Je la laisse approcher, l’observe malicieusement. Chacun de ses gestes me parait fou. Etre une hérésie… et je peine encore à croire que nous en sommes là à se chercher dans cette eau. Sur cette plage alors que j’étais prêt à tirer un trait sur elle. A me persuader que ma vie serait mieux sans elle. Douce folie qui m’habite « Tu peux toujours essayer. » petite provocation, alors qu’elle s’avance encore vers moi. Je ne recule pas, j’attends ce baiser avec impatience. C’est presque moi qui comble les derniers millimètres, pressés de ressentir à nouveau ses lèvres. Et je me perds un peu plus, soupire de bien-être. En me laissant aller à ce rêve éveillé. Je sais que la réalité me frappera à nouveau. Pourtant ce soir je n’y pense pas vraiment. Et même me détacher d’elle ne brise rien. Je reste accroché à elle, à ce que nous vivons. Mon cœur s’emballe un peu plus, alors que je commence à avoir froid. Je tremble un peu, l’approchant un peu plus « Et si on sortait ? On pourrait aller dans ta chambre… » la sienne pas la mienne. J’ai beaucoup trop peur que le reste du groupe nous voit. Je ne sais pas trop ce qu’on fera. Mais je ne nous voyais pas nous séparer à nouveau. Alors j’avais dans l’idée de pouvoir la rejoindre… et passer le reste de la nuit avec elle. Qu’importe que la soirée ne soit pas terminée. Moi je voulais être avec elle. A l’abri des regards, dans notre petite bulle. Je ponctue ma phrase d’un nouveau baiser, avant de lui sourire et attraper sa main. Et lorsque je me redresse, le froid est encore plus brutal avec la peau mouillé. Je lâche un petit râle, me presse un peu plus pour sortir et aller récupérer nos affaires. Evidement on est complètement trempé, ce qui n’arrange rien. Mais je me sens tellement euphorique que je n’y pense pas vraiment. Sourire aux lèvres, je n’arrête pas de l’observer. J’ai peut-être peur que tout s’envole, à tel point que lorsqu’elle termine à peine de se rhabiller, je viens déjà la chercher. Trouver sa main pour l’emmener avec moi. J’ai peur qu’on affronte le monde réel. Peur qu’on puisse avoir des mots de trop. Ne pas savoir quoi se dire une fois que cette euphorie passera. Mais je chasse cette idée, volontairement avant de me diriger vers l’hôtel. « On fait le tour. » histoire de ne pas croiser les autres. Passant mon bras au-dessus de son épaule, je la colle davantage. Arrivé à l’entrée, on nous regarde,  surement avec toute l’eau qu’on met partout. Me détachant de Ye Won, je la laisse avancer un peu avant d’apercevoir Jae au loin. Nos regards se croisent une seconde. Et j’ai le réflexe de détourner aussitôt les yeux. Me précipitant vers Ye Won, je rattrape sa main « Dépêche !! Y’a Jae ! » Et je la presse un peu plus, me met presque à courir. Il faut qu’on aille aux ascenseurs, et vite !  J’appuie rapidement sur le bouton. Gigotant dans tous les sens pour ne pas qu’il nous voit. A la fois nerveux et amusé. Je lâche un rire, en regardant Ye Won. « Il va tout gâcher ! » et je n’ai pas envie. Heureusement pour nous l’ascenseur arrive enfin. Je me jette presque à l’intérieur en poussant Ye Won alors que la voix de Jae s’élevait déjà pour m’interpeller. Lorsque les portes se ferment, je me mets à rire. « C’était moins une. » et j’ai conscience qu’on joue aux égoïstes. Mais… je m’en fous je crois. Je veux juste être là avec elle. Je réfléchirais pour le reste demain. Une fois à mon étage, je sors à l’extérieur « Je vais chercher mes affaires. Et après on va dans la tienne… » ce n’est pas vraiment une question. Je fais mes plans, fais ce que j’ai envie. Je n’ai plus besoin de douter. Je me sens assez confiant ce soir. Comme si toutes ces barrières avaient finis par céder. Et je lui vole ce baiser chaste, enjoué avant d’aller jusqu’à ma chambre. Je ne perds pas de temps, récupère mon sac, fourre mes vêtements dedans. Rien n’est plié mais je m’en fiche aussi. Je me précipite de nouveau pour aller la rejoindre. Et quand nous arrivons à sa chambre, je me sens presque libérer. Enfin à l’abri, surtout lorsqu’elle referme la porte derrière nous. L’ambiance est calme, sereine… et je nous sens comme dans un cocon. Un instant qui ne sera qu’à nous… je pose mon sac au sol, observe rapidement la pièce avant de lui lancer « Je fais comme chez moi ? Je vais prendre une douche brûlante. » parce-que j’ai froid avec nos bêtises. Et je me déshabille déjà. Lui lançant un regard pour l’inviter à me suivre. 

Elle s’avance, pose ses mains sur ses joues jusqu’à combler l’espace entre eux. Un autre baiser, toujours aussi amoureux, dont elle ne saurait plus se lasser. Un autre baiser qu’elle continuera de quémander, tant qu’elle le pourra. Et si elle doit faire face à la réalité, elle veut que ce soit celle-ci. Celle qui se déroule sous ses yeux, pas une autre. Celle qui pourra enfin la rendre heureuse, qui la poussera à croire en un avenir meilleur. Et c’est cette idée, qui la fait succomber un peu plus contre ses lèvres, avant de le suivre, se décider à sortir. Son corps tremble sous la brise qui vient caresser sa peau humide, mais elle continue de sourire. Elle a beau avoir froid, la simple présence d’Il Kyang la réchauffe assez pour le supporter. Ce sourire ne la quitte pas, lorsqu’elle se rhabille, récupère ses chaussures avant d’ancrer sa main dans la sienne. Elle ne veut plus le lâcher, plus maintenant qu’il est là, qu’il a osé lui dire une nouvelle fois qu’il l’aime. Parce que cette fois, elle le croit. « Je te suis. » qu’elle murmure, enroulant son bras libre autour de lui, se collant un peu plus contre lui. Elle se fout du regard que les employés peuvent leur porter, en rit même, alors qu’elle s’avance vers le couloir, se presse déjà d’atteindre les ascenseurs quand elle aperçoit Jae au loin. Elle marche plus vite, s’engouffre dans la cabine à peine s’ouvre-t-elle, et elle en rit. Elle entend même leur ami crier le nom d’Il Kyang au moment ou les portes se ferment, et s’en amuse, glissant ses bras autour de son cou. « Faudrait pas qu’on se fasse attraper. » qu’elle souffle, amusée. Sans un mot de plus, ils s’arrêtent à son étage, elle le laisse aller récupérer ses affaires. Pendant ce court instant où elle se retrouve seule, ses appréhensions renaissent en elle. Savoir s’il va réellement revenir, ou s’il va la laisser là, seule. Se rendre compte que tout ça n’était rien de plus qu’une parenthèse le temps de quelques heures, alors qu’elle espère que ça perdurera encore. Mais tout s’efface lorsqu’il réapparaît devant elle, laissant ce sourire revenir à ses lèvres. Ce n’est que lorsqu’ils arrivent à sa chambre, qu’elle ferme la porte derrière eux, qu’elle laisse échapper un soupire. Il est encore là, prêt à rester avec elle plus longtemps, et cette simple idée l’électrise. L’enivre un peu plus encore, si cela semble possible. Une malice certaine dans le regard, elle s’avance vers lui, l’aide à déboutonner sa chemise. « T’as pas besoin de moi pour faire comme chez toi. » Un léger rire pour ponctuer sa phrase, elle finit par se retourner pour lui tourner le dos, balance ses cheveux sur le côté. « Tu m’aides ? » demande-t-elle presque innocemment. Un frisson se fraie un chemin le long de sa colonne vertébrale, alors qu’elle se déshabille, en même temps qu’elle se dirige vers la salle de bains. Arrivée devant la pièce, elle se tourne un bref instant vers lui, lui offre un sourire avant d’aller ouvrir l’eau chaude, et laisser un épais nuage se former autour d’elle. Elle se sent déjà détendue, bien plus à l’aise qu’elle ne l’a jamais été, et continue de sourire, encore et encore. Attendant simplement qu’il vienne à elle, qu’ils se retrouvent pour ne plus se lâcher. Parce qu’elle sait qu’elle n’y arrivera plus désormais.

Avec elle, plus rien ne m’atteint. Je ne pense pas réellement à demain, ni même aux quelques heures. Je suis juste là, vivant ce moment sans ces interrogations qui m’assomment l’esprit. Pourtant je sais qu’une part de moi pourrait s’en inquiéter. Que tout ça ne pourrait durer, que ce n’est peut-être qu’un instant volé comme tous ceux que nous avons déjà eut. Et j’ai peur… peur de devoir affronter cette vérité. Alors je la chasse, la regarde inlassablement pour me convaincre que rien ne peut nous atteindre. Est-ce qu’elle aussi pourrait douter ? Est-ce qu’elle aussi à peur de parler ? Peut-être… et j’ai besoin qu’on laisse notre innocence prendre le dessus. Rester naïf, un imbécile heureux que rien ne peut atteindre. Et ça me va parfaitement. Ce jeu auquel on joue est grisant. Déjà je m’approche d’elle, frôle sa peau de mes doigts pour l’aider à se déshabiller… et je crois rêver encore. Lorsque son parfum m’enivre, j’inspire doucement… je veux me baigner dans cette insolence. Cette fragrance si particulière… je ne la lâche pas yeux, laissant tout le reste tomber pour venir la rejoindre dans cette douche déjà brûlante. Mon esprit est libéré de toutes ces craintes, lorsque je passe mes bras autour d’elle pour l’attirer à moi. J’aimerais que ce moment dure toute la vie. Que plus rien ne puisse jamais nous sortir de là… j’ai l’impression que plus rien n’existe à part nous. Seul au monde, seul dans notre bulle imperméable… Remontant mes mains jusqu’à son visage, je laisse le jet d’eau nous réchauffer avant de lui souffler « Je t’aime Kim Ye Won. » et la façon dont je prononce son nom me rends fou. Comme si je rendais les choses un peu plus vraies. Comme si j’arrivais à me dire que ce que je suis en train de vivre est réel. Dans mon esprit j’ancre ces mots, cette vérité qui est si évidente. Je pourrais le crier au monde entier si elle le voulait. Pour que plus jamais elle ne doute de ce que je ressens. Il n’y a plus de barrières entre nous. Plus d’alcool pour venir embrumer nos pensées, plus de raisons de faire semblant… du bout des doigts je caresse ses lèvres pulpeuses… la trouvant encore plus belle que jamais. J’aurais envie de l’embrasser à nouveau, mais je me contente de frôler sa bouche. Peut-être pour créer cette nouvelle frustration entre nous. Souriant amusé, je me recule pour attraper de quoi nous laver. Je sais rester sage quand je veux… et de ce même regard malicieux, je lui demande de me tourner le dos pour la laver. Faisant mousser le savon, je viens l’étaler sur sa peau. « Est-ce que tu vas te lasser, si je te le dis aussi souvent ? » mon ton n’est pas vraiment sérieux. Je savais aussi que si elle me le disait encore et encore, je ne pourrais pas m’en passer. J’avais tellement attendu que ce moment revienne enfin. Pour pouvoir lui répondre ce qu’elle méritait… et toutes ces années perdues. A avoir peur… remontant mes mains jusqu’à son cou, j’attrape ses cheveux délicatement pour lui mettre sur le côté de son visage. Approchant le mien de son oreille « Tu me crois maintenant ? » je laisse courir mon souffle, m’amuse à la faire frissonner un peu plus. J’espérais réellement que cette fois, elle ne doutait plus. Et même si nous n’étions pas prêts à en discuter sérieusement. J’avais eu moins envie de savoir ça. Qu’elle ne remettait pas en doute mes mots… pas ce soir en tout cas.

Un soupire de satisfaction s’échappe d’entre ses lèvres lorsqu’elle retrouve ses bras. Elle se souvient de toutes ces fois ou elle n’avait eu besoin que de ça pour se sentir mieux. De toutes ces fois ou elle a trouvé refuge à ses côtés pour oublier les épreuves qu’elle devait traverser. Elle aimerait tant que tout lui revienne. Même si elle sait, que le passé est à laisser derrière soi, que ce sera différent. Pourtant, elle croit encore au fait que demain, si tout va mal, il saura encore la réconforter par sa simple présence. Ce soir, sous le déluge de sentiments qui se bousculent encore en elle, il n’y a que son amour pour lui qui se dégage, à sentir sa peau contre la sienne. Son regard ancré dans le sien, elle a le sentiment de se perdre un peu plus encore dans cette bulle, dans cet élan d’amour qu’il lui offre. « Je t’aime aussi, Seo Il Kyang… » Un murmure, une supplique de plus. Et elle pourrait lui dire, lui répéter autant de fois qu’il le veut, elle le fera. Parce que ce soir, elle n’a plus peur de lui dire. Maintenant que sa langue s’est déliée, elle pourrait le crier haut et fort, que tout le monde le sache, elle n’en aurait que faire. Parce que la vérité est là, cachée sous trois petits mots qui ont trop longtemps été contenus. Jamais exprimés alors qu’ils auraient pu tout changer, bien avant. Elle met pourtant toutes ces pensées de côté pour se concentrer uniquement sur ce qu’elle est en train de vivre. Qu’importe le temps que ça a pris, finalement. Elle ne veut pas croire qu’elle est en train de rêver, elle veut se raccrocher à l’idée que tout ça est bien réel. Que ce soir, plus rien ne compte à part eux, et ce qu’ils sont finalement en train de vivre. Frustration certaine lorsqu’il l’empêche de goûter à ses lèvres, elle se retourne, enjouée. Le laisse décider pour elle. Savoure un peu plus encore ses mains sur son corps. « Je pourrais jamais m’en lasser. » souffle-t-elle dans un sourire. Elle a tellement attendu avant de pouvoir l’entendre, qu’elle ne pourrait plus se passer de ces quelques mots qui finalement, font toute la différence. Elle frissonne sous ses caresses, malgré l’eau brûlante qui réchauffe davantage la pièce, et elle rit, cette innocence dans la voix. Elle se délecte de ses paroles et s’enfonce un peu plus dans cette sphère qui se reforme lentement autour d’eux. Que ça lui avait manqué… Le simple fait qu’il n’y ait rien d’autre qui compte, rien d’autre que lui. « Ca dépend… » Sans attendre, elle se retourne face à lui, plonge une fois de plus son regard dans le sien. C’est encore plus électrisant, revigorant. Comme si le simple fait d’être face à lui, noyé dans cet amour, lui donnait une force nouvelle. « Redis-le pour voir. » demande-t-elle dans un sourire enjoué. Approchant son visage près du sien, elle ose murmurer à son oreille, comme un secret qu’il devrait garder pour lui. « J’aime quand tu me le dis. » Et elle se redresse, sourit, avant de se retourner à nouveau. Elle joue avec le feu. Elle se brûle les ailes mais n’en a que faire, si c’est le prix à payer pour être à nouveau avec lui. Elle paiera le prix fort de toute façon, tant que cela pourra lui apporter cette lumière qui manquait tant à sa vie. Même pour quelques minutes à peine dans ses bras.

Cette fois je sais qu’aucun retour en arrière ne sera possible. Et il ne s’agit pas de gestes, mais d’actes… de mots. Chacun est allé trop loin, à se dire ces vérités, ces sentiments si sincères… j’y crois vraiment cette fois. Et la façon dont elle prononce mon nom, me rend un peu plus fou. Je me mordille l’intérieur de la joue, retiens ces quelques frustrations en moi. Comment penser à tout le reste ? Alors que tout me semble si facile maintenant. Ça fait peur. Oui c’est effrayant de se jeter dans le vide, mais je pense en être capable. On s’amuse, se dit des choses que nous pensons. Nous nous tournons presque autour, mais cette fois ce n’est plus un jeu. D’une honnêteté sans pareille, je lui dirais autant qu’elle le veut. Et même si je la taquine de mes lèvres, de mon souffle au fond je meurs déjà d’envie de lui redire. Quand elle me fait face, je frisonne à nouveau, la regarde alors que je pourrais céder. Mais je ne le fais pas… juste pour jouer. Amusé, je garde un petit sourire au coin des lèvres, avant de poursuivre ce que je faisais. Je frotte sa peau délicatement, avec tendresse et devient même un peu plus sensuel à force de mes gestes. Jeu provocant, on se cherche, se touche… pour se découvrir à nouveau. En finissant cette douche, je suis déjà abruti par ces idées grisantes dans mon esprit. Incapable de détourner les yeux de sa silhouette. Je me sèche, le regard plein d’envie, et avant même qu’elle ne noue sa serviette autour d’elle je me presse pour la récupérer et la balancer. « T’as pas besoin de ça. » ma voix se casse déjà, avant que je vienne l’agripper et l’embrasser langoureusement. Et je cède à nouveau à cette euphorie, aussi facilement que ça. La soulevant pour l’emmener jusqu’au lit où je la laisse retomber plein de fougue. Approchant mon visage du sien « Je te le redirais, si tu me supplies. » et je ris contre sa peau trouvant déjà mon chemin, jusqu’à sa poitrine nue pour m’égarer sur ce corps que je connais par cœur. D’une nouvelle union, cette fois je m’attarderais davantage sur elle, sur ses plaisirs coupables. Je prendrais soin d’elle, l’aimerait comme il le faudra… sans réellement penser à moi jusqu’à atteindre de nouveau l’extase dans ses bras […] d’un murmure au creux de son oreille, je viens encore lui glisser ces quelques mots qu’elle attendait tant. Et pour la première fois depuis longtemps, j’ai l’impression de me livrer complètement. De lui avoir tout donné… à croire que ces paroles, peuvent finalement tout changer… Allongé à côté d’elle, je joue avec une mèche de ses cheveux. Et ce sourire de bien-être accroché à mes lèvres. « Je me sens bien là… je crois que c’est encore mieux que si on avait été à la soirée. » je lâche un petit rire « Tu crois que Jae nous en voudra ? » je ne sais pas vraiment. De tous Jae est le seul à ne pas s’être vraiment mêlé de nos histoires. Peut-être sera-t-il content ? Il n’a jamais été celui qui nous jugeait le plus. Je me sens apaisé, détendu, alors que je viens soudainement tapoter sur son petit nez « Hey ! T’as pas arrêté de te faire draguer aujourd’hui. » Et je ne sais pas pourquoi je repensais à ça soudainement. Peut-être parce-que je revoyais la journée que nous avions passé. Amusé, je me tourne sur le côté, pour venir lui faire face « Et c’était quoi ce maillot de bain ? Je t’ai jamais vu le porter avant. » Intrigué j’arque un sourcil. Avant de lâcher un petit rire, je cale ma tête sur l’oreiller. « C’est un peu fou de finir la soirée ensembles… » Je relève les yeux vers elle, sans oser en dire plus. Je n’ai toujours pas envie qu’on parle vraiment. Mais je voulais juste me rendre compte une nouvelle fois de ce qui se passait. Je commence à fatiguer, les muscles détendu, je retiens un bâillement en la regardant allongée à mes côtés. 

Un silence qui finit par s’installer, apaisant, réconfortant. Les gestes valent bien plus que les mots à cet instant, alors qu’elle sent ses mains balader sur son corps. Des frissons qu’il arrive à lui arracher du bout des doigts, quelques légers rires qui franchissent la barrière de ses lèvres. Elle ne peut s’empêcher de faire de même, récupérer du savon et profiter de cet échange pour parcourir ce corps qu’elle connait par coeur, qu’elle n’a jamais su oublier. Avec délicatesse, sensualité, ils partagent cet instant qui n’appartient qu’à eux, une fois de plus. Une soirée qu’elle grave dans sa mémoire, et ses lèvres qui se déposent sur son épaule pour y parsemer de légers baisers. A ses yeux, cela reste la plus belle des façons de le retrouver, le découvrir sous un nouveau jour, alors que cet amour explose enfin. Qu’elle peut finalement le vivre pleinement. L’impression de baigner dans le plus beau des rêves, et s’y perdre corps et âme. Un sourire qui ne la quitte pas, lorsqu’elle ferme le robinet d’eau, commence déjà à se sécher. Une surprise certaine, exprimée dans un léger rire, alors qu’il l’agrippe, lui offre ce baiser, bien plus passionné. Elle s’accroche déjà à lui, se maintient à son corps, comme si sa vie en dépendait. Un jeu différent des autres, mais qui a déjà trop duré, alors qu’elle laisse simplement son corps parler à sa place. Exprimer ses envies et ses désirs. Le besoin certain d’être sienne, encore une fois. Tout est encore plus grisant dans cette chambre. L’atmosphère que leurs âmes réunies créé est bien plus envoutante encore. Leurs corps nus prêts à exprimer une nouvelle fois tout cet amour qu’ils se portent, elle s’évade. Dans ce monde qui n’appartient qu’à eux, dans cette fougue, elle en oublie même qui elle est. Dans ces caresses, elle gémit déjà sous la sincérité brute de ces échanges qui se veulent plus doux, plus tendres, plus amoureux. Peu à peu, elle s’enfonce dans ce bien-être qu’elle ne connaissait plus, submergée par ses propres sentiments, par cette fougue et ce besoin omniprésent de vivre cet instant pleinement. De ses yeux clos, elle savoura tout ce qu’il osera lui offrir. D’un plaisir charnel, elle redécouvrira ce plaisir qu’il a toujours su lui donner, sous d’autres formes désormais. Sous le joug d’un amour qui se révèle plus intense encore au fur et à mesure des minutes passées à se rapprivoiser…


Un murmure à son oreille qui laisse un frisson parcourir son échine, elle flanche un peu plus. Pince ses lèvres, encore éprise de cette euphorie qui se dégage d’elle. Son corps endolori par ce nouvel instant partagé, par ses sentiments qui continuent inlassablement de la consumer. Viendra un jour ou elle implosera de cet amour, elle le sait. Mais il est si salvateur, rend les choses plus faciles. C’est ce qu’elle a envie de croire, dans cet autre sourire qu’elle lui offre. « C’est beaucoup mieux même. » ose-t-elle répondre, sans avoir peur cette fois. Malicieuse, peut-être trop éprise de lui, elle se demande encore comme tout a pu basculer de la sorte. Mais elle met ces questions de côté, alors que ses yeux continuent inlassablement de l’observer. De peur que cette image s’efface de son esprit un jour, même si ça semble désormais impossible. « Jae est bien trop occupé à savourer sa liberté. » Enjouée, elle ne l’avait plus été depuis si longtemps. Mais ça lui fait du bien, ça réchauffe son coeur, lui permet enfin de croire que tout finira par s’arranger. Un rire l’avait submergée, avant qu’elle ne prenne un air faussement outré à entendre sa remarque. Rien ne semblait pouvoir briser le bonheur qu’elle pouvait ressentir à ce moment précis. « Quoi ? C’est toi qui a pas arrêté de te faire draguer ! J’ai bien vu les regards que te lançaient cette fille. » Jalousie déjà présente, cachée sous un amusement certain. Mais elle s’en amuse, elle qui pensait devoir subir un jour l’image d’Il Kyang aux bras d’une autre, ose croire qu’elle pourra reprendre sa place à ses côté, comme une évidence. Ses épaules qu’elle hausse en souriant, elle finit par se tourner face à lui, ce regard qui veut tout dire. La pulpe de ses doigts embrasse sa clavicule pour remonter jusqu’à son cou, ses yeux suivant ses propres gestes avant de s’ancrer dans les siens. « Je pensais pas que ça arriverait… » ose-t-elle répondre, ses lèvres pourtant étirées dans ce sourire qu’elle ne veut plus effacer. Il lui a bien trop manqué ces derniers mois pour le contenir plus longtemps. Elle se rapproche un peu plus, se colle à lui pour enfouir sa tête dans son cou. Une manière pour elle de sentir une fois de plus, que tout est bien réel. Le besoin quelque part de retrouver cette tendresse qui lui manquait tant. La couverture qu’elle tire sur eux, comme si, finalement, elle se perdait un peu plus dans cette bulle qui s’était créé entre eux, et qu’elle ne veut pas voir disparaitre.

Qui aurait cru que la nouvelle vie de Jae commençait en même temps que la nôtre. Enfin… je l’espérais. J’avais vraiment envie de croire que c’était un nouveau départ. Qu’on allait enfin tourner cette page à deux, pour en écrire une nouvelle. Allongé à ses côtés, je me sens plus léger. Plus confiant aussi… moi qui doute toujours, et qui n’est jamais sûr de ce que je fais. Cette fois, je suis certains de prendre la bonne décision. Cependant, je reste secret sur ce que je ressens vraiment. Hormis ce bien-être apparent et cet apaisement. Jae savoure sa liberté, et moi la mienne… dans ses bras. Je n’aurais pas dût parler des autres hommes. Mais il n’y avait aucune animosité, je trouvais ça même plutôt drôle. De savoir que c’était moi qui finissais dans ses draps… « Tu parles de Min Ah ? » je ris presque moqueur « On s’est connu à quinze ans… c’est impossible. » à mes yeux, elle ne m’avait pas tourné autour. Je n’avais rien pour moi quand j’étais ados. Alors évidemment, je n’imaginais pas qu’aujourd’hui ça change quoique ce soit. Et en réalité, je m’en fichais un peu. Ce qui m’importait c’est d’être beau dans son regard. De retrouver cette confiance grâce à cette lueur dans ses yeux… et je ne sais pas comment elle fait. Pour me faire croire que tout est possible. Comme si tous ces mois de douleurs n’avaient été qu’une hallucination de ma part. Je devrais à nouveau me rendre compte de ce qui se passe… mais pas ce soir, pas en la sentant aussi proche de moi. Et son visage dans mon cou, me fait frissonner… ce contact doux et tendre. C’était ce qu’il me fallait… alors j’enroule mon bras autour d’elle, me baigne encore dans son odeur si rassurante. Me redressant un peu, je m’oblige à lui demander « Il faut pas oublier le réveil pour demain. Sinon on va se faire tuer. » Ye Won me connait, je ne suis pas du matin. Et si je rate l’heure, je sais déjà que Kitae va gueuler et même alarmer tout l’hôtel. Je fais la moue, retrouve l’oreiller pour la ramener contre moi.   En fermant les yeux, j’ose lui murmurer « T’es toute à moi. » et qu’importe la naïveté dans ma voix. J’ai envie d’y croire, la blottit un peu plus. Je sens la fatigue me gagner, cette sérénité si agréable. « Je remplace ta peluche ce soir… » Je souris contre l’oreiller. Je ne sais pas pour elle, mais j’en ai marre de dormir seul en pensant à elle. A m’imaginer si elle sera un jour dans les bras d’un autre. Ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas endormi vraiment dans les bras l’un de l’autre. Je veux dire consciemment. Ça ne ressemblait en rien à la fois où je devais faire attention à ne pas la frôler. Où j’avais presque peur de la toucher… cette nuit, je suis en droit de la vouloir et de la garder. Me reculant un peu, je cherche son visage et entrouvre à peine les yeux « Je vais m’écrouler. Je suis crevé. Je vais bien dormir dans ce soir. » On avait eu une journée éprouvante. Cette dispute avait été instance… si mouvementée. Je chasse ça de mon esprit et trouve sa bouche un petit baiser chaste. « Tu restes là. » elle n’a pas le choix. Le lit a beau être plus grand que nous, je veux rester collé à elle. La laissant juste trouver sa place entre mes bras, je la serre un peu plus « Tu vas rêver de moi, avoue-le. » et je trouve encore la force de plaisanter, laissant échapper un petit rire entre mes lèvres. Et c’est avec ce sourire, que je finis par trouver le sommeil rapidement contre elle…
Nuit agréable, songe apaisant… pour la première fois depuis longtemps, je me sens tranquille, réconforté alors que j’entends une mélodie au loin. Elle me fait sortir peu à peu de mon monde où tout était encore trop doux. Je comprends trop vite qu’il s’agit du réveil, alors je lâche un râle, fronce les sourcils contrariés. « Eteins ce truc. » que je marmonne déjà sur l’oreiller. Je refuse d’ouvrir les yeux, je n’ai pas envie de me lever. J’ai l’impression qu’il ne fait même pas jour dehors… à moins que les rideaux soient trop opaques… quelle heure est-il déjà ? Je ne sais pas… je me tourne doucement dans le lit, encore incapable de savoir où je suis… pourtant rapidement mes mains trouvent une silhouette à mes côtés… et tout me revient en tête… cette dispute, ces baisers… cette nuit… et d’habitude j’ai le cœur lourd. Je me réveillerais surement en sursaut… mais pas cette fois. Je glisse un peu plus contre elle, trouve la force de me redresser juste assez pour passer mon bras au-dessus d’elle et chercher son téléphone. J’entrouvre à peine un œil et éteins cet objet de malheur. Grimaçant, le visage encore froissé je regarde l’heure « Il est que huit heure. » c’est hyper tôt, on est d’accord ? Cette simple vision, me décourage aussitôt et je me laisse retomber sur le matelas en râlant un peu plus. Je suis crevé… j’ai bien dormis, mais je n’ai pas finis ma nuit. J’ai envie de profiter encore… « Il fait même pas encore jour. » je grogne cette information fausse, la tête plonger dans l’oreiller. Et comme je n’ai pas envie de me lever, je m’approche de Ye Won pour enrouler mon bras autour d’elle. « On se lève dans cinq minutes… »

En à peine quelques heures, Ye Won est déjà changée. Baignée dans cette euphorie qu’elle ne pensait plus possible. Elle se sent plus légère, comme si on avait enfin retiré cet énorme poids sur ses épaules. Soulagée aussi, certainement. Mais surtout, heureuse. D’avoir cette chance de pouvoir partager de tels instants avec lui, tout contre lui. Et elle rit enfin, retrouve ces éclats de vie qui manquaient tant à son quotidien, depuis si longtemps. « J’ai bien vu les regards qu’elle te lançait. J’suis sûre qu’elle aurait aimé être à ma place. » Une moue sur ses lèvres, avant qu’elle ne se mette à sourire une fois de plus. Ce soir, c’est avec elle qu’il reste. Rien n’aurait prédit une telle soirée, une telle fin. Elle peine grandement à y croire, ce besoin de sentir un peu plus encore sa présence pour se rendre compte que tout est vrai. Qu’il est bien là, que les mots qu’il lui offre ne sont pas le fruit de son imagination. Son téléphone qu’elle récupère pour le laisser mettre le réveil, elle reste contre lui, n’ose pas briser ce contact, de peur qu’il ne s’échappe. De peur de voir que tout ça n’était que le fruit de son imagination. Elle ne sait pas si elle pourrait le supporter, et préfère se complaire dans cette image qui se dessine d’eux. ’T’es toute à moi.’ Elle aime tant cette idée, qu’elle puisse enfin être sienne, quoi qu’il arrive. Qu’elle puisse être à ses côtés en toutes circonstances, qu’importe ce qu’il faudra encore endurer. « T’es encore mieux que ma peluche. » répond-t-elle dans un léger rire, se collant un peu plus à lui. Des baisers qu’elle dépose dans son cou, fermant déjà les yeux, elle se berce au son de sa voix, et elle savoure, imprègne dans son esprit chaque mot qui parvient à ses oreilles. « Je bouge pas. » qu’elle murmure tout contre sa peau. Et si elle devait rester là jusqu’à la fin, elle l’accepterait sans hésiter. « Bien sûr que je vais rêver de toi. » une pointe de taquinerie dans la voix, elle est déjà prête à s’endormir. A plonger dans ces songes, ces rêves qui semblaient encore impossibles quelques heures en arrière. Si on lui avait dit que ce soir, elle s’endormirait dans ses bras, elle n’y aurait pas cru, et pourtant…


Une nuit paisible, revigorante. Une nuit reposante, comme elle n’en a pas eu depuis si longtemps. Cette musique qui parvient à ses oreilles, l’extirpe des bras de Morphée, pourtant, elle a déjà ce sourire sur les lèvres, à sentir cette présence tout contre elle. S’ensuit la voix d’Il Kyang, dans un râle qu’elle reconnait rapidement. Il semblerait pourtant, que rien ne puisse la contrarier d’une si bonne heure, alors qu’elle le laisse éteindre le réveil, sa voix encore enrouée. Elle se blottit un peu plus contre lui, caresse déjà sa joue dans un geste tendre. Il lui faut quelques secondes de plus, avant d’oser ouvrir les yeux, pour pouvoir l’admirer. Une image qu’elle n’a pas voir depuis trop longtemps déjà, alors qu’elle s’amuse de le voir toujours aussi peu matinal. « Encore cinq minutes… » qu’elle susurre à son oreille, elle aussi encore endormie. Mais elle reste éveillée, finit par ouvrir totalement les yeux. D’une tendresse amoureuse, elle continue de caresser sa joue, tente à sa manière de lui offrir un réveil un peu plus doux. Et le temps semble s’arrêter, alors que rapidement, elle repense à cette soirée. Cette dispute qu’elle met rapidement de côté pour se souvenir du reste, de ce qui les a poussés à s’endormir l’un contre l’autre. Cette fois, elle n’a pas envie de fuir, au contraire. Elle aimerait rester là, dans cette bulle qui s’est créée autour d’eux. Des minutes qui passent à une allure folle, alors qu’elle ne fait que le regarder, se délecte de ce spectacle devant elle. Jamais, elle n’aurait cru vivre ça un jour, pas après tout ce qu’il s’est passé. Mais elle refuse d’y penser, se concentre uniquement sur lui, sa présence tout contre elle. Elle sourit un peu plus encore, lorsque son téléphone se met à sonner une seconde fois. Elle se dépêche de l’éteindre, et dépose un baiser chaste sur ses lèvres, comme si elle en avait encore le droit. « Il va falloir se réveiller, la belle au bois dormant. » Sourire tout contre sa bouche, avant qu’elle ne se détache, joue avec ses cheveux. Même de si bonne heure, elle se sent déjà comblée.

Apaisé et enfin à ma place, j’ai encore du mal à comprendre tout ce qui m’arrive. Mais cette main sur ma joue me réchauffe le cœur. Les yeux fermés, je laisse un petit sourire étirer mes lèvres, alors que ma tête me crie de rester encore endormi. J’aimerais profiter encore et encore... je n’ai pas envie de me lever et de reprendre la route. De toute façon je sais que je vais dormir dans la voiture. Alors autant le faire dans un bon lit confortable. Je fronce les sourcils à cette idée, me rapproche un peu plus de sa silhouette. Juste cinq minutes c’est rien… enfin je crois… et je suis déjà prêt à replonger le premier… mais la musique retentit à nouveau. Mais c’est surtout son réveil en douceur qui me plait le plus. Je lâche un gémissement de fatigue et la blottit contre moi. « J’ai pas envie. » que je râle déjà. Je voudrais rester là dans ses bras. Toute la vie si c’est possible. Et j’ai conscience que c’est impossible mais je ris à cette idée. Me bougeant un peu, je viens enfouir mon visage dans son cou pour y déposer un baiser contre sa peau. « Je veux rester avec toi. » je marmonne, la voix étouffée alors que je m’amuse à lui souffler dessus pour la faire frissonner. « Encore dix minutes… ou peut-être vingt. » je négocie du temps précieux en sa compagnie. Mais je la taquine surtout dès mon réveil. Je suis encore plongé dans cette ambiance si douce. Me redressant, j’ouvre enfin les yeux pour voir apparaitre son visage et mon cœur rate déjà un battement… déjà trop amoureux de bon matin, j’ai l’impression que mon corps entier va céder sous son regard… ça faisait si longtemps que je m’étais pas senti aussi bien… j’ai l’impression d’avoir dormis pendant des mois. Et de me réveiller enfin… L’approchant, je viens déposer un baiser sur ses lèvres avant de sourire « Salut toi. » l’un des meilleurs réveils depuis des mois. M’éloignant un peu, je me penche pour venir attraper mon pantalon et récupérer mon téléphone. L’allumant, je me laisse retomber sur le matelas avant de voir apparaitre au moins dix appels de Kitae. Mais ce qui m’intéresse le plus c’est l’heure… Je lâche un soupire « Pourquoi ils ont décidés de partir aussi tôt ? Je suis sûr qu’aucun n’a décuvé de la veille. » À part peut-être Min qui resterait le plus raisonnable. Posant mon téléphone sur le lit. Je me tourne vers Ye Won pour venir me glisser entre ses bras. « Je suis fatigué… je veux dormir encore. » et je pose ma tête sur son ventre, pour m’installer confortablement contre elle. Je m’en fous qu’on doive y aller… j’ai pas envie… mais vraiment. Et je ne sais pas trop pourquoi. Peut-être parce-que j’ai peur au fond… et cette idée m’angoisse. Le fait de partir d’ici, de retourner à la réalité. Sur cette pensée, je la serre un peu plus… je ne veux pas que tout se termine. On était bien tous les deux, on était… dans notre petit monde… mais tandis que je me perds déjà dans ces craintes, mon téléphone se met à vibrer. Je me redresse assez pour le récupérer et y voir le prénom de Kitae. A croire qu’il me connait par cœur et sait que je ne suis pas encore levé. Nouveau soupir je m’assois dans le lit, les yeux rivés sur l’écran. « Bon… je crois qu’on n’a pas le choix hein. » je relève à peine le visage vers elle, lui adresse un petit sourire au coin. Le cœur lourd, je me sens un peu nerveux tout à coup. Et je m’en veux ! D’avoir cet esprit torturé, de retrouver ces mauvaises habitudes. Celles de penser dès mon réveil. De refaire l’histoire, de rejouer toutes les scènes dans ma tête… je pensais pouvoir rester dans cette euphorie, mais ce n’était que de courte durée. Je déglutis, me lève et récupère déjà des vêtements propre dans mon sac. Alors que j’enfile mes affaires, je lui jette un regard… sans oser vraiment parler. Est-ce que c’est possible ? De passer d’une ambiance à une autre ? C’est peut-être moi qui me braque. Et je sais que j’ai surement une part de responsabilité. Parce-que j’ai peur de sortir d’ici. De ne pas pouvoir profiter encore. Est-ce que c’était juste un moment volé ? Me tournant vers elle, je la regarde quelques secondes… « Ye Won… je… » Je n’y arrive pas… est-ce que toi aussi tu penses à cet instant ? Est-ce que toi aussi tu as peur ? Merde je repars dans mes mauvais travers. Et je fais encore les mauvais choix… Passant rapidement mon sweat, je passe vulgairement une main dans mes cheveux avant de faire le tour du lit et venir la retrouver. « Qu’est-ce qu’on fait ? » je ne sais pas pourquoi j’ai posé cette question. C’est sorti tout seul. Mais mon regard est inquiet. Que fait-on… de nous… de cette nuit. D’aujourd’hui… qu’est-ce qu’on décide ? Et j’ai si peur brusquement, que je la prends dans mes bras pour venir la faire basculer sur le lit. Je sais que je suis fou, mais j’ai besoin de retrouver cette tendresse. « J’ai pas envie d’y aller. » Et j’ai beau avoir un sourire amusé, en vérité je cache cette crainte qui grandit en moi. J’ai envie de croire qu’on peut encore en profiter. Qu’on peut être tous les deux… à croire que si on franchit cette porte on ne sera à nouveau que… des exs. Et je ne sais pas… et j’ai si peur qu’elle lise en moi, alors j’enfouis mon visage dans son cou, pour me cacher et surtout me rassurer. 

Ce réveil qui sonne une seconde fois, la sort finalement de la douceur qu’elle tente d’apporter à ce réveil. Ca ne l’empêche pas pour autant de rester collée à lui, de garder ce sourire sur ses traits. Un léger rire s’échappe d’entre ses lèvres en l’entendant, en le sentant rester tout contre elle, et elle s’y perd. D’un simple regard, elle exprime à sa façon à quel point elle aussi, n’a pas envie de bouger. Elle veut rester là, autant de temps qu’elle le pourra. Refuse quelque part de retourner à cette réalité, de peur que cette bulle n’éclate, et qu’à leur retour, tout ce qu’ils ont partagé ces dernières heures ne s’efface. « Salut… » Qu’elle murmure contre sa peau, ce sourire sur les lèvres. Des appréhensions qui viennent à elle malgré tout, malgré ces instants qu’elle a pu partager avec lui. Des doutes qui se dissipent dans ce baiser qu’il lui offre, mais dont elle n’arrive pas à se défaire totalement. Elle est effrayée à l’idée que tout s’effondre au moment même où ils seront rentrés. Que ce rêve ne reste que ce qu’il est, et que tout disparaisse une fois que le quotidien reprendra place de lui-même. Elle glisse sa main dans ses cheveux lorsqu’il retrouve ses bras, dépose un baiser sur son front avec délicatesse. Des questions auxquelles elle essaie de ne pas penser, pour faire perdurer un peu plus cet instant paisible. « Tu vas voir qu’ils vont tous dormir dans la voiture. » Une pointe d’amusement dans la voix, pour cacher ces mauvaises idées qui la submergent déjà. Que seront-ils, lorsqu’ils retourneront au dortoir ? A leur vie étudiante ? Et si cette nuit n’avait été faite que pour lui rappeler à quel point il lui manque, il est capable de la rendre heureuse ? Elle n’est pas sûre de pouvoir supporter la chute, d’être capable d’encaisser un tel choc. Alors elle se rattache à lui, l’observe se lever, s’habiller. Elle se décide à faire de même, enfile des sous-vêtements et un large pull en laine. Son regard se remplit d’inquiétude à entendre son prénom. Elle ne sait pas vraiment comment se rassurer elle-même, ni même comment elle pourrait l’aider alors qu’ils semblent tous les deux perdus. Et elle a le coeur qui se serre, à le voir ainsi. Ses lèvres se pincent lorsqu’il vient la retrouver, elle n’ose pas vraiment parler. Elle se laisse retomber sur le lit, enroule rapidement ses bras autour de lui. Elle veut déjà retrouver le confort de cette bulle qui s’était créée entre eux. Rester dans cette sphère remplie de tendresse et d’amour, qui lui a tant fait défaut ces derniers temps. Pendant un instant, elle n’ose pas bouger, enfouit simplement sa tête dans son cou pour profiter de son parfum, sa présence. Un autre baiser qu’elle dépose sur sa joue, avant de se redresser. « Je sais… » souffle-t-elle à son égard, un sourire malicieux qu’elle ose lui adresser. D’un geste rapide, elle attrape le téléphone posé sur la commode, compose le numéro de l’accueil. Elle garde Il Kyang contre elle, ses yeux ancrés dans les siens, souriante une fois de plus. « Oui bonjour, Kim Ye Won, chambre 625. J’aimerais prolonger ma réservation d’une nuit s’il vous plaît. Et j’aimerais que le petit-déjeuner soit apporté dans ma chambre ce matin. Vous n’avez qu’à tout mettre sur ma note, merci. » A peine raccroche-t-elle, qu’elle se glisse de nouveau dans le lit, posant sa tête sur l'oreiller, l’attirant à elle. La pulpe de ses doigts vient lentement glisser sur sa tempe, continue son trajet sur sa joue, jusque dans son cou. Quelques secondes à rester silencieuse, avant d’oser lui poser cette question qui brûle ses lèvres. « Alors... Tu veux rester avec moi ? » Son coeur bat à tout rompre dans sa poitrine. Elle sait, qu’il pourrait refuser, qu’il serait bien plus raisonnable de partir d’ici, et rentrer avec les autres. Mais elle n’en a pas envie. Elle veut pouvoir rester avec lui plus longtemps. Avoir le plaisir de savourer ces retrouvailles au moins quelques heures de plus. Et dans le fond, elle espère qu’il en soit de même pour lui. Qu’il accepte cette folie de plus qu’elle souhaiterait vivre avec lui.