À ce jeu, je ne pouvais perdre. Ne savais-tu pas que princesse capricieuse que je suis, j’obtenais toujours ce que je désirais ? Alors quand bien même tu saurais susciter en moi cette envie de toi, tu ne pourrais plus m’échapper. Tu succomberais toi aussi. Et je le sentis, à la façon dont tu te enhardis à mon troisième baiser, celui que tu entrepris même d’anticiper afin d’être celui qui capturait ces lèvres. Celles qui se plaisaient à venir te chercher pour te capturer. Je n’y connaissais peut-être pas grand chose aux plaisirs de la chair, mais je maitrisais l’art d’embrasser. J’excellais dans la pratique de la douce torture. Comme si je m’échinais depuis longtemps à attiser un désir qui ne s’embrasait encore suffisamment et auquel, j’infligeais la plaie de la frustration en retour de la mienne. Tes mains glissant de mes hanches à mes fesses, la sensation de tes paumes chaudes sur ma peau amplifia l’ardeur de mon baiser. Comme une soif de toi…



À nouveau, mes nerfs déclenchèrent un infime courant électrique lorsque la prise de tes mains se fit plus vigoureuse. Je tenais bon, pour ne pas réclamer à fuir. La pression que tu exerçais pour me coller à toi ne me l’aurait permis. Ta chaleur m’emplit. Mon coeur chancela. Sensation de vide lorsque tu rompis le contact avant que l’étonnement ne l’emporte. Tu me soulevais. Par réflexe, mes bras s’accrochèrent à ton coup et mes jambes… En bonne cheerleader, mes pieds décollés sur sol, mes cuisses passèrent de chaque côté de ton bassin, nouant mes jambes autour. Une prise qui me saurait me donner le pouvoir de te garder contre moi.



Dos à l’arbre, peut-être te donnais-je l’illusion d’être à ta merci, pourtant mon sentiment était tout autre. Je m’abandonnais certes à ton baiser. Sous le plaisir, mon esprit fondait tandis que mes muscles se raffermissait. Mes mollets croisés sous tes fesses t’obliger à venir un peu plus près, toujours plus près. Mes bras se dénouèrent de ton cou. Mains glissant jusqu’à tes épaules, pour venir caresser ta peau, remonter le creux de ton cou et border ton visage. Ma langue, puis mes lèvres t’échappèrent. Dans cette position, je te dominais de quelques centimètres. Mon regard plongeant dans tes iris, je posais mon front contre le tien. Mes paupières s’abaissèrent à demi. Nos nez s’effleuraient. Nos lèvres pourtant si proches, si avides, ne pouvaient plus s’atteindre. Je semblais toute à toi mais tu ne pouvais m’avoir. « Possède-moi, si tu le peux… » te murmurais-je, pour t’inciter, pour t’exciter, exalter ta flamme qui brulait de me consumer. Je pouvais le sentir. J’adorais ce jeu finalement ce jeu où je me sentais maitresse de la situation se languissant après ta prise de pouvoir. Sauras-tu me convaincre de jeter les armes à tes pieds ? Il faudrait pour cela que tu te résignes à perdre…

Avais-je prévu d’avance ce geste qui, d’une certaine façon, pourrait avoir un air de distraction? Peut-être avais-je agi en traître ? Pourtant il n’en était rien, réagissant selon ce que mon instinct me dictait, je ne souhaitais te manipuler ou te tromper d’une quelconque façon. Ce geste te déconcertait, tout autant qu’il apaisait un instant mon cœur d’une façon qu’il m’était impossible à concevoir. Un instant de tendresse oublié depuis si longtemps… Tes mots précédents m’avaient-ils fait faire un bond en arrière ? Cette pensée, accompagnée de tes mots m’amenaient à me stopper dans le moindre geste que j’avais entamé. Respirer semblait même interdit alors que je jaugeais ton visage. Souhaitais-tu arrêter ici ? Déjà ? Tout ce jeu n’était que vain finalement, loin d’être le début de quelque chose ? Mais ne valait-il mieux pas tout stopper dès à présent ? Troublé moi-même par l’idée que tu puisses avoir un pouvoir inconnu sur ma personne, je préférais reposer cette main sur ta cuisse. Un énième baiser je venais te voler, certain que tu comprendrais que notre entreprise dangereuse venait de s’arrêter à présent. Nul gagnant, nul perdant, si ce n’était une meilleure compréhension l’un de l’autre sans doute ? Nos lèvres se séparaient, mes paupières je rouvrais pour me lever d’un bond.

Mon regard analysait la pièce où je me trouvais, perdu un instant… N’étais-je pas sur une plage en compagnie d’Hera ?! Mon cœur battait la chamade, mon épiderme semblait aussi brûlant que dans mon dernier souvenir et pourtant… A cet instant j’en prenais conscience : tout ceci n’avait été que fantasme.