J’ai peur de sombrer, peur que cet instant volé ne me fracasse un peu plus. Cette fois je ne pourrais plus me relever. Je le sais, c’est trop bon, trop précieux… ce qu’on a partagé c’était un avant-gout de ce qu’on pourrait être. Je e veux pas me dire « ça aurait pu »… je veux que ça soit Ye Won. Mais j’ai peur… si peur que la réalité nous rattrape. Qu’on se rende compte que cette nuit était une folie. Qu’on aurait jamais dut. J’ai peur qu’elle me fuit aussi. Qu’elle ouvre les yeux sur ce que je suis… et qu’elle s’en aille. Je pensais pouvoir rester dans l’ignorance mais la vraie vie me rattrape. Je reste dans ses bras, m’accroche à elle en espérant que le temps s’arrête. Mais en relevant les yeux je ne m’attendais pas à ce qu’elle décide pour nous deux. Mon regard ancré dans le sien, je souris… lui dit presque merci d’avoir ce courage que je n’avais pas… Bon sang ! Je l’aime tellement. Mon cœur se gonfle, ma tête déraille déjà alors que je me penche vers elle « Ouais… » Et ma voix se meurt dans un baiser que je lui donne. J’encercle son visage de mes mains, pour un échange plus amoureux que jamais. Putain ! Je suis si bien. Je sais qu’on ne devrait pas. Que c’est surement déraisonné. Mais j’en crève d’envie. De rester avec elle. De ne plus sortir d’ici. « Juste toi et moi. » que je lui souffle en croisant son regard. Je me sens emplie d’une nouvelle sensation. Encore plus grisante. Comme un ado amoureux, qui ferait ses premières bêtises. Et ça me fait sourire, assez pour venir y croire. « Est-ce qu’on les prévient ? » je grimace déjà à cette question, lorgne sur ses lèvres parfaites… « Non, on s’en fout. » je réponds pour nous. Lui vole un nouveau baiser, plus passionné cette fois. Dieu que je l’aime ! A en perdre la raison. Et je ne sais plus vraiment où je suis. Je passe d’une humeur à l’autre. Bascule dans un fossé bien trop profond pour moi. Mais c’est exaltant ! Et quand je m ‘éloigne « ça commence déjà… » Cette insolence qu’elle a de me faire croire que tout est possible. Que la vie peut être aussi simple que ça. J’en avais tellement besoin. Si elle savait, tout le bien que ça me fait. Cette sensation naissante au creux de mon ventre… et parce qu’elle me rend fou, j’attrape son visage et lui donne un bref baiser, un peu brusque. Mais c’est à la hauteur de ce que je ressens. Je me redresse, regarde autour de nous et attrape son téléphone. « Ça on l’éteint. Et le mien aussi. » Avec cette nouvelle fougue, je prends nos appareils. Rien ni personne ne pourra me rappeler trop vite à cette réalité. Les posant sur la table de nuit, je me laisse retomber sur le lit, amusé. « Maintenant, c’est mieux. On reste enfermé toute la journée. Rien que tous les deux. » Et sur ces mots, je laisse mes doigts venir caresser ses jambes… est- ce que être tous les deux ça signifie beaucoup ? Ou est-ce encore une parenthèse qu’on tente juste d’agrandir un peu… je suis un peu effrayé à l’idée d’en parler… mais est-ce qu’on pourra passer toute ces journées en faisant comme si de rien n’était ? Je ne crois pas… il va bien falloir que je trouve le courage de lui demander… ce que tout ça peut signifier pour nous… M’approchant à nouveau d’elle, je relève le visage pour la regarder. Frôlant son nez avec le mien « Tu… changeras pas d’avis ? » pour rester avec moi aujourd’hui. Pour ne pas rentrer… et peut-être encore bien des choses que je n’ose pas demander.

Elle prend des risques, elle le sait. Mais ça ne l’empêche pas de plonger, de croire que tout ça signifie bien plus qu’une nuit au hasard, une folie à laquelle ils se livrent, mais qui doit prendre fin. Elle veut pouvoir se dire que ça continuera, même lorsqu’ils rentreront, même lorsqu’ils retourneront à leurs vies. Elle veut imaginer que désormais, il sera à nouveau dans son quotidien. Qu’il saura l’aimer même en dehors de cette chambre d’hôtel. Et elle sombre un peu plus dans ces idées en entendant sa réponse, en sentant ce baiser passionné qu’il lui offre. Elle en perd son souffle, ses mains posées sur les siennes, ce sourire si sincère sur son visage. « Juste toi et moi… » qu’elle répète dans un murmure. Sa façon à elle se s’accrocher à l’idée que tout est vrai, entre eux, dans cette pièce. Que c’est bien plus qu’un simple rêve. Qu’une parenthèse qu’ils s’offrent dans cette guerre qui n’a plus aucun sens après ce qu’ils ont partagé. Une folie de plus dans laquelle elle plonge les yeux fermés, elle s’amuse de sa réaction. Surprise et pourtant si apaisée, elle rit, le laisse faire, éteindre leurs téléphones pour être sûrs de ne plus être dérangés. Qu’ils puissent simplement se concentrer sur eux, rien de plus. Et lorsqu’il retrouve sa place dans le lit, elle se tourne déjà vers lui, son regard inlassablement posé sur lui. « Rien que tous les deux… J’aime beaucoup cette idée. » qu’elle lance, enjouée, prête à succomber une fois de plus face à lui. Tout paraît tellement plus simple aujourd’hui, au point qu’elle se demande s’il en sera ainsi lors des prochains jours, des prochaines semaines. « Seulement si tu ne changes pas d’avis. » murmure-t-elle le souffle court, avant de lui voler un baiser à son tour. Elle ne sait pas, ce que tout ça signifiera demain, n’ose pas vraiment poser la question. Parce qu’elle a bien trop peur de ce qu’elle pourrait entendre, et préférerait se baigner dans cette douce illusion qui réchauffe son coeur. La peur omniprésente de tomber de haut, finalement. Trop haut pour cette fois avoir la force nécessaire de se relever. Alors elle ne dit rien de plus, presse davantage son corps contre le sien, alors qu’une voix vient déjà perturber leur tranquillité. « Ye Won ! Qu’est-ce que tu fous ?! » Les bruits d’un poing qui s’écrase sur la porte, et le ton grave de son ami la ferait presque sursauter, mais elle se contente seulement de sourire. Son index se posant sur sa bouche, elle laisse échapper un rire silencieux avant d’enfouir sa tête dans son cou. Amusée par la situation, elle ne veut pas pour autant aller ouvrir la porte, au contraire. Elle veut simplement qu’on la laisse tranquille, seule avec Il Kyang. « Va pas me dire que t’es encore en train de dormir, on t’attend ! Ye Won ?! » Mais elle ne veut toujours pas répondre, reste simplement collée à Il Kyang, espérant au fond d’elle qu’il s’en aille rapidement. Même si elle sait que c’est peine perdue, connaissant son meilleur ami. « Il va me tuer. » s’amuse-t-elle à souffler à son oreille, un sourire dans la voix. Elle sait qu’il lui en voudra, et qu’elle devra prendre le temps de lui expliquer, ce qu’il se passe exactement. Mais elle n’a pas envie de le faire maintenant. Refuse de briser ce cocon dans lequel ils se trouvent. Elle ne saurait pas quoi lui dire de toute façon. Alors ça pourra bien attendre, qu’elle se dit. Et elle se cantonne à cette idée, ses mains resserrant le tissus du sweat d’Il Kyang. « Ye Won ! On t’attend ! » Elle en rit une fois de plus, tente malgré tout d’être discrète, même si ça devient compliqué.

J’ai peur que tout s’effrite… qu’une seule parole puisse tout briser. Pourtant, je n’ai pas la sensation de devoir faire attention. Ou bien même prendre des précautions. Je suis juste bien avec elle, et j’ai cette crainte qui parfois me rappelle à l’ordre. Mais sa réponse me convient, tout comme ce baiser qu’elle me donne. Je m’y perds déjà, embrasse ses lèvres avec envie. Nouvelle vague d’émotion qui me prend, alors que je pourrais rester ainsi des heures si mon apnée me le permettait. Je souris, avant de brusquement entendre quelqu’un frapper à la porte. Je reconnais aussi vite la voix de Min, avant de me tendre un peu surprit. Il a l’air impatient, je ne sais pas si les autres sont avec lui. Kitae doit surement être en train de m’appeler. Je grimace, mais bien vite je me mets à rire en voyant Ye Won s’en fiche complètement. Alors rien ne pourra vraiment nous perturber ? Je trouve ça amusant et chuchote « Il me tuera d’abord je crois. » je préfère rire de nos disputes. De cette animosité entre nous. Je tente d’être discret aussi, mais la situation me fait rire. Je pouffe un peu plus, en l’entendant insister autant. Je lâche un ricanement plus fort, met ma main devant ma bouche et jette un coup d’œil en direction de la porte. « On pourrait juste leur envoyer un message… pour nous laisser tranquille. » je réfléchis à voix haute, tourne mon visage vers elle… mais ma réflexion ne reste pas longtemps dans mon esprit. A croire qu’un simple regard me suffit à me faire oublier que derrière cette porte la vraie vie nous attend. « Non, ça serait risqué… ils vont nous poser un tas de questions… » Et je parle toujours plus bas, murmure presque alors que mes lèvres s’approchent à nouveau des siennes. « Min dira que c’est pas bien… » Je dépose un baiser sur sa bouche « Que tu dois t’éloigner de moi… » Et encore un autre, malicieux, je m’amuse de la situation, encore plus quand je l’entends à nouveau frapper derrière la porte… « Si il la défonce, je m’en voudrais qu’il nous trouve là… » Ensembles, dans le même lit et en train de nous embrasser. Et dans ce baiser, je souris davantage, insolent presque. Mais j’envoie clairement chier Min et ses conseils. Au final, il avait tort sous toute la ligne… je ne joue pas. Ce que je ressens pour Ye Won n’a rien d’un jeu. C’est réel et franc. Et ça me fait rire, de l’imaginer derrière dans ce couloir. Et je ris encore, en venant la faire basculer sur moi et perdre ma main dans ses cheveux. Je reste à l’embrasser, profiter de sa chaleur. Min frappe encore, la prévient qu’ils vont l’attendre en bas… mais je sais qu’ils pourront attendre longtemps. Je soupir contre sa bouche. Je me laisse porter par cette nouvelle envie. Comme un ado qui redécouvre tout, une nouvelle relation, une proximité interdite… Mes mains se perdent sur elle, s’amusent à redessiner ses courbes alors que j’imagine déjà à nouveau la posséder… mais c’est sans compter sur des nouveaux coups sur la porte. Au début je veux les ignorer en pensant qu’il s’agit encore de Min. Je râle même contre sa bouche, cette fois mécontent. On frappe encore, mais cette fois une voix s’élève de derrière « Room service. » me stoppant dans mon geste je la regarde, presque déçu mais à la fois en riant. Me redressant « J’y vais. » je lui souris, essuies mes lèvres rougies avant d’ouvrir la porte et voir un homme. « Bonjour monsieur. C’est votre petit déjeuner. » Enjoué, je le laisse entrer, il remarque Ye Won, lui dit quelques formalités, alors que je me décide à tirer les rideaux. Et effectivement le temps est magnifique, il fait vraiment jour et assez chaud pour que j’ouvre la fenêtre. Un peu aveuglé par la lumière je grimace avant d’observer l’homme nous servir nos cafés. Je n’ai pas l’habitude d’un tel luxe, mais comme je n’ai pas envie qu’il reste trop longtemps « Merci. On fera le reste. » Je n’ai pas besoin d’aide pour verser mon lait. Alors je lui indique la sortie, et me presse à nouveau vers Ye Won. « Cette fois je compte bien en profiter. » je repensais surement au dernier petit déj que nous avions eu dans cet hôtel… devant nous une tonne de choses, céréales, confitures, croissants et autre banalités coréennes. Mais j’optais déjà pour une viennoiserie. « Je meurs de faim. » me laissant tomber sur le lit, je la regarde amusé. 

Elle ne s’attendait pas à entendre Min Young frapper à la porte, encore moins s’impatienter pour qu’elle les retrouve, et rentre avec eux. Mais elle s’en amuse. Elle se sent légère aujourd’hui Ye Won. Pleine d’envies et d’espoirs. A l’opposé de ce qu’elle était la veille. Elle retrouve peu à peu cette lumière qui a longtemps guidé son chemin. Et ça a beau être perturbant, elle veut en profiter autant que possible. Se laisser bercer par ces nouveaux sentiments qui la gagnent. Qu’ils restent ancrés en elle le plus longtemps possible. Tout semble plus facile ici, même de l’aimer. Elle en oublie les disputes du passé, même si dans le fond, elle sait qu’elles resteront marquées en elle. Mais dans ses bras aujourd’hui, rien ne compte à part le regard qu’il pose sur elle, la façon qu’il a de la faire rire. De lui dire, lui montrer même, qu’il l’aime. Et tout est plus intense à son cœur depuis qu’il a osé lui dire, lui répéter plusieurs fois en quelques heures à peine. Elle en devient de moins en moins discrète, ferme les yeux en posant sa main sur sa bouche pour contenir ces éclats de vie. Le regard rempli d’amusement, elle se retourne vers lui, savoure le contact de ses lèvres sur les siennes. Elle a le sentiment qu’elle ne s’est jamais sentie aussi bien de sa vie, même lorsque son meilleur ami tente de la sortir de cette réalité qui s’offre à elle. Pour la première fois depuis qu’elle le connaît, elle l’ignore totalement, se concentre uniquement sur Il Kyang. Basculant sur lui, elle s’installe à califourchon, pose ses mains sur ses joues. Un contact qui continue de l’électriser, qui fait battre son coeur un peu plus vite dans sa poitrine. « Au moins, il pourra voir à quel point je t’aime. » qu’elle souffle tout contre ses lèvres, avant de l’embrasser, comme si tout lui était autorisé aujourd’hui. Et elle se laisse aller, une fois de plus. Aujourd’hui, elle est uniquement sienne, et rien ni personne ne pourra la faire changer d’avis. Elle s’autorise tout ce qu’elle s’est refusé pendant trop longtemps, et profite autant que possible de ce qu’on lui offre. Dans ces baisers, même la voix de Min ne parvient plus à ses oreilles, alors qu’elle reste obnubilée par celui qui lui fait face, qui laisse ce sourire s’ancrer sur ses lèvres. Ce n’est que lorsque le room service toque à son tour, qu’elle laisse échapper un râle. Retrouvant sa place dans le lit, elle passe une main dans ses cheveux, observe Il Kyang récupérer le petit déjeuner, puis ouvrir le rideau. Obligée de fermer les yeux un instant, aveuglée par la lumière, elle ne calcule pas l’employé qui quitte la pièce. Lorsqu’il se réinstalle à ses côtés, elle glisse sa main sur sa cuisse, lui offre un sourire. Même du lit, la vue sur la mer est magnifique, la transporte un peu plus dans ce rêve qu’elle est en train de vivre. « Ca me donne faim aussi. » qu’elle lance, avant d’attraper une tasse de café, commençant déjà à boire. Elle hésite un instant, avant de se décider, et choisir des tartines qu’elle prépare rapidement. Celles-ci prêtes, elle se tourne vers Il Kyang, un sourire sur le visage. Sans un mot, elle l’invite à croquer dans la tartine, avant de se mettre à manger. Elle reprend un peu d’appétit, elle qui ne mange rien depuis des semaines, et s’en surprend elle-même. Pourtant, elle sait qu’elle en a besoin, que ça ne lui ferait pas de mal de se nourrir un peu plus, un peu mieux aussi. Et pour aujourd’hui, elle se laisse aller, prête à goûter tout ce qu’il se trouve devant eux s’il le faut.

Assit face à elle, je me laisse faire, la regarde sans me soucier du reste. J’ai l’impression qu’ici personne ne peut vraiment nous atteindre. Ce monde est à nous, cette chambre nous protège…. A croire que plus jamais on ne pourrait franchir le pas de la porte. Et je goûte à ce bonheur si simple, croque dans cette tartine avant de lui sourire. Je crois que rien n’y personne ne pourra ébranler cette sensation. A part peut-être moi-même. Et tandis que je l’observe, le cœur encore battant, je prends conscience de la fragilité de cet instant. Que finalement je pourrais tout gâcher… je pourrais faire le mal, me souvenir de ces choses qui nous ont blessées. Mais je sais aussi que si elle le voulait, c’est elle qui pourrait me briser le cœur… ici… tout de suite et maintenant. Il suffirait d’un geste, d’un mot pour venir tout détruire. Alors soudainement cette peur monte en moi, cette angoisse s’immisce au creux de ma gorge. Je détourne les yeux, attrape mon café et en boit une longue gorgée. J’aimerais pouvoir me débarrasser de cette sensation. Oublier tout ce qui a pu arriver… mais en reposant ma tasse, je me sens plus fragile que jamais. J’inspire doucement, attrape ses doigts pour venir jouer avec. Je suis nerveux tout à coup. Je savais que ce moment finirait par arriver… je l’avais retardé. Que cette vérité finirait par devoir être posée. La regardant, j’esquisse un sourire. Un peu embêté, sans oser lui dire quoique ce soit. Dans ma tête tout va à une allure folle. Je repense à nous, à notre passé. A ce futur qui pourrait exister. Et cette peur grandit davantage, elle me ronge au point que je ne sais plus. Nous nous sommes dit des choses hier soir, encore ce matin Ye Won me l’a répété… mais qu’est-ce que ça signifie au fond ? Un vrai départ ou simplement quelque chose, un vieux souvenir pour se rappeler… Je déglutis, pose ma viennoiserie sans avoir vraiment faim tout à coup. Le regard baissé sur ses doigts fins « Dis… Ye Won… » je suis mort de trouille. J’ai peur qu’elle me fasse du mal. Que ses mots se perdent une nouvelle fois. J’ai peur d’elle, tout comme j’ai peur de moi. J’angoisse à l’idée de ne pas savoir faire. Et si je disais quelque chose qui la braque ? « Je… » je suis nerveux oui, et en relevant les yeux vers elle, je me sens perdu. « Je sais pas vraiment ce qu’on est en train de faire. » c’est sorti plus vite que je ne l’aurais cru. Un peu trop brute aussi. Et je m’en veux de le dire comme ça. Je ne veux pas qu’elle pense que je fais n’importe quoi. Non… c’est différent. « Enfin… je ne sais pas ce que ça représente pour toi. » parce-que moi Ye Won, je suis sincère. Et je ne doute pas vraiment d’elle… je doute surtout de nous. D’un futur possible, car on s’est trop détruit. « J’ai été sincère… dans mes sentiments… pour ce que je ressens… mais… » Il y a tout le reste pas vrai ? Ce passé en commun. Ces blessures trop profondes. Comment peut-on les oublier ? Ou juste les mettre de côté ? Je grimace, le cœur lourd à ces pensées sombres. Sa main dans la mienne « Est-ce que ça te suffit ? » pour toi… dis-moi Ye Won. Est-ce que juste te dire je t’aime, suffit à te faire oublier tout le reste ? Juste être là avec toi, est-ce que tu pourras un jour me pardonner ? Parce-que j’ai peur. Peur qu’en réalité, il y ait toujours cette blessure. Que quoiqu’on fasse il lui soit impossible de passer outre. Qu’elle me le rappelle à longueur de temps. Qu’elle décide un jour de me le faire payer.  Et je soupire doucement derrière mes lèvres « J’ai peur que le quotidien… nous rattrape. » qu’aller à l’université soit destructeur, que de revoir ces gens qui ont fait partie de nos vies nous rappelle qu’on fait une bêtise. Je ne sais pas… peut-être que ce week-end n’étais qu’un doux rêve.

Elle se sent bien, à cet instant. Met de côté ce passé qui les a tant détruits. Et même si certaines appréhensions restent là, quant à ce qu’il se passera demain, elle chasse ses idées pour se concentrer uniquement sur le moment présent. Elle déguste ce petit déjeuner, apprécie la vue qui s’offre à eux. Si tous ces matins pouvaient être aussi doux, elle l’accepterait sans hésiter, alors qu’elle a encore ce sourire qui traîne sur ses lèvres. Mais celui-ci s’estompe peu à peu, alors qu’elle peut le voir hésitant, jouant avec sa main. Elle se mord l’intérieur de la joue, se demande ce qui lui passe par l’esprit. Elle sait pourtant, qu’ils devront bien parler de tout ça, qu’il faudra poser des mots exacts sur ce qu’il se passe, et se décider sur ce qu’ils veulent avant de devoir retourner à la réalité. Et même si elle a peur de cet instant, elle sait surtout qu’il faudra y passer. Alors, elle prend une grande inspiration, ses sourcils qui se froncent un instant. Ses lèvres qui se pincent, elle ne peut s’empêcher de détourner son regard un instant. Même si elle sait ce qu’elle veut lui dire, elle hésite un instant. Peut-être se rend-t-il déjà compte qu’il fait une erreur, qu’elle devrait l’accepter. Que ce qu’il se passe est une simple folie, le temps d’un week end, mais que ça ne résoudra pas tout. C’est pourtant si différent à ses yeux… « Il Kyang… Je … » Une incertitude dans le regard, face à ce qu’il pourrait répondre. Elle se doit malgré tout de lui dire ce qu’elle a sur le coeur. « Je sais qu’on effacera pas ce qu’il s’est passé mais… » Elle grimace, au simple fait d’évoquer ces souvenirs douloureux. Parce qu’elle les a mis de côté, pendant ces heures avec lui. Bercée dans la tendresse et l’amour qu’il lui porte, elle omet ce passé qui les a détruits, pour se rendre compte plus encore qu’il n’y a que lui qui est capable de le faire. « Il Kyang… C’est avec toi que j’ai envie d’être… » un murmure, alors qu’elle relève son regard vers lui. A son tour, elle joue nerveusement avec sa main, s’y accroche quelque part, comme s’il allait partir dans les minutes qui suivent. « Ca a toujours été toi… » qu’elle ajoute dans un soupire. Même lorsqu’il a disparu, plus encore lorsqu’il est revenu. Il n’y a toujours eu que lui dans son coeur, quoi qu’elle fasse pour tenter de l’oublier. Même après ces disputes, ces déchirements, à chaque fois qu’elle se retrouve près de lui, elle vacille, faiblit. Parce qu’elle sait, qu’il n’y a que lui qui pourra lui redonner espoir. Il n’y a que lui qui arrive à faire taire toute cette souffrance dans son coeur. « Je dis pas que ça sera facile, qu’on oubliera tout aussi facilement mais … Il Kyang… » Bien malgré elle, sa gorge se noue, ses yeux s’humidifient lentement. La peur de le voir s’enfuir, la laisser seule dans cette pièce. Ne vois-tu pas à quel point ta simple présence me soulage de ces maux ? Des mots qui n’arrivent pas à franchir la barrière de sa bouche. Elle déglutit, ne sait finalement plus ou se mettre. Elle finit par lâcher sa main, tourne sa tête un instant pour prendre une grande inspiration. Une façon d’amasser un peu de courage avant d’ancrer à nouveau son regard dans le sien. « Je t’aime Il Kyang… Ca changera jamais. Et si tu penses qu’on fait un erreur en voulant croire qu’on peut se retrouver, dis-le moi maintenant. S’il te plait… » Parce qu’elle ne l’encaissera pas. Elle ne supportera pas de le voir partir, elle n’a aucun doute là dessus. Pas après cette nuit, cette euphorie partagée. « Parce que moi j’ai … j’ai vraiment envie d’y croire… » Elle baisse la tête, cette appréhension qui grandit au fond d’elle. Elle fixe ses mains, triture ses doigts, l’impression funeste d’attendre sa sentence. Pour avoir cru à l’impossible, peut-être. Pour avoir voulu imaginer qu’il puisse réellement la rendre heureuse, le temps de quelques heures. Pour avoir goûté au bonheur de l’avoir prêt d’elle et de le retrouver. Son visage qu’elle frotte de ses mains, ses lèvres qu’elle mordille, elle n’ose plus le regarder. Peur d’y voir le pire dans son regard. « Je suis prête à prendre le risque, mais pas si tu ne le veux pas… »

Et si le doute venait à arriver dans son regard… et si elle n’était pas sûre de la même chose que moi. Si finalement elle faisait marche arrière ? J’ai peur qu’elle se décide à regarder cette vérité. Qu’elle se rende compte que tout ça n’est qu’une bêtise de plus. Je suis effrayé, encore plus lorsque je la vois détourner le regard. Devenir nerveuse à son tour… si je prenais cet air là c’était pour me protéger. Me dire que peut-être au fond je ne devais pas m’emballer. Mais si ça venait d’elle… je n’étais pas sûr d’assumer finalement. Mon souffle se coupe, j’ai presque envie de l’interrompe. Attends Ye Won… je ne suis pas sûr que ça soi une bonne idée. Tu pourrais continuer à me mentir. A faire semblant que tu m’aimes encore... je suis prêt à souffrir, mais plus tard. Pas maintenant… seulement c’est trop tard. Et je reste en suspens guette ses réactions, ses expressions qui me mettent mal à l’aise. Cette grimace sur son visage… J’ai peut-être eu tort d’y croire bon sang… bien sûr qu’elle ne voulait pas de moi. Pas après tout ce que j’ai fait. Et je détourne les yeux, baisse le regard déjà sur nos mains… un tas de questions qui tournent dans ma tête. Je cherche peut-être même un moyen de fuir… mais en entendant ses mots je change d’avis. Croise son regard et me sens presque rassuré. Parce-que il y a tout le reste, le doute qui s’immisce à nouveau en elle. Peut-être craint-elle mes réponses. Ce que je veux vraiment. Je la laisse parler, mais je sais déjà ce que je veux. Moi aussi je veux être avec elle. Seulement ça ne fait pas tout. Et c’est cette part d’ombre qui me fait peur. Les autres, le quotidien… « Non ! Je veux être avec toi Ye Won. » Plus que ma propre existence. Je t’aime plus que n’importe qui et je ne sais même pas comment l’exprimer. Parce-que c’est trop fort, plus puissant que moi encore. Trop grand pour le contenir et savoir le dire. Je m’approche d’elle, serre à nouveau sa main dans la mienne. « Je veux… j’aimerais que cette fois, ça soit la bonne. » j’ai vraiment envie Ye Won. Je voudrais qu’on puisse enfin former ce nous que j’attendais. « Mais… j’ai peur… de tout le reste… » Et si notre passé nous rattrapait. Est-ce qu’elle le supporterait ? « Je ne pense pas qu’on fasse une erreur… mais les autres le penseront. » et je sais à quel point ils auront raison. « Ils me détestent tous… et si ils te persuadaient que je ne suis pas bon pour toi ? » est-ce que tu pourrais les écouter Ye Won ? Est-ce que tu pourrais croire à leurs conseils ? Et je sais qu’ils seraient là pour toi. Qu’ils voudront tous te protéger de moi. Et je ne pourrais jamais leur reprocher de faire ce que je ce que je n’ai pas su faire. Je m’approche un peu plus, inspire doucement avant de chercher son regard « J’ai conscience que je suis égoïste… » une fois de plus je ne vais penser qu’à moi Et je ne sais pas si c’est bien. Si je fais le bon choix. « Avec tout ce qui s’est passé… j’ai peur aussi de te blesser. » je n’ai plus confiance en moi Ye Won. Je ne sais pas si je suis à la hauteur de toi. Je t’aime oui, mais est-ce que ça suffira à te rendre heureuse ? « Je crève d’envie qu’on soit à nouveau ensembles… » Tu ne peux pas imaginer tout ce que ça me fait de te voir là. Juste à côté de moi, à te toucher, te regarder… avoir le droit de te dire ce que je ressens, sans m’en blâmer. « Je veux prendre le risque… mais je ne veux pas te faire du mal… ça je peux plus. » je ne pourrais pas le supporter. Je ne pense pas déjà au pire, mais je veux aussi la protéger de moi… de tout ce que j’ai déjà fait. Passant une main sur sa joue, je caresse sa peau lentement « Je veux apprendre à t’aimer comme il faut… je ne veux plus te blesser parce-que je ne sais pas gérer ces émotions… » J’ai beau me faire suivre, tenter de changer… j’ai peur que ces défauts soient difficiles au début. Je ne sais pas, je suis un peu perdu. Je sais juste que je veux être avec elle… Je laisse ma main retombée « Tu es prête à prendre le risque… est-ce que tu es prête à supporter mes défauts ? Je ne suis pas sortis d’affaire Ye Won… je me bats encore contre mes addictions… et je n’ai pas envie de t’imposer ça encore une fois. » J’ai beau essayé de me soigner, il me faudra du temps. Et je sais qu’aujourd’hui aucun de nous n’ai guérit de nos blessures… que nous sommes encore brisés… mais serait-elle prête à assumer ça ? « Moi je suis prêt pour toi. A tout supporter… mais tu as aussi tes problèmes. » Et je pense qu’en parler fait de nous des gens censés. On ne peut pas se mentir, se dire que tout va bien. Nous avons encore du chemin à parcourir…

Pendant un instant, elle n’est plus réellement sûre de ce qu’elle peut dire, ou faire, voire même penser. Elle doute, terrifiée par ce qu’il pourrait lui dire. Apeurée à l’idée qu’il s’en aille déjà, qu’il lui dise que tout ça n’était qu’une erreur, un jeu. Une folie qui n’avait pas lieu d’être. Qu’il n’y avait rien de réel, et qu’elle s’est encore bercée d’illusions. Une part d’elle ne peut pas y croire, pas après tout ce qu’ils se sont dit, pas après cette nuit entière dans ses bras. ‘Je veux être avec toi Ye Won.’ Elle répète ces mots dans son esprit, n’est pas encore certaine de pouvoir y croire. Parce qu’elle comprend aussi qu’il y a autre chose, d’autres craintes. Qu’elles risquent de tout briser encore une fois. Son regard perdu sur leurs mains entrelacées, elle déglutit, une moue sur ses lèvres. Elle contient ces quelques larmes déjà prêtes à couler, mais se retient autant qu’elle peut. « Je sais de quoi j’ai besoin… » souffle-t-elle, comme désemparée. Qu’importe l’avis des autres, elle saura s’y faire. Même si elle sait qu’ils ne comprendront pas tous, qui leur faudrait l’accepter. Mais elle est prête à le supporter, s’il est à ses côtés. Elle est prête à subir d’autres épreuves, si elle sait qu’il sera là. Parce qu’il lui donnera la force nécessaire pour avancer, elle en est persuadée. Mais comment lui dire ? Comment lui faire comprendre ? Elle n’en a aucune idée, l’écoute simplement. Attentive, craintive, elle finit par relever son regard vers lui, plonge ses yeux dans les siens. Peut-il voir à quel point elle l’aime, à quel point elle a besoin de lui ? Dans sa vie, son quotidien. A chaque instant, pour enfin sentir qu’elle pourra aller mieux. Que tout finira par s’arranger, même si ça prendra du temps. « Tu m’imposes rien. C’est moi qui fait ce choix. » Celui de l’aimer, au grand jour, qu’importe les conséquences. Celui de l’épauler, quoi qu’il arrive. D’être présente pour lui tout autant qu’il le sera pour elle. Elle serait prête à prendre toutes ces peines en lui, les lui retirer, les supporter elle-même s’il le fallait. Si seulement ça lui permet de vivre un peu plus longtemps à ses côtés. D’écrire une nouvelle page à leur histoire, différente cette fois. Sa main libre glisse sur sa cuisse, un contact qu’elle se permet d’avoir, même si à cet instant, elle n’est plus sûre de rien. Son regard suit ses mouvements un instant, avant de relever une fois de plus la tête vers lui. « J’ai besoin de toi Il Kyang… Dans ma vie. Et je m’en fous de ce que pensent les autres. Je … C’est avec toi que je veux être, même avec tes défauts. » Je suis prête à tout supporter pour toi. Je déplacerais des montagnes si tu me le demandais. Je ferais n’importe quoi, si ça te permet de m’aimer encore un peu. Et ça peut paraître fou, insensé. Mais il n’y a rien de plus sincère. Sa voix se casse lentement, au fur et à mesure de ses mots. Elle a peur, terriblement peur. Que ça ne lui suffise pas. Qu’elle n’ai pas les bons mots pour le retenir cette fois, pour qu’il sache, qu’il comprenne, tout ce qu’elle ressent, tout ce qu’elle est prête à faire pour lui. « Je veux simplement qu’on arrête de se déchirer. C’est… c’est pas nous. » On est faits pour s’aimer. Une évidence à laquelle, pendant un temps, elle ne voulait plus s’accrocher. Mais elle lui revient en plein visage, en voyant de quoi ils sont capables lorsqu’ils laissent leurs réels sentiments prendre le pas sur le reste. Lorsqu’ils laissent leur amour éclore, leur montrer le chemin du bonheur. Et elle sait, que ça ne sera pas toujours facile, qu’il y aura sûrement d’autres moments de doute, de colère. Mais elle est prête à l’affronter, prête à sombrer dans cet amour. Parce qu’elle sait qu’en fin de compte, il lui fera bien plus de bien que de mal, et c’est tout ce qui compte pour elle à cet instant. Être enfin capable de voir un avenir plus radieux se profiler à l’horizon. Avec lui. Comme si c’était écrit. Comme si le destin l’avait encore laissé sur sa route pour qu’elle puisse en prendre conscience, véritablement.

J’ai peur de moi, peur de ce que je pourrais faire contre elle. Contre nous aussi. Je n’ai plus envie de lui reprocher quoique ce soit. Avec le recule je sais que les erreurs venaient de moi. Je dois apprendre, canaliser ces émotions. Ce que je ressens… mais comment le faire bien ? Comment agir comme il faut pour elle. Et si je me trompais ? Et si elle souffrait encore à cause de moi ? Je ne pourrais plus me le pardonner. Je l’aime beaucoup trop pour ça. Je veux prendre soin d’elle. Pour la première fois depuis longtemps je sais où je veux aller. Mais le chemin me parait encore long et sinueux. Je n’ai pas envie de mentir, de croire que tout sera facile simple parce-que elle est là. Nous n’avons pas besoin de nous raconter des histoires. Nous avons trop de choses à régler… Et ses mots me rassurent, ses gestes, ses regards… je me sens apaisé. Peut-être capable de faire les choses bien pour une fois. Se rend-t-elle compte de ce qu’elle créé chez moi ? Cette force, cette lueur d’espoir à croire que je pourrais être celui qu’il lui faudrait vraiment. Et même si je ne suis pas courageux, j’ai envie de m’y accrocher. Quand elle le dit ça parait si facile. Mon cœur se gonfle, s’emballe à l’idée qu’on puisse former qu’un. Moi aussi je ne veux plus qu’on se déchire. Je ne veux plus qu’on souffre. Et sur ces paroles je viens instinctivement l’attirer à moi, la prendre dans mes bras. « Ye Won… je veux qu’on arrête aussi. » et je souffle. Prit d’une émotion nouvelle, j’ai à cœur de faire les choses bien cette fois. Je ne veux plus qu’on se détruise comme on l’a fait. La serrant contre mon torse, je perds une main dans ses cheveux bruns… inspire ce parfum si rassurant. « On y arrivera. » je veux y croire. Plus que jamais. Je ferais tout pour… je te le promets. Je t’aime, et cette fois ça sera différent. Je sais que je pourrais le faire. Me reculant juste un peu pour venir la regarder « Promets-moi qu’on ne laissera personne s’immiscer entre nous. » qu’importe qui ça sera. Je ne veux pas qu’on se dispute pour ces choses-là… baissant les yeux, j’hésite quelques secondes, me demande si c’est une bonne idée de parler d’elle… mais je dois le faire. Pour nous, pour moi aussi… « Même Sawan… » J’ai peur d’affronter son regard. Peur d’y lire cette rage en elle. Mais j’ose relever le visage, la regarder plein de sincérité.  « Ye Won… il n’y a que toi… s’il te plait… » Je sais que c’est un sujet compliqué. Qu’en réalité je n’aurais même pas dût en parler. Mais si je ne le faisais pas j’aurais l’impression de lui mentir. Je veux être transparent. « Je suis honnête avec toi… elle ne sortira pas de ma vie… » Et je regrette déjà de l’avoir dit. Mais je le dois à Sawan aussi. Pour tout ce que nous avons partagé. Je voudrais que Ye Won comprenne qu’il n’y a qu’elle. Que peu importe le lien qui m’unie à Sawan ça ne changera rien. Je tente de la rassurer… son visage entre mes mains « Regarde-moi Ye Won… je n’aime que toi. » et ça ne changera rien. Si je vois Sawan, si je passe du temps avec elle. Je ne la tromperais pas. Je n’ai pas envie de cette relation avec Sawan. Certes nous sommes d’anciens amants… mais je ne ferais pas cette erreur. Je ne gâcherais pas cette chance. « Laisse-moi le temps… de te prouver que tu peux me faire confiance. » aujourd’hui c’est différent. Elle sait tout de moi. Je n’ai plus de mensonges pour elle. J’assume mes actes, mes démons aussi… la drogue, Sawan, mon mal-être… les erreurs… je n’ai plus rien à lui cacher. Et je ne sais pas si ça lui suffira… laissant ma main retomber. J’ai conscience que tout ça n’arrivera pas demain. Qu’elle devra accepter l’idée et peut-être bien qu’elle ne l’acceptera jamais. Mais qu’importe ! Je veux être honnête. « Plus de secret entre nous… c’est tout ce que je veux. » et j’espère qu’elle le comprendra. Que pour moi c’est important. J’espère ne pas être maladroit, je ne suis pas doué pour ça. Alors je lâche un soupir, déjà contrarié d’avoir osé évoquer le sujet. Et si elle n’acceptait pas l’idée. Si pour elle j’allais trop loin.

Ca la rassure, de sentir ses bras autour d’elle. Ca lui fait du bien, la soulage surtout. Elle ne pense à rien d’autre que lui. Elle met de côté le passé, s’efforce déjà de ne plus y penser. Comme une mauvaise scène de film qu’on voudrait oublier à peine celle-ci terminée. Désormais, elle veut simplement se raccrocher à l’idée qu’ensemble, ils pourront avancer, qu’ils pourront enfin construire quelque chose de plus grand encore. Elle aime cette idée là, aimerait pouvoir s’y plonger, mais ce prénom qu’elle entend lui fait grincer des dents. Sawan. Cette jeune femme qui leur a causé tant de tords. Elle n’arrive pas à s’enlever de la tête qu’elle pourrait être néfaste pour lui, pour eux. Que sans elle, ils n’auraient pas eu à traverser toutes ces épreuves. Et malgré le réconfort qu’elle pouvait alors ressentir, elle se détache déjà de lui, déglutit. Il la gardera dans sa vie, et au fond d’elle, elle sait qu’elle ne pourra rien en dire. Pourtant, elle déteste cette idée qui l’effraie déjà. Elle détourne le regard, hésitante. Elle n’avait pas envie de repenser à tout ça, repenser à tout ce qui a pu se passer, en partie à cause d’elle aussi. « Est-ce que tu crois vraiment qu’elle s’immiscera plus entre nous ? » Elle en doute, après tout ce qu’elle a vu d’elle, elle a du mal à y croire. « Et si elle te force à nouveau à prendre de la drogue ? Et si elle continue au point que tu finisses encore dans un lit avec elle ? » Je ne le supporterais pas Il Kyang. Pas cette fois, pas encore. Pas après tout ce qu’il s’est passé. C’est plus fort qu’elle, ces questions qui prennent déjà place dans son esprit. Elles brûlent ses lèvres au point de les exprimer à voix haute, sans réellement réfléchir. Peut-être qu’elle ne devrait pas, qu’elle devrait simplement en rester là, et s’accrocher à ce qu’il dit. Mais ils ont traversé trop d’épreuves pour que Sawan ne reste qu’un prénom qu’on met de côté, qu’on oublie comme si de rien n’était. Elle n’y arriverait pas, ces images douloureuses qui finissent par revenir à son esprit. Elle pince ses lèvres, se redresse avant de soupirer, passer une main sur son visage. « Je lui fais pas confiance. » qu’elle ajoute, sans oser le regarder. Et elle n’y arrivera jamais, après avoir vu ce dont elle était capable. « Je suis prête à beaucoup de choses, mais je refuse de te voir replonger à cause d’elle. » Elle se sent vidée tout d’un coup, ne sait plus vraiment ou se mettre. Elle ne voulait pas repenser à tout ça, à tout ce qu’elle a subit, de loin, par les mauvais choix qu’il a fait avec Sawan. Elle reste pourtant calme, ne trouve pas l’énergie nécessaire de s’énerver encore une fois à cause d’elle. Elle en a bien trop bavé pour ça, elle sait que de toute façon, ça ne changera rien. Quoi qu’elle dise, elle n’est pas sûre de pouvoir réellement être capable de se rassurer à ce sujet. Qu’il soit possible qu’un jour, elle change d’avis à son sujet. La rancune est un bien vilain défaut, mais c’est tout ce qu’elle ressent à son égard. Jamais, elle ne lui pardonnera d’avoir autant fait replonger Il Kyang, après tout ce qu’elle s’était évertué à faire pour qu’il sorte de cette spirale infernale qu’est la drogue. Et ça paraît si ironique, en sachant qu’elle-même est tombée dedans. Mais elle a vu les ravages sur lui, elle l’a vu l’abandonner à cause de ça. Et finalement, elle a simplement peur que ça recommence. Qu’il ne replonge et qu’il ne l’abandonne que mieux encore, la prochaine fois.