Comme si tu souhaitais me rassurer, voilà que tu m’annonçais vouloir toi aussi retrouvé ton corps. Au moins nous avions un objectif en commun ! Je regardais ces panneaux avec toi avant de me sentir voler. Enfin voler, transporter plutôt ! Plusieurs mètres de courant plus ou moins violent et me voilà planter dans du sable la tête la première. Je parvenais à me faufiler dans celui-ci et regardais autour de nous pour te trouver de un, puis pour voir autour de nous. Soudainement, la pénombre me frappait et je levais le nez vers... Une carapace ? Téméraire comme pas deux, je grimpais sur l’animal agilement pour constater qu’il s’agissait là d’une tortue mâchant un brin de végétal lentement. « Yo. » lâchais-je à l’animal qui mettait trois ans à lever la tête vers moi. Il semblait totalement défoncé, comme si ce qu’il mangeait le faisait planer. Au-dessus de nos têtes, un bébé tortue faisait son apparition, nageant joyeusement.« Woaaa une sirène ! Grand-père grand-père ! C’est une sirène ! » Finalement, de nous deux tu étais bien la plus voyante et la moins discrète… « Booon...jour.. ? » soufflait lentement une voix sous moi, sans doute la tortue qui avait enfin réalisé qu'elle avait de la visite. « En quoi.. Puis-je donc… vous aider ? » ajoutait-il toujours aussi lentement, comme si parler était même un effort dans son état. A moins que ce ne soit l'herbe dans sa bouche qui l'occupait trop pour qu'il articule correctement?

Le courant nous emporta donc jusqu’à la rencontre avec deux tortues dont tu escaladas la carapace de la plus grosse tandis que son petit fils apparemment vint tournoyer autour de moi, plein de curiosité et d’enthousiasme mais à l’esprit bien moins pervers que le tien ! À ce rythme, l’ainé tortue s’adressa à nous. Je pris une profonde inspiration pour me préparer à engager la conversation, me parant le mieux possible pour affronter sa vitesse. « Nous souhaiterions retrouver nos corps humains. » Tout doucement, la tortue tourna la tête dans ma direction. La feuille dans sa bouche, elle mâcha une fois avant de l’ouvrir :  « Ah… » Ce fut le seul son qu’elle émit. J’attendis un peu de voir si suite  il y avait mais… il semblerait que nous. Je continuais : « Nous avons été touché par le faisceau lumineux du trident du Grand Crabe. » La feuille dans sa bouche, la tortue mâcha une fois avant de l’ouvrir : « Ah… » avec toujours autant d’éloquence. J’inspirais, expirais lui reprenais : « Est-ce que vous sauriez comment nous pourrions conjurer le mauvais sort ? » La feuille dans sa bouche, la tortue mâcha une fois avant de l’ouvrir :  « Oh… » Okay, là, j’en pouvais plus ! Vers toi je me tournais : « Vas-y toi, ma patience n’a déjà été que trop entamée pour la journée ! » Tout avait commencé à mal tourner à partir du moment où je t’avais rencontré !

Tortue totalement ivre, sirène impatiente, le mélange n’était pas bon. Pourtant je rigolais de votre interaction, à croire qu’il avait décidé de t’embêter.  Tapant doucement sa carapace de ma patte dans mon rire, je finissais par perdre l’équilibre pour tomber dans le sable encore une fois, mais sur le dos. Je m’agitais en vain et décidais donc de rester comme ça… A défaut de pouvoir me redresser sur mes petites pattes. « Hey tortue ! Je te serais reconnaissant à vie si t’acceptais de nous aider ! » L’animal tournait les yeux vers ma petite personne pour me répondre. « Oh… » Lâchait-il avant de se diriger vers un amas de corail près de nous. Ses pas me faisaient presque sauter, et telle une omelette, je me retournais finalement sur mes quatre fers pour le suivre. Ma tête passait dans le trou de l’entrée avant de me tourner vers toi. « Viens ! » lançais-je sans me dire que ta taille t’empêchait de rentrer puisqu’il s’agissait d’une maison de tortues… A mes yeux en tout cas, c’était immense. Le bébé tortue continuait de te tourner autour, les yeux émerveillés, comme s’il avait vu la plus belle chose au monde. Timidement, il osait poser sa patte sur ta chevelure avant de vite la retirer, comme s’il avait commis un grave péché. Tu pouvais même le voir filer derrière des algues pour ne pas subir ton courroux.

Que je vienne ? Te foutais-tu de moi ? Tu étais entré dans un trou de souris imbécile ! Ma taille ne passerait jamais par là, et même dans un rêve puisqu’apparemment, présentement les proportions ne semblaient pas trop décider à s’arranger avec le réalisme pour me perdre de pénétrer là-dedans. J’expirais et soupiras, les mains sur les hanches, prête à fulminer et suffisamment fort pour que tu m’entendes aussi loin que tu puisses te cacher, mais la jeune tortue virevoltante autour de moi détourna mon attention. Peut-être avais-je le coeur dur, mais je n’étais pas insensible au mignon spectacle à l’instar de celui qu’il m’offrait par le biais de son innocente admiration. De surcroit, j’avais un faible pour les tortues depuis l’adoption de Swag. Son geste de me toucher les cheveux pour ensuite s’enfuir et se cacher à toute vitesse comme s’il avait commis un effroyable sacrilège – ce qui avait une part de vraie – me fit rire. Moment de douceur et d’innocence qui s’obscurcit soudainement par une ombre au tableau. Ou plutôt, une ombre au-dessus de ma tête. Je n’eus que le temps de lever les yeux pour voir le filet qui l’instant d’après me tomber dessus et me fit crouler sous ses poids jusqu’au planché de sable. Capturée, me voilà capturée par une autre horde de braconniers dont je ne parvenais à distinguer les silhouettes au milieu du sable soulevé troublant la limpidité de l’eau. « Haneul ! Aux secours ! » T’appeler fut la seule chose qui me vint à l’esprit.

Découvrant l’endroit avec émerveillement, je ne prenais conscience de ce qu’il se passait dehors. Pas tant que ta voix ne s’élevait en tout cas. Plus rapide qu’un lièvre, je sortais avant de pousser un cri. « Hera ! » Nageant vers toi, c’était dans les situations d’urgence que vous apprenez à utiliser le plein potentiel de votre corps, il fallait croire que je venais d’apprendre à nager efficacement avec celui-ci ! J’attrapais le filet finalement et commençais à essayer de le mordiller pour te libérer. C’était vain. Nous étions déjà bien hauts et seuls quelques fils avaient réussi à se casser. Mon regard paniqué se posait sur ta personne avant de regarder plus haut pour voir s’il y avait quelque chose que je pouvais faire de mon bon 10 centimètres de long. Le bébé tortue avait accouru également et s’était faufiler dans les filets avec toi, désireux d’aider au maximum. « Nagez vers le bas ! » lançait-il avant de pousser de ses forces le filet. Pendant ce temps je grimpais au filet, cherchant un moyen d’arrêter ce massacre. Il y en avait forcément un !

Ma tête sortait de l’eau et je voyais l’engin qui tractait le filet meurtrier dans lequel tu étais. Aventureux, je montais finalement dessus pour voir comment il fonctionnait et peut être même le stopper, mais pour cela j’aurais besoin d’un objet à glisser. Quelque chose d’assez grand pour le bloquer et les forcer à chercher où était le souci, ce qui vous donnerait assez de temps pour vous évader. Mes pas me faisaient tourner en rond sous la panique avant de prendre une décision totalement stupide, c’était dans ma nature après tout… Téméraire et inconscient, je glissais le bout de ma queue dans le mécanisme, si j’avais du mal à la faire passer, une fois dedans je sentais une douleur atroce remonter le long de mon dos. Malgré la douleur, le sacrifice valait le coup : l’engin s’était arrêté et les hommes mettaient du temps à s’en rendre compte, occupés par d’autres filets. De plus j’étais assez petit pour qu’ils ne me voient pas immédiatement, je n’avais plus qu’à prier pour que vous puissiez sortir à temps, pendant au bout de cet engin comme un linge à sécher.

Le filet remontait Squizz – car nous l’appelleront ainsi – et toi étiez venus à ma recousse. Malheureusement, tous nos efforts à l’unisson semblaient vain. Le filet remontait encore et toujours, atteignant la surface de l’eau. Quand tout d’un coup, l’ascension cessa alors que Squizz et moi essayons de pousser vers le bas. Je ne pus m’empêcher de jeter un oeil à la raison de l’arrêt du mécanisme et je te vis, pendant de la sorte : « Haneul ! » Je ne pus m’empêcher de t’appeler d’une voix paniquée à ta vue. Comment avais-tu pu être aussi stupide pour te sacrifier ainsi ? Bon, certes, tout était de ta faute à la base, alors, en soit, tu ne faisais que réparer ton erreur, mais bon quand même ! Allez savoir pourquoi, soudainement les mailles du filet que tu avais rongé finirent par céder sous la pression de notre poussée – c’est pratique la magie des rêves hein. Me voilà libéré ! Squizz m’incitait à nous sauver, car oui, apparemment on s’en foutait que tu agonisais, mais pour une raison inexpliquée, je ne pouvais m’y résigner alors profitant de ma vitesse et de mon agilité de sirène je tentais de venir te libérer. Sans perdre de temps, je t’extrayais grâce à mes doigts fins de ton étau et puis t’emmenais alors que tu avais sombrer dans l’inconscience. Petit triton évanoui, je nageais encore et encore tandis qu’au creux de mes mains tu logeais. A la surface, sur un roche isolé dans l’océan, je vins de te déposer. « Haneul… » Je prononçais ton nom mais tu n’y répondais. Trop petit tu étais pour que je parviennes à prendre ton pouls ou vérifier ta respiration. « Haneul… » Dans un murmure de détresse, je prononçais encore une fois ton nom. Sur ma joue, une larme roula avant de tomber sur ton visage. Dans cette perle salée, tu aurais pu te noyer, d’ailleurs, soudainement tu suffoquas, en avalas une partie et un nouveau faisceau de lumière t’entoura : « Haneul ! » m’écriais-je à ta vue réanimer, et plus encore en triton de la mythologie cette fois-ci transformé.

Douleur assommante dans mon corps, je me sentais partir sans prévenir. Dans un sentiment familier, j’étais toujours aussi calme malgré mon départ imminent pour les cieux. J’étais si léger, si paisible… Jusqu’à me sentir ranimer violemment. Je me redressais en regardant autour de moi, un peu perdu, pour ne pas dire totalement. Je soupirais en constatant que tout allait pour le mieux avant de vérifier que je n’étais plus un triton. Les mains devant mon visage, je les admirais sous toutes leurs coutures pour me soulager. « C’était un rêve… » Soufflais-je avant de me dire que quelque chose était bizarre. Très bizarre même. Je baissais les yeux vers mes jambes, enfin, ce qui aurait dû être des jambes. A la place je trouvais une grande queue digne d’une sirène alors, paniqué, je portais mes mains sur mon torse. Rien. C’était plat. Ouf… Oh mais. MAIS ! Je n’avais toujours rien. Encore une fois dépité, il semblait impossible en ce lieu d’avoir une virilité quelconque… Pas encore conscience de ta présence à mes côtés, il me fallut quelques secondes de plus pour cela.

Ma tête se tournait vers toi, te fixant avec étonnement alors que les événements précédents me revenaient en tête. « Hera ! » lançais-je avant de te prendre dans mes bras. Tu étais vivante et libre. Je ne savais comment tu étais sortie, mais tu l’avais fait et c’était le plus important. Ma main glissait dans tes cheveux, les caressant inlassablement alors que la joie de te voir entière semblait impossible à contenir. D’ailleurs, un sourire idiot étirait mes lèvres sous ce bonheur innocent.

Sans doute ne saurais-je exprimer ni mon soulagement de te voir réanimer, ni ma stupéfaction de te voir transformer en triton level supérieur, comme tu as fait reçu une potion d’évolution grâce au pouvoir de mes larmes. Il était vrai que souvent, les larmes de sirènes étaient dites précieuses et dotées de pouvoirs innombrables. Je déchantais néanmoins rapidement à te voir palper ton torse suite à la vue de ta queue de poisson. Espérais-tu encore avoir pris possession de ce corps qui était le mien ? Peut-être pas finalement puisque tu parus relativement soulagé. Puis, je n’eus le temps de me défiler à ton geste de me d’étreindre. L’envie de te rejeter aussitôt ne me manqua pas, mais bon, tu venais de frôler la mort pour le sauver alors… – bien que je persistais à dire que tout était de ta faute dès le départ. Tu poussas l’intention jusqu’à passer tes doigts dans mes cheveux. Je me rembrunis et me fit cette fois de glace : « Si tu ne veux pas finir en pierre comme ceux de tout à l’heure, tu ferais mieux d’ôter tes pattes de moi. » Fallait pas abuser non plus. Cette fois, je te repoussais afin que tu relâches ton étreinte. « Nous ne sommes pas encore sortie d’affaire. » te rappelais-je. « Et quelque chose me dit que tu préférais retrouver ton corps d’humain. » Mes yeux désignèrent l’emplacement où aurait dû se trouver ton entre-jambe. Je n’étais pas idiote et au pure au point de ne pas avoir saisi quel genre d’individu pervers tu étais. Pire encore, j’avais eu le droit à un court séjour dans ton propre corps !

Réussite : Un Goéland nous apparait pour nous donner un indice.

Échec : Les mouettes tournent autour de nous et… on a plutôt intérêt à plonger si on veut pas être bombardé de fientes.

Alors que je semblais heureux de te retrouver, voilà que tu te faisais de marbre. Je me reculais en te lançant un regard en biais, une boue boudeuse au visage. « Je savais que t’aurais préférer me voir mort mais quand même… » Ton cœur n’était plus fait de glace mais carrément inexistant à ce tarif-là ! Mon instant boudeur passait bien vite en te voyant pointer du doigt l’endroit où avant se trouvait mon service trois pièces. « Yah ! » lançais-je avant de te lancer un regard rempli de sous-entendu. « Avoue à l’avoir porter, tu veux la sentir maintenant… »  Un brin taquin dans ma voix, je m’attendais à recevoir tes foudres d’un instant à l’autre jusqu’à ce qu’un Goéland n’arrive comme pour me sauver de ce funeste destin. Dressé fièrement devant nous, l’animal ajustait ce qui ressemblait à un nœud papillon autour de son cou tout en se raclant la gorge. « Bien le bonjour, chers voyageurs. J’ai ouïe dire que vous étiez en quête d’une réponse. » Se penchant en avant, l’aile ouverte comme pour nous saluer, l’animal se présentait. « Je me nomme Georges L’albatros, l’oiseau qui connait l’océan mieux que les poissons qui l’habitent. » Un instant, il posait son plumage devant son bec, comme s’il souhaitait réprimer un rire. « Il semblerait que notre petite Sirène ait trouvé mâle à se mettre sous la dent. Moi qui voulais voir à quoi ressemblait ce triton raté… » Cette fois-ci son rire, aux allures snob à souhait, lui échappait avant de reprendre son sérieux. « Si vous parvenez à répondre à quelques questions, peut-être vous aiderais-je dans votre aventure ? »