Je ne retiens pas cette grimace. L’idée de manger à ses côtés n’est pas si horrible, mais je n’ai pas envie de sentir sa présence à côté de moi. Encore moins ce type qui lui donne un sourire trop charmeur. Est-ce que je suis condamné à ça ? La voir inlassablement se faire draguer par un autre ? C’est trop pour moi. Et j’ai beau essayé de faire comme si de rien n’était ça m’agace. Et il ne faut pas longtemps à ce type pour venir faire sa remarque. De quoi il se mêle ? Je fronce les sourcils, contrarié. J’ai beau ne pas vouloir être là, c’est encore pire si je lui échange ma place. Et je me rends compte à quel point ce petit numéro est ridicule. Je reste interdit, l’observe sans rien dire et finalement Ye Won s’énerve. Balançant déjà sa serviette dans son assiette… contrarié, je la regarde le cœur serré. Et sa réflexion, me fait vriller. Comment ose-t-elle me dire ça ? Les poings serrés, je ne vois plus rien autour de moi. Elle se moque de moi ? J’ai fait des efforts. Je suis resté loin d’elle toute la journée. Alors c’est quoi cette remarque ? Pourquoi maintenant ? Juste pout une grimace ? C’est ridicule putain. Et je me rends compte à quel point ça m’énerve. Ses mots sont de trop. Moi qui avait passé ma journée à l’éviter, ces trois dernières semaines à ne plus lui parler. Comment réagir face à ça ? J’ai l’impression de rester assis sur ma chaise des minutes interminables. Et puis soudainement, je recule ! Me lève aussi brusquement alors que Kitae me regarde abasourdi. Si elle croit pouvoir fuir encore une fois elle se trompe ! Cette fois, c’est celle de trop. Ces accusations mal placée, fausses en plus ! Je n’en peux plus ! Si elle veut qu’on s’explique et bien soit ! On va le faire ! Et c’est sur cette pensée, agacé que je la suis, accélérant le pas pour aller la retrouver. Elle trouve refuge dans les toilettes, mais il m’en faut beaucoup plus pour m’arrêter. Elle m’a mis dans un état de nerfs ! Je ne contrôle plus rien, si bien que lorsque je rentre dans la pièce je crie déjà « C’est quoi ton problème ?! » j’avais besoin de décompressé. « Qu’est-ce qui te prends ? » je reste figé devant la porte, le regard noir. Je ne veux pas qu’elle fuit. J’en ai marre de lui courir après. Marre de voir à chaque fois qu’elle me tourne le dos. Ce soir c’est fini ! Je n’en peux plus. « T’es pas contente c’est ça ? Parce-que j’ai parlé à une fille toute la journée ? Mais putain, j’ai rien à te devoir, on est plus ensembles merde ! » Et si finalement j’aurais aimé avoir cette conversation calmement. Je ne peux pas ! Tout m’excède, même la voir là à me faire face. Je la déteste tellement ! Pour cette colère qu’elle fait naitre en moi. Cet homme que je suis quand elle se joue de moi… ne voit-elle pas putain, que je perds le contrôle ? Que tout ça c’est sa faute ? « Alors il te faut quoi ? C’est qu’un jeu c’est ça ?! » Parce-que si ça ne l’est pas alors moi je ne comprends plus. « Tu m’embrasses, tu m’évites, tu me rejettes et maintenant t’es jalouse ?! » Ye Won putain ! A quoi ça rime tout ça ? Je deviens dingue. Je suis incapable de savoir ce qui se passe dans sa tête. Est-ce qu’elle fait ça pour le plaisir ? « Je dois faire quoi moi hein ? Attendre que tu te trouves un mec, te regarder faire ta vie ? C’est ça que tu veux ? »  Je suis perdu, je hurle tellement fort. Ici, je crie ma frustration. De rage, je pourrais tout faire valser. Je pourrais devenir cet homme que je déteste. Mais regarde Ye Won ! Regarde dans quel état tu me mets ? Je n’arrive plus à penser. Tout est ta faute putain ! C’est toi qui joue avec moi. C’est toi qui a envie de me faire payer. « Tu crois que je vais t’attendre toute ma vie ? Mais putain, moi aussi j’ai le droit d’être heureux ! » Et je serais presque triste en lui disant. Mais je reste sombre, impassible car je refuse de céder. Je ne veux pas qu’elle voit à quel point je l’aime… à quel point je souffre de l’imaginer avec un autre…

Elle se retenait au lavabo devant elle, incapable de croiser son propre reflet. Elle se détestait à cet instant précis, autant qu’elle pouvait le détester lui. La façon qu’il avait de lui faire ressentir qu’elle n’était plus rien, que rien de ce qu’elle avait fait pour lui n’avait d’importance. Elle le haïssait d’être aveugle face à ce qu’elle pouvait encore ressentir pour lui, face à la détresse qu’il provoquait en elle à chaque fois qu’il se retrouvait si proche d’elle. Et son coeur tambourinant dans sa poitrine n’était qu’une preuve de plus que malgré tout ça, elle l’aimait encore. Trop pour supporter tout ce qui se passait. Trop pour accepter de le voir aux bras d’une autre. Elle voulait simplement disparaitre, s’effacer complètement pour ne plus jamais avoir à vivre ça. Mais elle était coincée, bloquée qu’importe ou elle pourrait bien aller. Parce qu’il était toujours là, quelque part. Leurs chemins continuaient de se croiser sans cesse, qu’importe ce qu’elle pouvait faire pour l’éviter. La porte qui claquait l’avait fait sursauter, alors que la voix d’Il Kyang, si forte en résonant dans la pièce lui arrachait un frisson. « Fous moi la paix ! » avait-elle tout juste le temps de répondre, avant qu’il ne continue, l’assassine déjà de ses mots. Sa main passait sur son visage, excédée, à en devenir folle. De ne plus réussir à penser correctement, de ne plus être capable de retenir sa colère, celle qu’il avait fait naître pendant ce dernier week end ensemble. « Tu veux que j’te dise ? C’est toi mon problème ! Uniquement toi ! » Elle parlait plus fort qu’elle ne l’aurait cru, malgré sa gorge qui se nouait, et cette douleur dans sa poitrine qui ne faisait que se décupler, au fur et à mesure des secondes. « Tu crois quoi ? Que tu peux venir me dire que tu m’aimes et après me traiter comme de la merde ? A être tellement obnubilé par Sawan que tu vois même plus ce que tes potes ont fait pour toi, ce que moi j’ai fait pour toi ?! » Par ce simple prénom qu’elle prononçait, elle n’avait su retenir ces premières larmes de couler sur ses joues. Elle n’y arrivait plus, elle n’avait plus la force nécessaire pour lutter, contre quoi que ce soit. « T’as envie de croire que je jouais avec toi ? Bah vas-y, crois-le ! Qu’est-ce que ça changera de toute façon ? Tu m’as bien fait comprendre que j’étais plus rien pour toi ! » Et c’est ça, qui la détruisait le plus. Voir que finalement, tout ce qui s’était passé avant ce week end là n’avait pas compté, n’était certainement qu’un mensonge de plus qu’elle se racontait. A croire qu’il s’était joué d’elle depuis cette chambre d’hôpital jusqu’à ce soir. Lui dire qu’il l’aimait, pourquoi avait-il osé le faire si c’était pour la détruire une fois de plus, plus violemment encore que la première fois ? Elle le détestait un peu plus encore, de lui avoir offert ces mots s’il ne les pensait pas. De lui avoir donné ce qu’elle avait si souvent espéré pour lui prouver le contraire juste après. « Tu veux être heureux ? Mais vas-y Il Kyang ! Fais ta vie ! Arrête de faire semblant de te préoccuper de ce que je pense ! Tout le monde a bien compris qu’il y avait que ta Sawan pour te rendre heureux ! » Elle ne se contrôlait plus, face à la colère dont lui-même faisait preuve, elle ne pouvait plus se contenir. Elle lâchait tout ce qu’elle avait sur le coeur, tout ce qui lui faisait si mal qu’elle avait de nouveau l’impression de mourir de l’intérieur. Elle n’était plus rien désormais, qu’un fantôme du passé qui traînait non loin, et dont il fallait lui montrer qu’il vivait bien mieux sans elle. Et malgré tout, son regard restait ancré dans le sien, qu’il puisse voir à quel point elle souffrait, une fois de plus. A quel point elle sombrait une nouvelle fois, par ce qu’il osait dire, faire. Ce qu’il lui avait montré trois semaine en arrière : qu’elle n’avait plus aucune valeur à ses yeux.

C’était une émotion, juste un regard qui avait suffi… un échange qui paraissait banal et qui allait changer ma vie. Qui aurait cru qu’elle bouleverserait… mon existence toute entière ? De son joli sourire, de ses yeux malicieux… rien n’avait présagé que je sombrerais, que je serais capable de m’attacher autant à quelqu’un. Mais si j’avais su… j’aurais pris mes gardes, j’aurais été plus prudent. Moins léger, a finalement la laisser prendre une place importante…. A force de passer du temps avec elle, j’ai finis par m’attacher. Ne plus être capable de la laisser… et ce temps si précieux que j’ai perdu. Si loin d’elle à la regretter… aujourd’hui face à elle, je ne sais plus qui je suis. Ni même ce que nous sommes. Tout est devenu compliqué, au fil des jours, des rencontres… je pensais que tout s’était apaisé mais je me suis trompé. En réalité c’est même pire aujourd’hui. Alors qu’est-ce que je fais ? Je la laisse là ? J’espère qu’elle vivra enfin sa vie en faisant la mienne ? Ou j’abandonne… je craque une nouvelle fois sombre jusqu’à espérer un jour tout oublier ? Son regard me transperce, mon corps tient encore debout. Pourtant je tremble, je vacille à mesure de ses mots. Ces reproches, ce prénom qu’elle prononce encore. Je n’en peux plus ! Et je sais qu’elle a raison. Que j’ai crié trop fort ce jour-là, que j’ai été incapable de dire merci à ceux qu’il fallait. Mais qu’est-ce que je peux y faire Ye Won ? C’est toi qui t’éloigne. C’est toi qui veux faire ta vie sans moi. Alors arrête ! Arrête de me dire que tout est ma faute. Que je me moque de toi. Car la seule qui se joue de l’autre, c’est toi bordel ! Et pour une fois, j’aimerais qu’elle l’assume. Qu’elle me dise une bonne fois pour tout ce qu’elle a sur le cœur. Et même si c’est pour me haïr. Excédé, je ne contrôle plus mes gestes, mon poing s’abat sur l’une des portes, je serre la mâchoire « Arrête putain ! » arrête avec ça. « J’en peux plus de t’entendre me parler de Sawan encore et encore. Putain !!! Arrête !!!! » Et je hurle si fort. Je ne me reconnais plus. Je serais prêt à n’importe quoi pour la faire taire. Cette colère qui nait en moi, cette haine ! Tout est puissant, trop intense. Mon cœur palpite, mes oreilles bourdonnent. J’ai la gorge serrée « Ferme-la ! » je me contiens depuis trop longtemps maintenant. Je n’arrive plus à y faire face. A faire semblant. Je ne peux plus me calmer pas après ce qu’elle me dit. Comment ose-t-elle remettre en cause mes sentiments ? Ceux que j’ai mis si longtemps à assumer. « Je t’interdis de dire ça ! T’as pas le droit merde ! » Et ça me rend fou, si fou. Passant une main sur mon visage, dans mes cheveux… geste nerveux, j’ai envie de m’arracher la tête. Je relâche tout, trop d’émotions que j’ai gardées en moi. Trop de questions, d’interrogations. « Il s’agit pas d’elle ! Il s’agit de toi et moi ! Du fait que tu n’assumes rien ! Rien bordel !!! » Et c’est ça qui me rend le plus fou. C’est ça qui me fait perdre la tête. Ne jamais savoir ! Toujours aller d’un pied sur l’autre sans jamais être fixé. Putain Ye Won ! Je ne peux plus vivre comme ça. Sans te comprendre, sans savoir ce qui se passe dans ta tête. Je suis face à toi, et ce regard je ne le comprends plus. Je ne sais pas ce qui se passe. Ni à quoi tu penses ! Est-ce que ces mots sont vrais ? « Tu sais très bien que c’est toi la fautive ! » et je la pointe du doigt, menaçant. Inconscient de ce que je fais. Tout devient fou, ma colère m’aveugle. Et qu’importe les larmes qu’elle versera, ce soir je n’ai plus envie de la consoler. Je n’ai plus envie d’être là pour elle… « C’est toi qui joue avec moi ! Depuis que je t’ai dit ce que je ressens, tu me fais payer ce que je t’ai fait ! » Et ne dis pas le contraire Ye Won. Sinon tu ne ferais pas ce que tu fais. Venir vers moi, être là pour moi et après disparaitre… me dire qu’on ne peut pas et finalement m’embrasser. Arrête de faire semblant ! Et je m’avance vers elle, fou de rage « Assume pour une fois !! » et toutes ces nuits où je dormais contre toi ? Ou on était amants ? Et tous ces matins où il n’y avait plus rien hein ? Je n’ai rien inventé. Je ne peux plus rester là à attendre qu’un jour elle me laisse enfin vivre. « Dis-le que t’as rien assumé. Que tu me rejettes parce-que tu as besoin de moi. Que t’es jalouse parce-que tu ne veux pas me voir avec une autre que toi. » Et je deviens un peu plus dingue. Assez pour le croire ! Malgré cette colère, cette rage qui gronde en moi. Je veux savoir ! Qu’elle me dise la vérité ! Je veux qu’elle assume le fait que ce baiser ce n’était pas rien. Qu’elle en avait envie parce-que elle aussi ressent la même chose que moi. Et je sais que je risque de le regretter. Que si sa réponse n’est pas celle que j’attends, je pourrais crever... « Dis-le Ye Won ! Dis-le que tu m’aimes ! »

Ses traits s’étaient étirés, laissant la colère s’exprimer totalement sur son visage. Elle était à bout de nerfs, n’arrivait plus à se contrôler. Mais ce coup de poing dans la porte l’avait fait sursauter, alors que la peur s’instaurait en elle, progressivement. Jamais, elle ne l’avait vu dans un tel état. Jamais, ils ne s’étaient autant déchirés. Pourtant, ils avaient réussi à se détruire de la plus horrible des façons, au fur et à mesure des mois. Ils avaient réussi l’impensable, à tel point qu’elle avait sombré, si bas qu’elle en était venue à se demander si tout ça valait encore le coup de vivre. Elle avait reculé d’un pas sous cette haine qui se déversait sur elle, sur tous les tords qu’on mettait sur elle. Comme si, depuis le départ, elle l’avait cherché, elle avait tout fait pour en arriver là. « Il ne s’agit pas d’elle ? Mais si elle était pas dans ta vie, on en serait jamais arrivés là ! Et si t’avais été moins con, on aurait pas eu à subir le quart de ce qui s’est passé ! » Ces tromperies, ces mensonges. Ces douleurs qui ne partiront jamais. Ces traumatismes qu’ils traineront trop longtemps pour les mettre définitivement derrière eux. Elle en était persuadée, sans cette présence si importante dans sa vie, ils ne se seraient jamais autant déchirés. « T’es l’unique fautif ! C’est toi qui a cru bon de revenir dans ma vie, simplement pour jouer avec moi, alors que t’avais ta vie avec elle ! » Elle criait sa haine, son désespoir. Ses craintes et sa souffrance. Elle n’en pouvait plus, reculait encore à le voir si menaçant, jusqu’à ce que son dos se plaque contre le mur derrière elle. Elle était coincée, elle le savait. Qu’importe ce qui pourrait bien se passer dans cette pièce, elle allait devoir l’affronter, comme elle le pouvait. Et c’était ça, qu’elle n’arrivait pas à pardonner. Lui avoir fait croire qu’il était réellement revenu, pour offrir à une autre ce qu’elle aurait rêvé d’avoir avec lui. La faire spectatrice de ce qu’elle n’aurait jamais. Jouer avec elle au point de faire grandit plus encore les sentiments qu’elle pouvait avoir, pour tout faire exploser, tout réduire en cendres. « Tu disais vouloir me donner du temps mais t’as jamais été foutu de le faire ! T’as pas cherché à comprendre pourquoi j’en avais besoin ! T’en as jamais eu quelque chose à foutre de moi alors pourquoi tu t’obstines ?! » Ses mains passaient sur son visage, alors qu’un torrent de larmes s’abattait sur ses joues, incapable de les contenir. Un instant, elle tentait de reprendre son souffle, relevant la tête vers le plafond, laissant échapper un sanglot. Ses mains finissaient par claquer sur ses cuisses, elle ne savait plus quoi faire pour se sortir de là, une bonne fois pour toute. « Qu’est-ce que ça changerait ? T’en as plus rien à foutre de moi depuis bien longtemps, alors dis-moi qu’est-ce que ça changerait si je te disais que je t’aimais, hein ?! » Elle se sentait désormais à l’étroit dans cette pièce pourtant si grande. N’arrivait plus à respirer correctement. Et c’était pire encore, alors qu’elle se redressait devant lui, son regard qui ne le quittait plus. « Et tu vois, c’est ça le problème ! Tu reviens dans ma vie avec tes belles promesses, et moi, j’ai jamais su t’oublier ! Je crève de l’intérieur à te revoir tout le temps avec elle, à te voir courir après elle alors que je suis là ! Que je me raccroche à toi parce que je sais plus faire autrement ! Mais ça, c’est uniquement ta faute ! T’es tout le temps là, à me rappeler que je t’aime et que j’arrive pas à vivre sans toi, mais j’en peut plus Il Kyang ! » Son visage qu’elle enfouissait dans ses mains, elle se détestait une fois de plus de lui avouer tout ça. Un soupire qu’elle écrasait contre ses paumes, frottant ses tempes alors que sa tête commençait déjà à tourner. Elle se sentait défaillir, à ne plus être capable de tenir sur ses jambes. A se demander comment elle arrivait encore à tenir debout devant lui. « Alors vas-y, dis-moi ce que ça change de savoir que je t’aime ! Qu’à chaque fois que t’es là, je meurs d’envie de te retrouver, de nous retrouver ! Et ça, depuis que t’es revenu dans ma vie, et qu’importe les conneries que tu peux faire ! » Elle avait insisté, sur ce ‘nous’ qui n’avait plus aucune raison d’être. Et que c’était dur de l’admettre une fois de plus, d’y être encore confrontée. Elle secouait sa tête, avait simplement envie, besoin de quitter cette pièce, et partir loin de lui. Parce qu’il venait d’avoir ce qu’il voulait. Parce qu’elle craquait une fois de plus devant lui. Assez cette fois, pour lui avouer ce qu’elle gardait pour elle depuis si longtemps. Pourrait-il enfin voir à quel point il l’avait rendue accro ? A quel point elle se détruisait qu’importe ce qu’elle pouvait faire. Parce que si elle restait près de lui, elle allait continuer de souffrir par les sentiments qu’elle avait encore pour lui, mais si elle partait, elle savait qu’elle crèverait de son absence. Bloquée entre deux issues sans fin, au point de vouloir qu’on lui arrache le coeur pour qu’elle arrive enfin à l’oublier.

Le souffle haletant, le regard noir… menaçant. Je n’ai jamais été autant au bord de craquer. A tout vouloir contenir, garder pour soi. Aujourd’hui j’explose. Je souffre, tellement si elle savait… j’ai tenté de me persuader que je pourrais vivre loin d’elle. Mais je n’y arrive pas Ye Won. Tu me hantes, tu m’obsèdes, pire que ces addictions auxquelles je dois faire face. Etre près de toi, c’est pire que replonger. C’est pire que de devoir subir toutes ces folies qui me font perdre la raison. Etre là près de toi c’est accepter de mourir à petit feu. A t’imaginer avec ces autres hommes, à te regarder de loin… à veiller sur toi, attendre qu’un jour tu puisses à nouveau sourire… je me suis menti. J’en suis incapable ! Parce-que je t’aime ! Je t’aime tellement que je préfèrerais te tuer de mes propres mains plutôt que de te voir avec un autre… et j’en pleurais. J’en crèverais à mon tour. Mais je n’y arrive pas ! Je me suis caché derrière ces excuses, derrières ces mensonges qu’on voulait me faire croire. Mais tout était faux ! Je ne peux pas. Je suis trop faible pour ça. Aliéné, détruit au point de vouloir tout emporter avec moi. Cette souffrance me pèse tellement, je la ferais taire des pires façons qui soient. Et tu viendras avec moi ! Parce-que je ne pourrais pas te laisser, parce-que je ne pourrais pas imaginer que tu vives même sans moi. Je suis en souffrance, mes mains tremblent, mon être se brise… et ces morceaux s’éparpillent de nouveau. A croire que je n’ai jamais réussi à me reconstruire finalement. Elle balaye tout ! D’un regard, de quelques mots. Et je me rends compte encore plus aujourd’hui que ce que je ressens n’a plus de limite. Je me fais peur ! Je suis effrayé à l’idée de devenir violent, de commettre l’irréparable si elle me laisse… coincée contre ce mur, son dos contre la paroi, elle est si fragile et moi si imposant. Lueur colérique, rage et désespoir… lui font face. A ma merci, prête à sombrer dans cette folie… Ses paroles raisonnent dans ma tête, se cognent à mon cœur déjà meurtri. Et je ne sais plus… où je trouve encore la force de la regarder. De ne pas détourner le regard. J’affronte ma plus grande peur… elle… mon propre démon. Je n’avais jamais réalisé jusque-là, que c’était elle la pire de toute… je déglutis, écoute ses mots, comme si chacun d’eux m’empoignaient. Me violentait au point de me réduire à néant… et si c’est ce qu’elle veut alors elle réussira surement. Si ce n’est pas elle qui me tue le premier, alors je me jure, que jamais je ne laisserais aucun homme la toucher comme je l’ai fait. Aucun homme l’aimer comme je l’ai aimé ! Je reste planté devant elle, incapable de parler, réalisant avec stupeur ce qu’elle créait chez moi. Et en cet instant je sais que je pourrais m’écrouler. Alors face à cette intensité, ces questions qui sonnent faux. Je hurle mon désespoir « Ce que ça change ?! » ça changerait ma vie. Ça changerait l’homme que je suis. Ça changerait mon avenir… et même mon passé. Son affront me torture, au point que je suis prêt à le faire… ce geste désemparé… plus rien ne peut me retenir. Avançant déjà vers elle, brusquement je me saisis de son visage. Quelques secondes tout au plus, où j’imagine ma tête flancher ou je crois devenir le pire de moi-même…mais je l’attitre à moi, dépose mes lèvres contre les siennes, complètement fou. Dernier espoir, d’un homme qui a sombré… et je parcours sa bouche, à la recherche de cet oxygène qui me manque tant. Ce besoin vital d’être à elle. Fougue, colère… à bout de souffle je te demanderais… laisse-moi t’aimer Ye Won…

Elle se sentait impuissance, en position de faiblesse face à lui, ce regard qu’il posait sur elle. Elle y voyait la fin. Pas seulement de leur histoire, mais sa fin à elle aussi. Celle qu’elle aurait pu signer s’il n’était pas arrivé à temps pour la sauver. Mais désormais, il n’y avait plus de retour en arrière possible, pas après avoir osé lui dire ce qu’elle avait sur le coeur, ce qui la rongeait au point de plonger plus profondément encore dans ces abysses. Elle luttait contre tant de démons, mais ce soir, ils avaient tous le même visage. Celui d’Il Kyang, devant elle. Cette haine, cette folie. Il n’y avait plus rien autour d’eux, simplement ce néant, ce vide absolu dans lequel elle plongeait encore, tête la première. Une rage si puissante qu’elle ne pourrait jamais l’affronter, pas comme ça, pas alors qu’elle venait de dévoiler toutes ses faiblesses. Pas après avoir crié cet amour qui la consumait entièrement, qui brûlait sa peau. Et ces larmes qui coulaient sur ses joues ne seraient jamais assez nombreuses pour calmer le feu de cet amour qu’elle lui portait encore. Apeurée, tétanisée, elle sentait ses jambes sur le point de lâcher, son corps se pressant un peu plus contre le mur derrière elle. Cette poigne sur son visage était la dernière chose qui l’empêchait de s’écrouler, de laisser son corps s’effondrer sur le carrelage froid de cette pièce. Le coeur en lambeaux, son âme détruite, elle sentait la fin si proche, trop proche. Elle l’attendait, son regard suppliant qu’on mette fin à ce calvaire qui avait trop duré. Qu’on la libère de cette douleur qu’elle ne supportait plus. Qui était devenue trop puissante pour elle. Et pourtant, tout ce qu’elle avait senti, c’était ses lèvres se poser contre les siennes. Un contact qui avait été tant de fois libérateur. Mais cette fois, il était douloureux, violent. Il était fougueux d’envie et de rage. Alors, elle puisait dans les dernières forces qui lui restaient pour le repousser, mais n’y arrivait plus, elle qui avait tant attendu cette délivrance. Ses poings sur ses épaules, elle avait fini par s’accrocher au col de sa chemise, perdant le peu de lucidité qu’il lui restait, oubliant ces atrocités qu’ils s’échangeaient encore quelques secondes plus tôt. Elle succombait à ce coeur en miettes qui n’attendait qu’une seule chose, qu’il vienne le réparer, le consolider de sa présence. Elle était folle, de se laisser aller ainsi, de se perdre contre ses lèvres, les parcourant, les redécouvrant. Elle était folle de lui, de ses gestes. De cet espace qu’il venait de combler. A bout de souffle, elle avait finit par se reculer. L’incompréhension, la peur, la haine… l’amour. Voilà tout ce qu’on pouvait lire en elle. Tous ces sentiments qui se bousculaient sans savoir lequel devait désormais prendre le dessus. Quelques secondes tout au plus, à plonger dans son regard, cherchant une réponse. Mais son coeur lui, criait déjà de le retrouver, enfin, de goûter une fois de plus à ce qui lui avait tant manqué. De se perdre dans un autre baiser. Elle ne savait plus si elle devait lutter, ou simplement retomber. Une supplique, un cri du coeur. « Me fais pas ça. » un murmure contre ses lèvres, ses joues humides par ces perles d’eau qui continuaient encore de couler. « Ne joue plus avec moi. » Dis-moi que tu m’aimes aussi. Dis-moi que ce que nous avons partagé n’est pas vain. Je t’en supplie, calme mon coeur meurtri de ces simples mots qui nous libèrerons une fois pour toute.

Contre sa bouche je veux m’oublier… taire cette angoisse, étouffer jusqu’à ne plus jamais m’en souvenir. Et tant pis si tout ce que je fais est une folie. Je m’en fous putain ! Je veux juste être avec elle. Et qu’importe tout le reste, car je la sens me rendre ce baiser. Me donner cette fore qui me manquait. J’étouffe déjà, incapable de savoir ce qui ne tourne plus rond chez moi. Inconscient que je sombre à nouveau, mais cette fois dans ses bras. Elle aura beau essayé de se débattre je ne partirais pas. Je ne te laisserais plus Ye Won, car c’est avec toi… jamais sans moi ! Tu comprends ? Tu sens à quel point je t’aime ? Je n’ai plus envie de ces choses qui me paralysent. Je veux juste me perdre… avec toi. Prends le même chemin que moi bon sang. Viens avec moi ! Ne me laisse pas partir… je n’y arrive plus. Et dans ce baiser, j’y perds toute ma fierté, tout ce pour quoi je me battais encore. Ça ne sert plus à rien. Je rends les armes ! Je l’aime beaucoup trop pour lutter. Pour faire semblant…. Et quand je croise son regard, je ne sais plus… je n’ai plus aucun conviction. Plus aucune valeur. Je me fous ne plus être rien, tant que j’existe dans ses yeux… je n’ose plus respirer, de peur que mon souffle ne s’écrase sur elle. Je n’ose plus détourner le visage… je suis pris au piège Ye Won. Aujourd’hui plus que jamais, je suis emprisonné. Tu m’as enchainé… à toi... et je suis incapable de les briser. De m’en détacher… je ne sais plus ce que je pense. Je n’ai qu’un esprit embrouillé. Je ne vois qu’elle… aujourd’hui et demain. Le temps s’est arrêté soudainement. Et j’ai besoin qu’elle me redonne cet air qui me manque, aussi paradoxale que soit son geste. Son emprise sur moi, en retrouvant mes lèvres faites pour elle. Et je la laisse troubler cette euphorie, écoute sa supplique comme une promesse à laquelle je répondrais… « Jamais. » et je suis sûr de moi. Parce-que cette fois, je ne pourrais plus imiter celui que j’étais avant ça. Je ne pourrais plus me cacher… si ce n’est pas aujourd’hui, je crèverais. Et je te veux encore… jusqu’à mourir contre toi. Jusqu’à ne plus être moi. Alors je retrouve de nouveau ses lèvres, la presse contre mon corps qui la réclame encore. Déjà mes mains se perdent dans ses cheveux, inhalant ce parfum, m’en nourrissant pour me souvenir. Comme si rien n’avait jamais existé. Comme si nous n’avions jamais souffert… et pourtant j’ai conscience que notre échange est pressé. Je me l’accapare, incapable de me détacher d’elle… j’ai envie d’elle. Envie de la retrouver, de la désirer… sublime supplice auquel je ne devais pas céder. Torture que de la regarder, se faire toucher par un autre… et dans ma folie, mon urgence, je la soulève pour l’inciter à nouer ses jambes autour de moi. Soupir contre sa bouche, qui meurt rapidement dans la sienne… plus rien ne me rappelle à cette réalité. Et même si l’endroit ne s’y prête pas je m’en fous. J’envoie tout balader, l’emmène jusqu’à la première cabine qui se trouve là. A l’abri des regards, ne maitrisant plus rien. Je ne suis plus qu’un homme chargé d’émotion. Sur le point d’imploser, si elle ne m’appartient pas maintenant. Fougue délirante, je plaque son dos contre la paroi, conscient qu’on est déjà allé trop loin pour reculer. Détaché d’elle, assez pour venir lui murmurer « Je t’aime. Je t’aime tellement. » Et je suis pressé… cherche déjà l’ouverture de sa robe pour libérer sa peau. Je m’en voudrais de ne pas prendre le temps. De ne pas savoir attendre… mais je ne peux plus. J’ai déjà trop attendu, j’ai déjà perdu tellement de temps à l’attendre… je lui donne un baiser plus passionné, plus intense aussi, alors que je retiens un gémissement. Aliéné par elle, par ce plaisir, je la découvre, frissonne en revoyant son buste si parfait… ma bouche pressée, regoûte à cette peau, mon visage se perd, dans son cou, sur sa poitrine… « Tu me rends fou… » et c’est une confession que je lui fais. Que je ne maitrise plus, alors que mes mains s’agrippent à ses cuisses… je veux qu’elle m’aime, comme je l’aime. Qu’elle me possède, qu’elle me fasse oublier qui je suis… je veux perdre toute raison... Et je suis désolé Ye Won de ne pas t’offrir un moment de tendresse. De ne pas être doux… mais je te fais la promesse, que je t’aimerais comme il se doit.