremper dans ma lagune, » Impériale, je grimpais sur le python démesuré et te tendis la main afin de t’inviter à le chevaucher avec moi. Tes mains sur ma taille, je t’emmenais dans une paradisiaque contrée dont moins seule détenait la clé…

Nous voici arrivée sur la plage d’une superbe lagune ou nulle vile créature ne saurait nous déranger. Je tapotais l’encolure de mon serpent « A toi, Apophis, » qui commença à se redresser, impliquant notre glisse le long de son corps « Accroche-toi ! » te dis-je bien qu’en vérité ton seul point d’ancrage possible soit ma taille – et par ailleurs, n’est-ce pas. Toboggan en arrière jusqu’à l’extrémité du serpent, de sa queue, celui-ci nous envoya valdinguer au dessus des flots assoupis.

Loin d’accepter ma demande, tu semblais avoir une meilleure proposition à me faire. Bien que légèrement insatisfait face à cette idée, je finissais par attraper cette main tendue pour te rejoindre sur le dos de l’animal. Les mains posées sur ta taille pour rester en place, le paysage qui défilait devant mes yeux m’arrachait une plainte de surprise face à sa beauté. Tout le voyage, mes yeux ne lâchait ce paysage magnifique jusqu’à arriver à destination. Plus beau que tous les lieux que j’avais vu jusqu’à présent, c’est en volant dans les airs que ton cher ami nous déposait. Un instant, j’essayais bien de battre des bras pour voler mais la chute brutale contre l’eau me ramenait à la réalité : je n’étais pas un oiseau. Je revenais flotter à la surface telle une étoile de mer, les bras et les jambes écartées, le torse rouge dû à la chute à plat ventre. Les joues gonflées par l’eau, je recrachais l’eau comme une fontaine au-dessus de mon torse jusqu’à les vider pour enfin tourner les yeux vers toi. Créature divine qu’il m’était possible d’observer dans cet environnement paradisiaque. Un instant, mon esprit semblait s’évader avant de se reconnecté avec la réalité pour m’approcher de toi en nageant, bizarrement, bien que je sache le faire à la perfection… C’était à l’instar d’un chien que je bougeais dans l’eau pour me mouvoir. « On peut r’commencer ? » demandais-je une fois près de toi, ayant visiblement apprécié le vol offert par ton animal de compagnie.

Voler dans les airs tel un noble oiseau. Atterrir gracieusement dans l’eau telle une sirène, car ici rien n’est réel. Ici, je réinvente les lois de la gravité. Et dans l’eau, joyeusement, je batifole car il fallait bien l’avouer sa caresse se faisait fort grisante. On était bien à nager. On pourrait s’amuser, tous les deux. Mais voilà que tu en réclamais à nouveau tel un enfant agaçant.  « Non. » Simple, direct, catégorique. Je n’avais pas à m’épandre en explications, justifications ou autres actions plus longtemps. S’il y avait une raison à ma négation ? Peut-être ou peut-être pas. Sur cette île ma parole était loi, alors, il en était comme je le voulais. Comme je le décidais. Enfin… J’avais pourtant décidé de plutôt prendre mon pied à barboter, l’eau se plaisant à rouler sur mes seins par mon profond et large décolleté dénudés, lorsqu’une ombre apparue au tableau. Et pas des moindres ! Tel un prédateur menaçant, elle s’étendit sur toute la lagune.  « Qu’est-ce que… » Je levais les yeux dans sa direction pour découvrir une vague géante, pire qu’un tsunami ravageant les Philippines – parce que oui, je viens de Singapour alors les Philippines ça me parle. Elle se dressait au-dessus de l’île et à son sommet, surfait comme s’il la guidait, le crabe géant précédent avec son trident, l’air pas content.« Ah bah bravo ! Tu l’as bien choisi ton crabe à contrarier ! J’espère qu’elle en valait le coup ta… Elle est où ta perle au fait ? » Non parce que vu les emmerdes qui fonçaient droit sur nous, tu avais plutôt tout intérêt à ne pas l’avoir perdu ! Pourtant, dans tes mains, je ne la voyais plus.

Comme un enfant qui viendrait de se faire réprimander, c’est avec des joues gonflées et un air boudeur que j’accueillais ton refus de recommencer. Esprit fermé, loin de vouloir jouer, tu ne semblais connaitre ce mot. Je me laissais un instant couler dans l’eau, face à toi. Le visage à moitié dans l’eau, j’eus l’occasion d’avoir une vue parfaite sur cet épiderme que l’eau semblait se plaire à caresser. J’aurais pu être jaloux, si seulement le temps j’avais de l’être. Alors que mon regard détaillait cette peau parfaite, dont le soleil semblait s’éprendre à son tour, une ombre venait gâcher l’horizon. Je me retournais avec un regard noir, prêt à faire fuir le fauteur de trouble avant de voir ce qu’il se passait. Ce crabe... n’était-ce pas celui qui me courait plus tôt ? Ma bouche s’ouvrait sans qu’un son n’en sorte jusqu’à tes reproches et ta question. « C’est toi qui l’a énervé en le jetant dans l’eau avec ton serpent ! » Me défendais-je avant de chercher la brillante perle qui m’avait tantôt été aussi précieuse que la prunelle de mes yeux. Ces derniers s’ouvraient soudainement en grand, réalisant que je l’avais abandonné sur la plage où nous étions précédemment. « Montre lui tes seins ! Il va nous laisser tranquille ! » Lançais-je comme si cela pouvait être une bonne idée. En tout cas, à sa place, je t’aurais kidnappé pour t’admirer jour et nuit… Mais ce n’était que moi. Le crabe semblait avoir une tout autre idée !

Pointant la pointe de son trident vers nous, une lumière aux teintes corail apparaissait. Mes paupières se fermaient face à la brillance de celle-ci, plus puissante que le soleil, elle semblait pouvoir éblouir quiconque se trouvait face à elle. Après quelques secondes, la lumière s’estompait et me permettait de rouvrir les paupières sans remarquer la moindre différence. Je pointais du doigt le crabe en rigolant, me moquant ouvertement de lui. « Il s’est loupé le con ! » Totalement plié en deux, un détail ne m’échappait pourtant pas. Cette voix. Ce n’était pas la mienne. Tétanisé sur place, je baissais les yeux vers mon torse… Pourquoi avais-je une poitrine ? Je posais mes doigts dessus alors que des cheveux tombaient face à mon visage. Étrangement.. Cette tenue semblait familière. Avait-il… Je tournais les yeux vers la personne à mes côtés. « Mais.. » soufflais-je en comprenant soudainement.

Ma faute ? Non mais alors là, quel toupet ! Quelle mauvaise foi ! Je ne manquais pas à guise de répartie de te faire remarquer que : " Tu as pu tester par toi même que c'était amusant d'apprendre à voler grâce au serpent ! " Pour preuve tu en avais redemandé avant que ce crabe ne vienne interrompre nos festivités ! Et tandis qu'il fonçait droit sur nous, mes oreilles se mirent à siffler. Que je lui montre... "QUOI ??? NON MAIS ÇA VA PAS ?!" Gros pervers ne serait ce pas plutôt là ta dernière volonté avant de tŕépasser ? Ma main se levait pour te frapper lorsque nous fûmes touchés par le faisceau de lumière. Légèrement sonnée, je fus réorientée par le son de... MA PROPRE VOIX ???! " C'EST QUOI ÇA ? " Pourquoi étais tu dans mon corps ? Et qu' est ce que tu... "Relève les yeux ! Ne regarde pas ! NE TOUCHE PAS !" Je pris alors conscience qu'en retour je me trouvais dans ton corps et tout ce que cela impliquait. Je te saisis alors par les épaules : "RENDS MOI MON CORPS !" Je remarquais néanmoins au passage que j'etais encore plus belle d'un regard extérieur. Mais euh... il se passait quoi là dans mon bas ventre ?

Comme un enfant, bien trop tenté par l’interdit de ne pas toucher, c’est avec de doux mouvements circulaires que je palpais cette poitrine qui était à présent mienne. Tu pouvais me crier de ne pas toucher, m’attraper par les épaules, me secouer, je garderais mes doigts, enfin tes doigts, sur cette poitrine. « Elle est toute douuuce » soufflais-je en rigolant avant de voir que le crabe me jugeait du regard. Lui qui espérait me punir, le voilà dans de beaux draps. Il avait fait exactement l’inverse ! « Je te l’ai pas volé ! C’est le crabe qui me l’a offert ! Tu penses qu’il a apprécié que je prenne sa perle en fin de compte ? » Non parce que pour m’offrir un corps pareil sur un plateau d’argent, c’est qu’il devait vouloir me remercier de quelque chose. Mais comme pour me certifier que non, je recevais une vague en pleine poire…  Et donc toi aussi. Réflexe naturel de mon corps : t’attraper dans mes bras. Pas comme une femme non, mais bel et bien comme un homme, ton visage contre la poitrine que l’on m’avait gracieusement offert. Échoués sur une plage non loin, j’eus l’impression que le crabe s’était décider à pointer encore une fois son trident vers nous mais le soleil rendait ma vue difficile dans cette position alors un doute subsistait.