Seulement si tu ne me fuis pas… jamais Ye Won. Je ne pourrais pas… je ne pourrais plus faire semblant. Pas après ce que j’ai ressenti ce soir. Pas après ce moment volé… je n’y arriverais plus. Je reste encore enfermé dans cet instant, cette douce euphorie que nous avons partagée. J’ai presque peur que tout ne se brise, que tout redevienne à la normale. Mais je me laisse encore bercer par ses gestes, et ferme à nouveau les yeux sous ses caresses et ce baiser… cette fois-ci, c’est plus fort de l’entendre me le dire. Ces quelques mots que j’avais tant espérés… ils sont vrais. Plus intense encore. Et j’ai conscience d’avoir été assez égoïste pour avoir envie qu’elle me les dise. J’ai conscience qu’avec le mal qu’on sest fait elle aurait dut me fuir… mais je ne peux pas. Qu’on me traite d’imbécile, mais je n’arrive plus à mentir. Surtout à moi… et à elle. Dans ce baiser, je crois à notre avenir, je crois que désormais tout est possible. Et je n’ai jamais été aussi vivant qu’en cet instant. Aucun alcool pour venir pourrir mon esprit. Aucune substance pour me faire halluciner… tout est vrai… tout est réel… et même si mon cœur s’emballe, et même si j’ai peur je ne veux plus jamais ressentir cette peine… Me détachant juste assez d’elle, je souris encore. Peut-être apaisé, soulagé en quelque sorte de ce qui vient de se produire. Je n’ai plus vraiment d’énergie, mais je m’en fous. Récupérant mes affaires, je me rhabille, ce petit sourire au coin. Surement parce-que je sais ce que nous avons fait. Ici, tandis que les autres étaient encore à la réception. Est-ce que notre absence sera remarquée ? Je n’y pense pas vraiment. Hausse rapidement les épaules à cette pensée avant de tendre sa robe à Ye Won. L’air presque malicieux, une part de moi guette la moindre de ses expressions. J’ai peur qu’elle change d’avis… peur qu’elle prenne finalement la fuite si on sort de cette bulle. Mais je garde encore nos ébats, cet instant amoureux à l’esprit. Et j’ai l’impression que cette fois c’est différent… même si j’ai conscience que nous devrons surement en parler. Mais pas maintenant… je reste euphorique, amoureux en m’approchant à nouveau d’elle. « Tu restes avec moi… » C’est presque une demande, ou un ordre je ne sais plus vraiment. J’ai la tête qui tourne encore, et ce sourire franc qui ne veut plus me quitter. De mon pouce, je caresse sa lèvre, avant de lâcher un petit rire taquin et venir embrasser sa bouche. Tout est vrai, tout est palpable… et j’ai du mal encore à me le dire. A m’en rendre compte… alors en me détachant d’elle, je retrouve sa main, la garde dans la mienne pour venir ouvrir la porte et sortir. Je réajuste mes affaires, pour avoir l’air le plus naturel possible. Et me racle la gorge presque amusé en lui lançant un regard que nous seuls pourrons comprendre ce soir. Encore près d’elle, je replace une de ses mèches, avant de lui voler un baiser chaste et l’emmener avec moi. Ouvrant la porte discrètement, j’observe quand même le couloir avant de sortir. D’ici on entend encore la musique… combien de temps sommes-nous partis ? Puisqu’il n’y a personne aux alentours, j’en profite pour attirer Ye Won contre moi « Tu veux y retourner ? » j’aurais presque envie qu’on s’en aille. Qu’on puisse peut-être parler sans avoir envie de briser cette sphère. Alors peut-être est-ce plus raisonnable si nous allons avec les autres ? Je crois oui. Et quelque part ça m’amuse… comme un ado, je ris à l’idée, repars en arrière pour retourner avec elle à la réception. Je lâche sa main « J’y vais le premier. » parce-que si on arrive ensembles ça serait bizarre non ? Nouveau baiser que je lui vole rapidement, puis je commence à y aller, et fait demi-tour pour lui en donner un autre. En vérité si je m’écoutais je l’embrasserais toute la nuit… je pourrais même re ici en continuant à l’embrasser. Je me mords la lèvre, avant de cette fois la laisser pour entrer dans la grande pièce. Tout le monde est encore à table. Et je revois rapidement la mienne à quelques mètres de là. Retournant à celle-ci, Kitae est le premier à me regarder. J’avise devant eux des assiettes déjà bien entamée d’un plat. Avons-nous raté l’entrée ? « T’étais où ? » me glisse-t-il discrètement alors que je me réinstalle à côté de lui. Min me lance un regard, mais je suis incapable de savoir quel air j’ai. Coupable ? Innocent ? Je ne sais pas vraiment. Je tente de cacher ce sourire et avoir l’air le plus naturel possible. « Est-ce que ça va ? » me demande mon meilleur ami. « Ouais. » « Tu t’es disputé avec Ye Won ? » c’est une bonne excuse pas vraie ? « Oui. » et je baisse la tête sur le plat servi. Je mange déjà, affamé je l’avoue alors que la pression retombe doucement. « Tu veux qu’on aille en parler ? » et je m’en voudrais presque de voir son air inquiet sur son visage. « Non, t’en fais pas Kitae… rien de nouveau. » il fait la moue, jette un regard à Min alors que je tente de les ignorer.  

Son coeur palpite, son corps frissonne encore de ces ébats si particuliers. Un nouveau baiser, un autre aveu. Elle l’aime, depuis si longtemps. Elle l’aime au point de ne plus pouvoir se passer de lui, jamais. Au point de se noyer sous ce trop plein de sentiments à chaque fois que leurs peaux se frôlent. Elle l’aime si fort que lorsque leurs lèvres se retrouvent, plus rien n’a de sens, plus rien n’a d’importance. Elle l’aime à en crever. Et ce soir, tout est plus grisant encore, plus intense que jamais. Un baiser qui signe un point de non-retour, l’incapacité de revenir en arrière. Parce qu’elle le veut lui, maintenant et pour toujours. Dans sa vie, son quotidien. Elle le veut à chaque instant, chaque seconde qui passe, et ça, elle ne pourra plus jamais le cacher. Il y a ce sourire qui naît sur ses lèvres, d’une sincérité brute. Ses gestes hésitants alors que cette euphorie reste ancrée en elle. La peur quelque part que tout disparaisse, trop rapidement. Que tout s’estompe sans lui laisser le temps d’en profiter. De goûter une fois de plus à la sensation de sa peau contre la sienne. Alors elle se rhabille, croise son regard, et sourit une nouvelle fois, malicieuse. Encore éprise de l’effet de ces derniers instants. Mieux que n’importe quelle drogue, n’importe quel alcool. Plus euphorisant qu’on ne puisse l’imaginer. Et elle l’observe, encore. Ne saurait détacher son regard de lui. D’un simple geste de la tête, elle accepte cette demande, cette constatation. Bien sûr qu’elle reste avec lui, bien sûr qu’elle refuse l’idée que ce moment qu’ils viennent de partager ne soit qu’une parenthèse dans cette guerre qui n’a plus de sens. Qui n’a plus aucun intérêt à ce qu’elle continue. Ses mains glissent dans son dos un bref instant, alors qu’elle savoure ce nouveau baiser, fermant les yeux quelques secondes. Comment pourrait-elle désormais s’en passer ? Ca semble impossible maintenant, pas après ça. Nouant sa main à la sienne, elle sort de cette cabine, n’ose pas encore aviser son reflet dans le miroir. Elle ne se concentre que sur lui, sur ce regard qu’il lui porte, qu’elle comprend sans qu’il n’ai besoin de parler. Une aura particulière qui se dégage de la pièce lorsque ses lèvres rencontrent une fois de plus les siennes. Un contact qui réchauffe un peu plus son coeur, qu’elle sent gonfler dans sa poitrine. Mais la réalité lui revient peu à peu, alors qu’elle le suit dans ce couloir, la musique et les rires des autres parvenant déjà à ses oreilles. Une moue sur son visage, elle grimacerait presque à l’idée de retourner dans cette foule. Ses mains se raccrochant au col de sa chemise, elle accepte malgré tout. Appréhende déjà la suite. Elle ne veut plus le quitter, aimerait pouvoir s’échapper assez loin pour qu’on ne les retrouve pas, et qu’ils puissent profiter pleinement de ce renouveau qui est en train de se créer. Mais elle se fait à l’idée, rit après ce baiser volé, le regarde s’éloigner. Son coeur se serre de le voir partir, mais au fond d’elle, elle croit enfin qu’il reviendra, qu’il sera encore là demain. Et elle s’y raccroche. Lorsqu’il disparait de son champ de vision, elle ose enfin se tourner vers l’un des grands miroirs qui ornent le couloir. D’un geste rapide, elle tente d’effacer les traces de ces larmes déjà oubliées. Ses mains passent dans ses cheveux pour masquer ce qu’il vient de se passer. Elle trouve le courage de rejoindre à son tour la salle dans une grande inspiration, tente de cacher ce sourire qu’elle arrive difficilement à contenir. Pouvant alors remarquer les assiettes servies, elle reprend place entre Il Kyang et Min Young, son meilleur ami semblant soucieux de savoir ce qu’il s’est passé. « T’as une mine affreuse… » lui souffle-t-il à l’oreille, alors qu’elle ne répond que d’un haussement d’épaule. « Tu veux partir ? » ajoute-t-il, alors qu’elle ose poser son regard sur lui. Elle a peur quelque part qu’il puisse voir que tout vient de changer. Qu’au fond d’elle, il y a toujours cette euphorie, et que dans son esprit, elle repense encore à cet échange qu’elle vient de vivre avec Il Kyang. « Au pire, on s’en fout. » qu’elle siffle à l’attention de son ami, ses yeux posés sur l’assiette en face d’elle.

Assit à la table, je continue de manger le plat en observant les autres inconnus autour de moi. Le type de tout à l’heure, ris, parle plus fort que les autres. Un bref rictus au coin de mes lèvres, alors qu’il y a de ça quelques minutes, je pensais encore que quelque chose serait possible entre un homme et Ye Won. Douce euphorie qui me parcourt la peau, je frissonne brusquement en la voyant revenir et s’installer à côté de moi. Mon cœur bat plus vite… s’accélère beaucoup trop. A tel point que j’ai peur de me faire remarquer. Alors je me saisis de mon verre, le boit en entier alors que Kitae se penche vers moi « J’ai hâte qu’on ait finis de manger. C’est un peu barbant. » Et il dit surtout ça pour l’ambiance pourrie entre Min et nous. J’avise mon meilleur ami, dépose mon verre et jette un rapide coup d’œil vers lui. Est-ce que Ye Won lui confiera ce qui s’est passé ? Est-ce qu’elle osera assumer ce que nous avons fait ? Je ne sais pas vraiment, mais j’ai cette sensation que rien ne pourrais me troubler. J’esquisse un sourire, hausse bêtement les épaules. « Il finira bien par se calmer. » il n’a pas le choix, car s’il pense que je vais laisser tomber. Je n’en ai pas envie. Inspirant lentement, je tente de calmer ma nervosité, avant de remanger. Kitae me regarde étrangement et je déteste cette façon qu’il a de pouvoir me soupçonne aussi facilement. La bouche pleine je finis par le pousser d’une main « T’as finis de me regarder comme ça ? » je rirais presque déjà, alors qu’il arque un sourcil « T’as un truc dans le cou. » je me fige aussitôt. Passant rapidement une main sur ma peau. « Quoi ? » il se penche un peu vers moi, alors je recule comme je peux en me pressant pour effacer je ne sais trop quoi. « Tu t’es blessé ? » « Non ! » et je frotte un peu plus fort, en détournant les yeux. « Ah ouais c’est bon, tu l’as enlevé. » et merde ! Ça devait surement être une marque de rouge à lèvre. Je plonge aussi vite de nouveau dans mon assiette, alors qu’il ne me lâche pas d’une semelle. Sans déconner ? Pourquoi est-il un aussi bon meilleur ami ? Je préférais qu’il s’en foute de moi. Qu’il s’occupe davantage de lui… je lui adresse un regard alors qu’il se décide enfin à manger. Brève trêve avant qu’il ne revienne à l’attaque je le sais. Et la présence de Ye Won à mes côtés n’arrange en rien ce que je ressens. Je suis troublé, encore plus lorsque je sens son parfum arriver jusqu’à moi. J’ai envie de lui sourire, de la regarder, mais si je fais ça tout le monde nous verra. Alors je me force à garder la tête de l’autre côté d’elle. A m’intéresser aux discussions dont je me fous complètement. Déglutissant, je tente de tendre l’oreille du côté de Ye Won, entendre si elle et Min discutent. Mais il y a beaucoup de bruit… alors j’abandonne un peu. Continue de manger l’air de rien. Rester à ses côtés est un peu compliqué, avoir l’air normal aussi. Heureusement pour nous au dessert Jae se lève pour proposer aux gens d’aller au buffet où pleins de pâtisseries ont été installées. Je pousse un soupir presque de soulagement alors que tout le monde reprend sa liberté. Kitae se lève, et je finis par en faire autant avant de lancer un petit regard discret à Ye Won. Alors que mon meilleur ami part en premier, j’attends qu’elle soit un peu en retrait pour venir me poster derrière et lui souffler « C’est trop dur de me retenir. » un sourire dans la voix, j’évite de me faire remarquer. Mais en réalité, je meurs d’envie de la prendre dans mes bras. « J’ai envie de t’embrasser… » Un murmure discret à son oreille, alors que je laisse mes doigts frôler les siens. Et j’ai conscience que c’est impossible. Frustration qui s’immisce en moi, alors que plus rien n’a l’air de la faire fuir. Et cette sensation me grise, j’ai l’impression d’être en train de rêver. J’ai encore du mal à réaliser ce qui est en train de se passer. Presque entre deux mondes… comment avons-nous pu passer de la rancœur à… ce que nous sommes en train de faire ? Passant à côté d’elle, je reste malgré tout trop sage, et lui accorde seulement un regard avant d’aller me chercher de quoi finir ce repas. Kitae a déjà une assiette pleine de pâtisseries. « Olala regarde tout ce qu’il y a. » je rigole attrapant à mon tour de quoi me servir. Faisant mon choix, je reste à côté de mon meilleur ami, alors que Shin et Min Ah viennent nous rejoindre. Ah je les avais presque oubliés ! Min Ah s’extasie sur la soirée, avant de me raconter d’autres trucs que j’écoute à peine. En réalité, mon regard est seulement attiré vers Ye Won à quelques mètres plus loin. J’insiste un peu trop, mais je n’ai d’yeux que pour elle. Je sais qu’elle sera la seule à pouvoir capter ce regard que je lui lance.

Du bout de sa fourchette, elle joue nerveusement avec la nourriture dans son assiette. Elle tente maladroitement de cacher ce sourire qui veut désormais prendre toute la place sur ses lèvres. Et c’est difficile ça aussi, plus qu’elle ne l’aurait cru. Elle ne sait pas vraiment comment elle doit se comporter, ce qu’elle peut ou ne peut pas faire, à tel point que ça en devient frustrant. Alors elle tourne la tête vers son meilleur ami, qui semble porter toute son attention sur elle. Arquant un sourcil, elle tente de manger. « Qu’est-ce qui a ? » ose-t-elle demander, alors qu’il semble se faire de plus en plus soucieux. « T’as encore pleuré. » Une constatation, une vérité qu’elle ne peut pas nier. Mais comment pourrait-elle lui dire ce qu’il s’est réellement passé ? Elle n’est pas certaine qu’il puisse comprendre, voire même accepter ce qu’elle aurait à dire. « Et ? Qu’est-ce que ça change ? J’ai pas envie d’en parler de toute façon. » Elle pince ses lèvres, et repense irrémédiablement à celles d’Il Kyang posées sur les siennes il y a quelques minutes à peine. Comme si son corps en redemandait, encore. Elle peut sentir sa présence, qui l’électrise une fois de plus, mais elle reste à sa place, ose à peine bouger. Le temps lui parait long tout d’un coup, alors qu’elle ne fait qu’attendre le moment ou elle pourra enfin quitter cette table. Elle ne prend pas vraiment la peine de s’intéresser aux discussions des autres, son regard qui se perd sur les objets présents sur la table. Elle se perd dans ses pensées un instant, avant que Jae ne se lève, et propose à ses hôtes de rejoindre le buffet des desserts. Un soupire qu’elle retient, ses yeux se posant sur Il Kyang furtivement. Et ça tourne en boucle dans sa tête, ces mots qu’il a prononcé à son égard, ses mains sur sa peau. Le sentiment de se perdre un peu plus dans cette folie, alors qu’elle ne peut pas l’approcher, pas maintenant. Elle finit par se lever à son tour, se dirige vers l’endroit ou il y a le moins de monde. Et ses yeux s’écarquillent en sentant le souffle d’Il Kyang à son oreille. Sans le contrôler, ce sourire glisse sur ses lèvres, sans qu’elle ne puisse le contenir. Sa tête tourne légèrement vers lui pour l’observer du coin de l’oeil, et elle rit à sa remarque. S’il savait à quel point elle en a envie aussi. Mais elle ne dit rien, le laisse simplement repartir. En silence, elle se prépare une assiette, Min la rejoignant rapidement. D’un regard, elle lui fait comprendre qu’elle n’a pas envie de parler de ce qu’il s’est passé. De toute façon, il sait qu’il finira pas savoir. Alors il arrête d’insister, ajoute une autre pâtisserie à l’assiette de Ye Won en lui offrant un sourire, avant de retourner à la table. Et elle le suit, comme si de rien n’était. Sur le chemin, elle profite de l’inattention de Kitae et Min pour s’approcher d’Il Kyang, soufflant à son oreille « on se retrouve sur la plage après ? » avant de partir, lui offrant un sourire. Mais devoir encore attendre semble devenir pénible pour elle, alors qu’elle a du mal à détourner son regard de lui. L’intérieur de ses joues qu’elle mordille, tentant de manger ses pâtisseries, elle attend que la fin du repas sonne, pour s’éclipser enfin. Sans un mot aux autres, elle se décide à rejoindre la plage, enlevant ses chaussures qu’elle garde à la main. En attendant, en espérant même qu’Il Kyang la rejoigne, elle se dirige vers le bord de l’eau, trempe ses pieds, et observe au loin. Elle n’attend plus que de le retrouver, enfin.

Ce qui se passe autour de moi, ne m’intéresse plus. Qu’importe le monde qui me parle, leurs voix me semblent désormais lointaines. Presque sourdes à mes oreilles… je n’ai qu’un envie, c’est de pouvoir la retrouver. Etre avec elle, parler, ou même simplement la toucher. Je n’avais rien présager, je n’avais pas imaginé que la journée se finirait ainsi. Je suis en plein rêve, en pleine remise en question aussi. Mais ça n’a rien de douloureux cette fois. C’est grisant, exaltant de l’admirer de loin. De repenser à ce qui vient de se passer. Folle envie qui me prend de la rejoindre simplement, de laisser les autres pour nous retrouver. Mais je reste sage, l’observe encore sans rien dire… ce n’est que lorsqu’elle ose venir m’approcher, que je souris à nouveau. Espiègle, j’ai déjà hâte qu’on s’éclipse d’ici. Je la regarde partir dans son coin, fait semblant avec les autres. Mais les secondes semblent s’écouler comme des heures. Impatience qui me ronge. Je déguste sans en apprécier le goût, me rappelant simplement de la saveur de ses lèvres contre les miennes. Et ces idées me brûlent, me dévorent. A tel point qu’à la fin du repas, je n’attends pas vraiment pour m’enfuir. Je ne préviens personne, ce moment n’appartient qu’à nous de toute façon. En allant sur la plage, j’ai le cœur battant, encore plus lorsque j’avise sa silhouette au loin. Douce image, comme dans un rêve que je ferais… j’ai presque peur qu’elle ne s’envole, mais cette fois c’est différent. Plus je m’approche, et plus, elle devient réelle… le souffle coupé, je ne me retiens pas de venir poser mes mains sur ses yeux pour lui murmurer « Tu m’attendais ? » et j’ai déjà ce sourire sur les lèvres, alors que je me poste à ses côtés. Lui jetant un regard, je ne cède pas à l’envie de l’embrasser en passant mes bras à sa taille pour l’approcher de moi. Mon souffle est si court, à l’intérieur c’est une explosion de sentiments. Comme si tout ce que j’attendais enfin était en train de se produire. Me reculant juste assez pour l’observer, je me mordille la lèvre inférieure… que plus personne ne me réveille si tout ça n’est pas vrai. Que personne ne me sorte jamais de ce monde où elle et moi serons heureux… « Ye Won… dis-moi que tout est vrai… » Je t’en prie, j’ai besoin de t’entendre me le dire. De voir dans tes yeux cette lueur salvatrice… cette lumière que tu avais perdue… et je sais que tout ne pourra pas être aussi facile que ça. Qu’il ne suffit pas d’un échange amoureux pour tout régler. Mais j’aime à croire qu’elle pourra à nouveau… être heureuse… et avec moi. Mon regard perdu dans le sien, je laisse mes doigts caresser sa joue, retrouvant trop vite ces habitudes. Ces manies que j’aimais tant. Est-ce que j’en ai le droit ? « J’ai tellement espéré… j’ai cru que plus rien ne serait possible… » Et ça me fait presque mal de le dire. Mais j’ai besoin de réaliser, de me rendre compte que tout ça n’est pas dans ma tête. Que je n’en suis pas devenu fou au point de m’imaginer cette vie. Je souris un peu plus à la sentir aussi proche de moi. A humer cette odeur iodée qui se dégage de la mer… je me sens bien subitement. Comme si tout ce que j’avais pu ressentir jusqu’à maintenant n’était qu’un cauchemar. Me détachant, je retire mes chaussures avant de venir attraper sa main. « Viens avec moi. On va plus loin. » Et je l’entraine déjà, me mettant à courir pour qu’on puisse s’éloigner de l’hôtel et des invités. Personne ne viendra briser ce moment. Je m’en fais presque le serment, alors que je laisse mes pieds fouler l’eau. Presque comme un gamin, je laisse échapper un rire en la regardant. Et si toute mon innocence pouvait revenir, alors je l’accepterais. Je la laisserais m’emporter pour qu’on puisse à nouveau être bien tous les deux. Et dans mon élan, je lui fais face continue de reculer jusqu’à m’arrêter assez loin de la réception. Puis malicieux, je me laisse tomber au sol en l’entrainant dans ma chute pour venir la réceptionner sur moi. Et je me fous d’être mouillé, d’avoir le dos trempé par les vaguelettes qui s’écrasent contre le sable. Je veux juste être avec elle… je laisse nos rires troubler ce bruit apaisant. Se mêler entre eux, comme des adolescents heureux. Et en cet instant, j’ai l’impression que rien du reste n’a jamais existé. Pourtant je sais que je finirais par m’en rendre compte. Nous avons changé et je le sais. Je l’ai accepté… c’est cette Ye Won là que je veux… « J’ai plus envie de vivre dans un souvenir… » Une nouvelle confession que je lui fais. Parce-que je veux qu’elle se rende compte que je ne suis plus le même qu’avant. Et qu’importe ce qu’on fera, le temps s’est écoulé. Les années sont passées… j’ai eu le temps de réaliser, de comprendre que je ne pouvais plus vivre sur des vieux souvenirs. Je ne pourrais jamais redevenir le garçon que j’étais… mais je peux devenir quelqu’un de mieux… Je la veux elle… avec ses tourments, ses démons, ses doutes… je m’en fous. Je serais là pour elle… 

La voilà à attendre, gardant en tête l’idée que cette folie qu’ils vivent est bien réelle. Elle veut s’y accrocher, y croire plus que le reste. Elle a besoin d’avoir la certitude que tout ça n’est plus vain. Que cette guerre prend fin, de la plus belle des manières. Qu’enfin, l’amour qu’elle lui porte sera suffisant pour effacer le reste, et retrouver cette lumière, sa lumière. La tête baissée, jouant avec ses pieds dans le sable, un sourire naît sur ses lèvres à sentir les mains d’Il Kyang sur sa peau. Et si à cet instant son coeur bat plus vite dans sa poitrine, ce n’est pas douloureux. Enfin, des battements de vie doux, apaisants. Dans une vieille habitude qui renait, sa main s’agrippe au col de sa chemise, son regard se perd déjà dans le sien. « C’est vrai… » Un murmure, une autre façon de lui faire comprendre, qu’elle l’aime, qu’elle l’a toujours aimé. Même à travers ces épreuves, même malgré la souffrance et la rage. Qu’importe ce qu’il a fait naître en elle dans ces disputes, dans ces coups de colère. Son amour pour lui est resté là, intact. Il s’est nourrit du meilleur et du pire, à chaque instant, pour devenir plus puissant, plus intense. Sa main se perd déjà dans son cou, ce besoin omniprésent de sentir sa peau contre la sienne. Un simple touché pour se rendre compte une fois de plus que cette fois, tout est réel. Qu’elle ne rêve plus, qu’elle s’attache à une image qui se forme véritablement devant elle. Et elle sourit, une fois de plus. Cette fois pourtant, la peine disparait, se transforme. « J’y ai cru aussi… » avoue-t-elle dans un souffle, incapable de le lâcher du regard. Même lorsqu’il attrape sa main, qu’il se met à courir pour profiter pleinement de la quiétude de cet instant. Ca n’appartient qu’à eux. Ce moment n’est fait que pour eux, qu’ils puissent réellement se retrouver. Naïvement, elle repense à son anniversaire, cette surprise qu’il lui avait fait. Ces minutes à jouer dans l’eau comme les adolescents qu’ils avaient été. Mais cette fois, c’est bien plus grisant, bien plus envoutant. Parce qu’elle est pleinement consciente des sentiments qu’elle éprouve. Elle ne les mets plus de côté, les laisse simplement prendre toute la place en elle. Et elle en rit, innocemment. Elle retrouve un peu de légèreté, la savoure. Elle qui en avait tant besoin. Puis, elle se laisse tomber, se blottit déjà contre lui. Elle jette ses chaussures un peu plus loin, et s’accroche à lui, encore. A ce bout de tissus, comme pour l’empêcher de fuir. Un geste pour lui demander de rester là, de ne plus jamais la quitter, la laisser seule sans lui. Parce qu’elle n’est pas sûre de pouvoir le supporter, pas cette fois. « Moi non plus… » répond-t-elle, ses lèvres qui se pincent, sa main libre caressant sa joue. Des secondes entières à se perdre dans ses yeux, à y lire toute la sincérité dont il fait preuve. Elle ne peut plus le lâcher, refuse désormais l’idée de le voir s’éloigner. Et tant pis pour le reste. Pour ce passé qui les a enchaînés, malmenés de la pire des manières. C’est lui qu’elle veut. Tel qu’il est, tel qu’il a toujours été. Et même s’ils ont changé, alors elle apprendra, s’en contentera, tant qu’il sera là. Parce que c’est tout ce qui compte maintenant. « Ne me laisse plus… » Ces mots qui sonnent comme une dernière supplique, pour abdiquer totalement, face à tous ceux qui auraient refusé de les savoir à nouveau réunis, face à toutes ces épreuves qu’elle pourra définitivement mettre derrière elle. « Je t’aime, tellement… » Un cri du coeur, ce besoin de lui dire, de lui montrer, à quel point sa sincérité la dépasse. Cette envie de lui montrer, à quel point sa vie pourrait changer, si désormais, elle doit l’affronter à ses côtés.

Ces mois ont été terribles, interminables et douloureux. Mais ces dernières semaines m’ont appris beaucoup sur elle et sur moi. Ce que je voulais, ce que je ne voulais plus. Et qui j’étais devenu, celui que je pourrais être aussi. Et malgré ces doutes, ces craintes j’ai envie d’y croire. De me perdre dans ces promesses silencieuses. Je t’aimerais Ye Won, comme il le faudra… et même si je suis maladroit, si je ne suis pas celui qu’il faut… apprends-moi. Apprends-moi à aimer réellement. Je n’ai jamais su le faire finalement. Assumer mes sentiments est la meilleure chose que j’ai faite. Mais ça ne m’a pas sauvé, ça n’a rien changé avant ce soir… je ne veux plus qu’elle doute. Qu’elle n’est plus confiance en moi. Intérieurement, je me promets de faire ce qu’il faut… et cette fois-ci je serais à la hauteur. Faites que ça soit vrai ! Faites que j’en sois capable. Et même si je m’égare, qu’on me remette sur le droit chemin. Celui qui mène à elle… je n’ai jamais ressenti ça auparavant. Tout contre elle, j’ai l’impression de succomber à nouveau. Car si j’avais réussi à lui dire mes sentiments, nous n’avons jamais encore rien vécu de similaire. Avant, j’étais là, sans être là… et j’ai conscience que ça sera différent. Que maintenant les choses seront peut-être plus difficiles aussi. Parce-que lui dire que je l’aime, c’est prendre le risque de tout vivre plus intensément. D’être jaloux, ne pas supporter de la voir loin… devenir esclave d’elle… mais je m’en fous. Je prends le risque si je peux me sentir heureux. Enfin apaisé à ses côtés, je me perds dans ses mots, m’enrobe dans sa chaleur réconfortante. Je ne pourrai plus te laisser Ye Won… c’est impossible. Je suis foutu et je le sais. Mais ça ne me fait pas peur… et de nouveau ses mots, ce cri si fort… je chavire un peu plus. M’y accroche. Parce-que je ne veux qu’elle… « Je t’aime. » aujourd’hui, demain un peu plus. Je lui dirais encore et encore parce-que je n’ai plus peur. Et cette idée me fait sourire, me transporte un peu plus alors que je capture à nouveau ses lèvres dans un baiser amoureux. C’est toujours plus grisant ce soir, chaque picotement un peu plus puissant. J’aimerais que le temps s’arrête… que plus rien ne nous ramène à ce quotidien. Mais on est encore loin n’est-ce pas ? On peut se laisser aller. Profiter rien que tous les deux. Et tandis que je me perds à nouveau dans ses yeux, je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. Je me tords un peu pour le récupérer et voir le numéro de Kitae. Je grimace, il doit s’inquiéter surement mais… je raccroche aussi vite pour venir l’éteindre. « Rien que toi et moi. » le reste on s’en fout. Tant pis pour les autres. Je veux vivre ce moment avec elle. Espiègle, j’inverse nos positions, amusé en laissant échapper un petit rire. « Ils vont nous chercher partout. » mais ça me fait sourire. Je suis loin de m’inquiéter pour eux. Lui volant un rapide baiser, je me redresse et lui tend la main pour l’aider à se relever aussi. Puis lui jetant un regard « Est-ce que tu nous crois assez fou pour qu’on se baigne ? » évidement. Je n’ai pas vraiment besoin d’attendre sa réponse, avant de retirer déjà ma chemise. Je m’en fiche, il n’y a personne pour l’instant. Et il est tard, alors cette plage nous appartient. Restant en sous-vêtement, j’avais rapidement Ye Won, avant de venir m’approcher d’elle et la porter dans mes bras. « Cette fois, je t’épargne pas. » pas comme lorsque nous étions ensembles à son anniversaire. Et je ris déjà, en me précipitant pour entrer dans l’eau. Et la température est assez froide je l’admets. A tel point que j’en frisonne et grimace. Pour l’instant Ye Won touche à peine la surface, mais après un sourire taquin, je finis par la lâcher avant de plonger à mon tour entier dans la mer. Je laisse échapper un nouveau rire, secoue mes cheveux pour l’arroser, alors que mes mains la cherchent déjà. M’accrochant à elle, je l’attire contre moi « Avoue, que ça aussi ça t’avais manqué. » notre folie. Cette façon de se foutre de tout et juste oublier quand on est ensembles. De juste savoir profite de l’instant présent. J’ai envie d’avoir cette naïveté cette nuit. Laissez tomber tous ces préjugés sur notre relation. Je sais ce que nous avons été et ce soir, je n’ai pas besoin de mettre de mot sur ce que nous sommes. Tant qu’on est ensemble.

Qu’importe ce qui s’est passé hier, ce qui se passera demain. Le plus important, c’est cet instant qu’ils vivent. C’est cette proximité qui se recrée entre eux. Cet amour qui se redécouvre sous un nouveau jour. Elle n’avait qu’à entendre ces mots, pour sombrer un peu plus. Qu’on lui dise qu’elle est folle, qu’elle ne devrait pas, elle arrêtera d’écouter les autres. Car ce soir, dans ses bras, il est là. Et c’est tout ce que son coeur réclame, depuis trop longtemps. On pourrait lui reprocher d’être faible, de prendre les mauvaises décisions, elle s’en fout, tant qu’il reste près d’elle. Un baiser dans lequel elle se perd, ses yeux qui ne regardent que lui. Elle retrouve celui qui lui a tant manqué, au point de croire qu’elle manquait d’oxygène, qu’elle avait perdu cette lumière qui l’aidait à avancer. Mais ce soir, tout revient à elle, aussi inexplicable que surprenant. Tout reprend sa place, sans qu’elle ne le contrôle. Elle redécouvre un peu de bonheur, alors qu’elle croyait ça impossible, et elle s’y perd, aveuglément. Et elle rit, pour la première fois depuis longtemps. Elle rit de le voir éteindre son téléphone, de la façon qu’il a de lui dire qu’il n’y a qu’elle et lui. Comme si tout était insensé. Un rêve qu’elle vit, et dont elle se réveillera demain. Mais elle ne veut pas se réveiller, elle veut rester là, contre lui. A se nourrir de cet amour nouveau qu’il lui apporte. Son dos rencontre le sable, alors qu’elle reste accrochée à lui, enroule ses bras autour de son cou. « Qu’ils nous cherchent, ils nous trouveront pas. » Une malice certaine dans ce sourire qu’elle lui offre, attrapant sa main pour se redresser à son tour. La folie est encore présente, les enivre au point qu’elle pourrait le suivre n’importe ou. « Toi ? Oui. » Et elle rit encore, retirant sa robe qu’elle jette à côté de ses chaussures. Un cri qui s’échappe d’entre ses lèvres alors qu’il la porte déjà jusqu’à l’eau, qu’il la fait tomber dans celle-ci. Et elle plonge, sans hésiter, malgré les frissons qui la parcoure. Ce soir, elle veut simplement profiter, se perdre davantage dans cette parenthèse qu’on lui offre. Mais elle le cherche encore, noue ses jambes autour de ses hanches quand il l’attire à lui. Son corps tremble légèrement, pourtant elle ne saurait dire si cela vient du froid ou du simple contact de leurs peaux. Elle semble si paisible à la lumière de la lune, un sourire impérissable alors que ses lèvres viennent capturer les siennes. Un autre baiser amoureux, son corps qui se presse un peu plus contre le sien. Tout est bien réel, mais elle a encore du mal à y croire. « Tout m’a manqué. » De sa simple présence à leur fougue d’adolescents. Leurs nuits entières à parler du monde, leurs escapades loin du quotidien. Absolument tout. Et elle ne s’en cache plus, n’en a plus envie. Elle veut qu’il voit, à quel point sa présence est indispensable. D’un regard espiègle qu’elle lui porte, elle se détache de lui, plonge pour ressortir la tête de l’eau un peu plus loin. Elle veut s’amuser, vivre. Tout ce qu’elle a manqué ces dernières années. « Et maintenant, tu crois pouvoir m’attraper ? » Une question de cette voix enjouée, avant de disparaître sous l’eau, se mettre à nager. Elle se sent libre ce soir, comme elle ne l’a jamais été. Et vivante, si vivante. Enfin complète. Enfin elle. Aussi surprenant que cela puisse paraître. Elle se laisse aller, en oublie le monde autour et laisse ses envies dicter ses gestes. Comme une vieille habitude qu’il lui avait retiré, et qu’il lui offre de nouveau ce soir.

Je passais mon temps à croire qu’un autre pourrait la rendre heureuse. Qu’elle serait mieux sans, à vivre une vie loin de ma présence nocive mais… j’ai envie d’y croire. Ce soir j’ai envie de me dire que je suis le seul à pouvoir la faire sourire comme elle sourit. Je suis le seul à pouvoir la faire rire comme elle rit. Et je m’en fous de cette arrogance, de cette façon de dire aux autres c’est moi qui lui faut ! Je le pense ! Je veux que ça soit vrai. Je veux que sans moi elle ne soit rien, tout comme je ne suis rien non plus sans elle. Et c’est de cet amour fou dont je veux me nourrir. Qu’importe si ça m’étouffe, si je suis dépendant d’elle. J’assumerais ! J’ai déjà tant perdu au fil des années… j’ai une chance de pouvoir  nouveau la conquérir. Et je ne veux plus perdre ce temps. Dans ses bras je m’évade. J’efface ces marques si douloureuses, sur ma peau, dans mon esprit… elles mettront du temps à passer je le sais, mais elle sera la seule à pouvoir les apaiser. Et une fois de plus je me perds contre elle, dans cette étreinte si particulière. Cette atmosphère si bénéfique pour nous. Pour la première fois depuis longtemps je la sens différente… et c’est pour ces raisons, que je serais assez orgueilleux de croire que c’est grâce à nous. A ce qui se passe… c’était ce que nous attendions, chacun de notre côté. A souffrir en silence, à espérer l’autre… je ne veux plus être spectateur de sa vie. Je me laisse porter, guider par cette nuit folle. L’observant s’éloigner et nager plus loin. Un large sourire sur mes lèvres, je me lance aussitôt à sa poursuite. L’eau est froide, le vent un peu frais, mais qu’importe. Je me sens tellement bien. Tranquille, presque soulagé. Et ça ne m’était pas arrivé depuis tellement de mois. Je pensais avoir perdu cette petite flamme… mais Ye Won sait la raviver. Au doux son de ses rires, de cette malice entre nous, je la rattrape pour venir l’emprisonner de mes bras habiles. « Tu veux déjà me fuir ? » taquinerie, cette fois entre nous il n’y a plus de rancœur. Et je ris un peu plus, pour la capturer contre moi. Collant dons dos à mon torse, je lui murmure « Je te laisse plus partir. » et même si c’est un jeu ça reflète aussi ce que je pense. Je veux la garder pour moi, joué aux égoïstes. Et qu’importe ce que les gens diront. Les conseils qu’on me dira. Ye Won doit refaire partie de ma vie… et tout ne la gardant contre moi, je viens jouer avec ses doigts, frissonnent doucement contre sa peau « Tu sais qu’on fait le choix le moins raisonnable qui soit. » ce n’est pas un reproche, je m’en amuse. J’aime note insolence. Cette façon d’envoyer valser tous les autres. Puis en riant « Min va me tuer. » et j’en suis quasiment certains. Mais peut-être comprendra-t-il un jour que je ne joue pas ? Je n’ai jamais eu envie de jouer avec elle. J’ai été bête, j’ai eu peur… et ma peur m’a conduite à faire ces choix horribles. A cette pensée, je la serre un peu plus… je suis tellement désolé pour toutes ces choses qui nous ont blessés. Déposant un baiser sur son épaule, je n’ai pas envie d’être triste ce soir. Mais je me promets de faire les choses bien. De devenir enfin cet homme que je rêve d’être. « Je penserais à remercier Jae pour cette soirée. » laissant échapper un nouveau rire. Au final c’est un peu aussi notre soirée. Car sans ça, je n’ose imaginer si nous aurions pu nous rapprocher à nouveau. Laissant mon souffle glisser sur sa peau mouillée, je remonte jusqu’à son oreille pour venir lui souffler « T’es la première de nous deux à avoir craqué… quand tu m’as embrassé. » et c’est aussi facile que ça. Avec désinvolture, ce qui était douloureux peut devenir plus beau quand on est tous les deux. Et je transforme ce moment troublant, en venant plaisanter. Le rendre plus léger. Et amusé, je m’éloigne en riant de ma provocation. 

Elle n’aurait pas cru ça possible. Il y a quelques heures à peine, ils s’évitaient, se détestaient. Ils se criaient leur rage et leur amour qui les a tant fait souffrir. Il y a moins d’un jour, elle pleurait cette histoire qui - elle s’en persuadait encore - ne menait plus à rien, sauf à un peu plus de douleur. Et maintenant, elle est là. Elle savoure le simple fait d’être dans ses bras. Elle oublie tout, regoûte à ses lèvres avec désinvolture, et se fout du reste. En un claquement de doigts, elle retrouve ce bonheur qu’il avait su lui offrir, sa légèreté, son engouement à la vie. Elle n’attendait que ça, et peine à croire que cette soirée est bien réelle. Il y a tant de choses qu’elle aimerait lui dire, tout ce qu’elle a encore sur le coeur. Tout cet amour qui la consume plus encore ce soir. Mais elle ne veut pas y penser, pas encore. Elle veut s’amuser, profiter. Sentir un peu plus encore leurs corps collés l’un à l’autre. Un frisson la parcoure lorsqu’elle le sent l’attraper, murmurer à son oreille. Un autre sourire qui s’étire sur ses lèvres, elle n’a plus envie de se cacher, plus maintenant. « J’espère bien… » qu’elle souffle, dans un rire. Mais il y a cette sincérité qui reste présente dans sa voix, qui lui crie de ne plus l’abandonner. De rester avec elle, quoi qu’il arrive. Et sous ce ciel étoilé, elle le sait, ils seront plus forts à deux. Ils pourront tout traverser, s’ils empruntent enfin le même chemin. « Qui a dit que j’étais raisonnable ? » Elle l’observe du coin de l’oeil, malicieuse, joueuse. Elle joue avec ses doigts, et son corps tremble davantage à son souffle sur sa peau. Pourtant, elle en redemande, encore. « Faudra d’abord qu’il me passe sur le corps. » Un léger rire qui s’échappe d’entre ses lèvres, tout n’est que folie et enchantement. Et elle s’en délecte, s’en amuse comme si tout allait disparaitre demain. Elle laisse malgré tout ses appréhensions de côté, et se perd un peu plus dans cette étreinte, alors qu’elle resserre les bras d’Il Kyang autour d’elle. La sensation que procurent chacun de ses gestes semblent être décuplée, au point que même maintenant, elle a l’impression de divaguer. De ne plus être maîtresse de son propre corps. Qu’il est le seul à pouvoir la guider, finalement. Un baiser sur son épaule qui la fait partir plus loin encore dans cette dose d’adrénaline et de bonheur, comme si tout explosait en elle. Et sa remarque la fait rire une fois de plus, alors qu’elle aurait pu faire remonter de si mauvais souvenirs. Mais elle n’y pense plus. Met déjà tout ça derrière elle. Ce soir, elle n’est que cette jeune femme amoureuse qui savoure l’instant, et ça lui suffit. Elle l’arrose alors qu’il s’échappe, rit un peu plus fort. « Avoue que tu t’es laissé faire ! » Son sourcil qu’elle arque, cet air faussement outré qu’elle mime quelques secondes à peine, avant de s’approcher de lui. Sans céder à la tentation de retrouver ses bras, elle l’observe, ce rictus toujours marqué sur ses lèvres. « Et maintenant, si je t’embrasse, tu te laisserais faire ? » Elle garde cette légère distance, enjouée. Pourtant prête à succomber à n’importe quel instant. A retomber dans ses bras au moment même ou il la frôlera. Elle n’a plus peur, en fin de compte. De laisser ses pensées s’échapper, de laisser ces mots traverser la barrière de sa bouche. Elle ose enfin être elle-même, sans se soucier des conséquences de cette nuit. Ses doutes se dissipent au fur et à mesure des minutes qu’elle passe en sa compagnie, si près de lui. Désormais, la seule chose dont elle se persuade, c’est que demain, lorsqu’elle se réveillera, il sera là pour l’aider à affronter le monde extérieur.